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Chili : analyse du système éducatif, cible de la révolte des pingouins Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
07-06-2006

Deux causes de l’actuel conflit éducatif : municipalisation et subventions.

Dans les derniers jours, le système éducatif chilien s’est trouvé au centre de la contestation de milliers de lycéens qui veulent en finir avec ce qu’ils considèrent un modèle "de marché". Comment fonctionne ce système instauré à la fin de la dictature d’Augusto Pinochet ? Les politiques d’éducation des gouvernements de la Concertation, ont-ils minimisé ou ont-ils accentué les effets du modèle imposé au début des années quatre-vingts ? Pour Rodrigo Cornejo, chercheur de l’Observatoire des Politiques Éducatives de l’Université du Chili, plusieurs des actuels problèmes ont dans leur racine dans le processus de municipalisation du système éducatif, initié en 1980 et au travers duquel l’Etat national a délégué le contrôle et le financement des établissements scolaires aux municipalités. Le problème, comme l’a expliqué Cornejo à Página/12, c’est que ce processus "n’a pas été accompagné d’une délégation de ressources, ou de capacités techniques et de décision" pour prendre en charge une telle mission. "L’État national s’est simplement désintéressé", a assuré le chercheur.

Cette politique a été accompagnée par une loi de Financement, qui a introduit le système de subventions par élève, qui repose sur le prémisse que ce sont les parents qui doivent veiller au niveau de l’éducation de leurs enfants et peuvent choisir pour cela l’établissement qui présente le meilleur rendement. De cette façon, le système pousserait les lycées à une compétition pour acaparer la plus grande quantité d’élèves, en s’assurant ainsi une subvention plus importante. Le problème c’est que cela ne s’est pas produit. Comme l’a expliqué à Página/12 Carolina Velasco, économiste et experte en Politiques Publiques de l’Institut Liberté et Dévelloppement, la cause se trouve dans la "mauvaise gestion" des subventions publiques, qui sont consommés par exemple par des établissements avec un bas rendement scolaire. C’est en partie l’argument de l’opposition qui appelle à une réforme pour libéraliser le système, pour que le choix soit réellement entre les mains des parents et que ne soient pas financés des établissements "mauvais", qui "jamais ne ferment leurs portes".

Pour Cornejo, l’histoire a été autre. Avec le nouveau système implanté dans les années 80 et consolidé en 1990 avec la Loi Organique Constitutionnelle d’Enseignement (LOCE), il y a cinq type d’établissements, ce qui dès le départ dépareille la situation de compétition. En premier lieu, les lycées privés qui ne reçoivent pas de fonds publics. Autour de la moitié appartiennent à des institutions catholiques et c’est le refuge de l’élite chilienne. Le reste des lycées se divisent entre les subventionnés publics et privés. Tous ont ce qui s’appelle un "souteneur", figure chargée de recevoir l’argent public et de l’administrer comme bon lui semble.

Dans le cas des lycées subventionnés privés, comme leur nom l’indique, le "souteneur" est un entrepreneur ou une entreprise qui a, par loi, la possibilité de toucher un plus de la part de la famille et, en plus, si c’est un établissement catholique, il a la liberté de refuser un élève s’il n’appartient pas à cette religion. Dans le cas du lycée public subventionné, le souteneur est l’intendant de la municipalité et il ne possède aucune des deux prérogatives mentionnées ci-dessus. La conclusion est que ce dernier type de collèges, qui en plus ont peu de professeurs qualifiés et mal payés, sont ceux qui reçoivent tous les élèves qui ne peuvent pas accéder à d’autres établissements. Dans un fort pourcentage, il s’agit d’élèves avec des difficultés d’apprentissage ou provenant de secteurs pauvres, ce qui accentue la segmentation des lycéens selon leur condition sociale.

Les gouvernements de la Concertation ne se sont pas attaqués au problème à la racine. Leurs politiques en matière d’éducation se sont focalisées sur la recherche d’investissement pour les lycées les plus pauvres, une réforme des enseignements et la Loi de Journée Scolaire Complète (JEC) de Ricardo Lagos. Ces deux premières ont eu peu de succès pour transformer le mauvais état des lycées publics des zones les plus marginales ou avec plus fort absentéisme.

La JEC, en revanche, "a été bien mise en application dans quelques endroits et moins bien dans d’autres", selon Cornejo. Cependant, son abrogation est aujourd’hui une des principales demandes des lycéens. Cornejo et Velasco sont d’acord pour dire que les trois heures d’enseignement supplémentaires que la JEC a introduit n’ont pas provoqué d’améliorations dans le rendement académique des jeunes. En réalité, soutiennent-ils, "il se fait la même chose mais en plus de temps" et c’est la raison pour laquelle les lycéens demandent de revoir cette situation, réorganiser les activités et en inclure d’autres plus contiguës à leurs intérêts, comme sport, musique ou informatique.

Laura Carpineta, Pagina/12 (Argentine), 7 juin 2006
Traduction : Fab, Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir , http://amerikenlutte.free.fr

 
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