Après un mois de mobilisation et au lendemain de la plus grande manifestation depuis 30 ans (mardi dernier) et environ 800 arrestations, la grande majorité des lycéens ont occupé leurs établissements, en y réalisant des assemblées.

La moitié des lycées sont occupés. Ils sont parvenus à installer le débat sur la réforme de l’éducation alors qu’elle n’était pas au programme du gouvernement. Cette irruption des pingouins (la première génération post-dictature) comme on les appelle (en raison de la couleur de leurs uniformes) démontre, s’il en était besoin, l’état de la société chilienne (souvent pris comme en exemple par nombre de libéraux), une société profondément inégalitaire, où la répartition des richesses n’existe pas. Et elle pose aussi la légitimité d’un régime économique et social où les réformes imposées par Pinochet (et Washington) favorisent une faible partie de la population.
A titre d’exemple, la première ressource du Chili est le cuivre, cette année, en raison des prix internationaux, il rentrera dans les caisses de l’Etat 10 milliard de dollars. Or 10 % des revenus du cuivre doivent être destinés aux forces armées (pour l’achat de matériels). Une des questions que posent implicitement les lycéens peut être celle ci : "Education ou Armée". Fab

De l'ouragan au soulèvement des pingouins

Ce n’est plus seulement la revendication conjoncturelle de la gratuité du transport scolaire et de l’épreuve d’entrée à l’université, maintenant ce sont des demandes de fonds, ils exigent la restructuration totale de l’éducation. Avec l’étatisation de l’enseignement primaire et secondaire, la révision de la Journée Scolaire Complète, et l’exigence la plus forte de toutes : l’abrogation de la Loi Organique Constitutionnelle d’Enseignement.

Un important soutien a rejoint les lycéens, professeurs, étudiants d’universités publiques et privées, ce n’est plus un groupe marginal qui demande dignité, maintenant c’est un fort mouvement dans tout le pays, avec une forte structure d’organisation disciplinée et hautement démocratique qui a été capable de tordre la main du gouvernement.

Face à la mobilisation des lycéens, l’État a seulement répondu comme il sait le faire, avec une répression qui ne s’était pas vue depuis les temps de la Dictature Militaire. La police a non seulement mouillé, frappé et gazer les lycéens mais les a arrêté, ainsio que les travailleurs de presse, dont un de nos reporter.

Indymedia Chili
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Ce qui est mis en cause dans le système éducatif chilien

Les lycéens chiliens ont obtenu ce que quatre décennies de gouvernements démocratiques n’ont pas pu : installer la déficience du système éducatif dans l’agenda politique et des médias. La dernière loi du régime de Pinochet a modifié le système en vigueur, en transférant les lycées du Ministère de l’Education Nationale à plus de 200 municipalités de tout le pays, qui de plus ont commencé à implanter un nouveau système de financement via subventions. Le président du Collège de Professeurs, Jorge Pavez, a expliqué qu’avec la Loi Organique Constitutionnelle d’Education (LOCE) s’est imposé un "regard de marché" qui est celui qui est aujourd’hui en échec. Carolina Toha, présidente de la Commission d’Education de la Chambre Basse, a coincidé avec ce questionnement : "Autant cette loi que la Constitution de 1980 protège plus la liberté d’enseignement que le droit de tous les citoyens à l’accès à l’éducation".

Pagina/12, 02 juin 2006.

Traduction : Fab, Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir , http://amerikenlutte.free.fr