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Bolivie : Evo Morales en grève de la faim ! Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
12-04-2009

Au Salon Rouge du Palacio Quemado, le président Evo Morales et 14 dirigeants d’organisations sociales ont commencé une grève de la faim pour exiger au Parlement l’approbation de la loi électorale transitoire, qui permettra la tenue des élections générales du 6 décembre prochain.

« Face à la négligence d’un groupe de parlementaires néolibéraux, nous avons été obligés de prendre cette mesure. Ils ne veulent pas que cette loi permettant d’assurer la mise en vigueur de la Constitution soit approuvée. Demander un nouveau registre électoral revient à dire simplement qu’il n’y ait pas d’élections nationales ni préfectorales », a exprimé Morales. Quelques heures après, dans les principales villes, des dirigeants sociaux et des autorités nationales se joignaient eux aussi à la manifestation, se montrant devant les caméras couchés par terre dans leurs bureaux, en mâchant de la coca, entourés de drapeaux boliviens et whipalas. Au Parlement, le Mouvement vers le Socialisme (MAS) a obtenu hier soir l’approbation de la loi en général, ce qui a provoqué qu’une majorité de l’opposition se soit retirée de l’enceinte.

Mercredi, un groupe de la Confédération des Peuples Indigènes de Bolivie (Cidob) protestait devant le Parlement, car leur projet de loi réclamant 18 législateurs avait été ignoré. Les députés avaient approuvé l’initiative du MAS, qui accordait aux indigènes 14 des 166 sièges qu’aura l’Assemblée Plurinationale, nouveau nom du Parlement. Le projet approuvé par le Sénat – aux mains de l’opposition – réduit à 4 le nombre de sièges pour les originaires. Faute d’accord, les deux chambres ont tenu une session conjointe. À présent, on parle de la possibilité de ne donner aux indigènes que 6 sièges. Pour les originaires, l’assemblée législative ne sera guère « plurinationale ». Mercredi, lors d’une conférence de presse, le président de la Cidob, le tacana Adolfo Chávez, s’est mis à pleurer à cause de la « trahison » du gouvernement de Morales, qui se définit aymara.

Les médias de l’opposition – presque tous – ont fait ce qu’ils n’avaient jamais fait jusqu’à présent: interviewer les indigènes alliés à Morales, qui aujourd’hui le remettent en question. C’est pour cela que le gouvernement parle du « scandale de la Cidob ». Le jeûne de Morales a été considéré comme un geste de réconciliation. Hier, de retour à Santa Cruz, la Cidob envisageait de se joindre à la grève de la faim convoquée par le président.

Morales a commencé la manifestation accompagné par la Centrale Ouvrière Bolivienne (COB), la Coordination Nationale pour le Changement (Conalcam), la Confédération Syndicale des Communautés Interculturelles de Bolivie (Cscib) la Confédération Syndicale Unique des Travailleurs Paysans de Bolivie (Csutcb) la Fédération Nationale de Coopératives Minières (Fencomin), la Confédération Nationale d’Enseignants Ruraux de Bolivie (Cnmrb), le Conseil National d’Ayllus et Markas de Qullasuyu (Conamaq), la Confédération Générale des Travailleurs d’Usines de Bolivie et la Confédération Syndicale de Femmes Paysannes de Bolivie Bartolina Sisa, entre autres. Quelques heures après ont commencé les grèves dans les préfectures et les syndicats de tout le pays.

“Le travail du Parlement est lent. Nous croyons que huit sièges peuvent être approuvés pour les peuples indigènes. Nous allons rester jusqu’à ce qu’ils approuvent la loi. Ils le feront peut-être demain », a exprimé à Página/12 Isaac Avalos, député et secrétaire exécutif de la Csutcb, et l’un des 14 dirigeants qui ont commencé la grève de la faim avec le président. Mercredi, plusieurs législateurs du MAS avaient menacé de renoncer dans les premières minutes d’hier si l’opposition n’envisageait pas un accord. À minuit, plusieurs parlementaires du Pouvoir Démocratique Social (Podemos), du Mouvement Nationaliste Révolutionnaire (MNR) et l’Unité Nationale (UN) ont commencé à crier « qu’ils renoncent ! » aux législateurs du MAS qui avaient déjà rédigé leur démission.

Le vote des Boliviens à l’étranger, l’un des points auxquels l’opposition fait obstacle, n’était pas loin de trouver une solution hier. La Cour Nationale Électorale (CNE) a assuré qu’elle pourrait inscrire les 200 000 premiers électeurs de l’étranger pour les élections de décembre, quand Morales cherchera à être réélu. Il y a quelques jours, le président avait dit qu’il était habilité à convoquer à des élections par décret. Mais la CNE a averti qu’elle n’autorisera les élections que si elles sont approuvées par une loi du Parlement.

L’opposition exige de créer un nouveau registre électoral, car l’actuel serait vicié. Mais le gouvernement soutient que la liste d’électeurs a été contrôlée par plusieurs organismes internationaux et qu’elle aurait une exactitude de 96 pour cent.

Les législateurs ne parviennent pas non plus à se mettre d’accord sur le nombre de sièges pour les indigènes, qui au début en exigeaient 14, un pour chaque peuple indigène. Mais l’opposition et le MAS croient qu’on ne peut pas donner un législateur pour une circonscription de 200 habitants, comme il arrive pour certains peuples indigènes, alors que des villes de 125 000 électeurs ont droit à un seul représentant. « Nous, nous ne faisons pas de représentation numérique. Nous représentons les peuples indigènes. Ce n’est pas de notre faute s’ils nous ont exterminés et délimités »,  a exprimé José Bailaba, de la Coordination des Peuples Ethniques de Santa Cruz (Cpesc).

 

Sebastián Ochoa, Página 12, 10 avril 2009.
http://www.pagina12.com.ar/diario/elmundo/4-122941-2009-04-10.html

Traduit par eli pour http://amerikenlutte.free.fr
 
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