Argentine/OGM : une investigation du Conicet confirme l'effet nuisible du glifosate |
14-04-2009 | ||
Le glisofate (comme le Round-Up), l'agro-toxique de base de l'industrie du soja (OGM) produit des malformations neuronales, intestinales et cardiaques, même à des doses très inférieures à celles utilisées en agriculture. L'étude, effectuée dans des embryons, est la première de ce type et réfute la supposée innocuité de l'herbicide (défendu entre autres par Mosanto, NdT). Les communautés indigènes et les mouvements champêtres dénoncent depuis une décennie les effets sanitaires des agrotoxiques du soja (OGM). Mais ils se sont toujours heurté avec les démentis de trois acteurs de poids, les producteurs (représentés en grande partie par les organisations en conflit avec le gouvernement), les grandes entreprises du secteur (dont les multinationales exportatrices, NdT) et des secteurs gouvernementaux qui impulsent le modèle agricole. L'argument récurrent est l'absence d' "études sérieuses" qui démontrent les effets négatifs de l'herbicide. À treize ans du commencement de la fièvre du soja, pour la première fois une recherche scientifique de laboratoire confirme que le glifosate (un produit chimique fondamental de l'industrie du soja) est hautement toxique et provoque des effets dévastateurs dans des embryons. Ainsi l'a déterminé le Laboratoire d'Embryologie Moléculaire du Conicet-UBA (Faculté de Médecine) qui, avec des doses jusqu'à 1500 fois inférieures à celles utilisées dans les fumigations sojeras, a vérifié des dérangements intestinaux et cardiaques, des malformations et des altérations neuronales. "Des concentrations infimes de glifosate, par rapport à celles utilisées en agriculture, sont capables de produire des effets négatifs dans la morphologie de l'embryon, suggérant la possibilité de ce que soient brouillés des mécanismes normaux du développement embryonnaire", souligne le travail, qui met l'accent aussi sur la nécessité urgente de limiter l'usage de l'agrotoxique et d'enquêter sur ses conséquences dans le long terme. L'herbicide á base de glifosate le plus utilisé est commercialisé sous le nom de Roundup, de la compagnie Monsanto, leader mondial de l'agro-business.
Le soja semé dans le pays occupe 17 millions d'hectares dans dix provinces et est commercialisé par l'entreprise Monsanto, qui vend les graines et l'agrotoxique Roundup (à base de glifosate) qui a la propriété de rester dans l'atmosphère de longues périodes et de voyager de longues distances traîné par le vent et l'eau. Il s'applique de manière liquide sur la plante, qui absorbe le poison et meurt en peu de jours. La seule chose qui croît dans la terre aspergée c'est le soja transgénique, modifié en laboratoire. La publicité de l'entreprise classe le glifosate comme inoffensif pour l'homme. Comme tout herbicide, il est conformé à partir d'un ingrédient "actif" (dans ce cas le glifosate) et d'autres substances (appelées co-adjuvants ou "surfactantes" qui par secret commercial ne sont pas spécifiées en détail) dont la fonction est d'améliorer son maniement et d'augmenter le pouvoir destructif de l'ingrédient actif." "Le POEA (substance dérivée d'acides synthétisés de graisse animale) est l'un des additifs les plus communs et les plus toxiques, il se dégrade lentement et s'accumule dans les cellules", accuse l'investigation, qui décrit le POEA comme un détergent qui facilite la pénétration du glifosate dans les cellules végétales et améliore son efficacité. Des enquêteurs de plusieurs pays ont centré leurs études sur les co-adjuvants et ont confirmé ses conséquences. L'étude expérimentale du Conicet-Université de Buenos Aires (selon ses auteurs, le premier à faire des recherches sur les effets de l'herbicide et du glifosate pur dans le développement embryonnaire de vertébrés) se focalise dans l'élément le moins étudié et dénoncé du Roundup. "Le glifosate pur introduit par injection dans des embryons à des doses 10.000 et 300.000 fois plus petites que celles utilisées dans les champs a une activité spécifique pour endommager les cellules. C'est le responsable d'anomalies pendant le développement de l'embryon et l'on peut soutenir que non seulement les additifs sont toxiques mais aussi affirmer que le glifosate est responsable de malformations pour interférer dans des mécanismes normaux de développement embryonnaire, interférant les processus biologiques normaux." Andres Carrasco, professeur d'embryologie, principal chercheur du Conicet et directeur du Laboratoire d'Embryologie, énumére des dizaines de dénonciations - et des cadres cliniques aigus - de paysans, d'indigènes et de quartiers fumigés. "Les anomalies montrées par notre recherche suggèrent la nécessité d'assumer une relation causale directe avec l'énorme variété d'observations cliniques connues, tant oncologiques que de malformations reportées dans la casuistique populaire ou médicale", signale le professeur d'embryologie. L'investigation rappelle que l'utilisation d'agrotoxiques du soja (OGM) obéi à une décision politique qui n'a pas été basée sur une étude scientifique-sanitaire ("il est inévitable d'admettre la nécessité impérieuse d'avoir étudié ceux-ci, ou d'autres, effets avant de permettre leur utilisation"), il dénonce le rôle complaisant du monde scientifique ("la science est au service des grands intérêts économiques, et non de la vérité et du bien-être des peuples") et fait un appel urgent à effectuer "des études responsables sur les plus grands dommages collatéraux du glifosate". Darío Aranda, Pagina/12, 13 avril 2009. http://www.pagina12.com.ar/diario/elpais/1-123111-2009-04-13.html Traduit par http://amerikenlutte.free.fr |
< Précédent | Suivant > |
---|