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Augusto Boal est décédé ; sa doctrine : la scène comme catalyseur social Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
05-05-2009

 Un des créateurs scéniques les plus reconnus, le brésilien Augusto Boal est décédé le 2 mai dernier à 78 ans à cause d'une insuffisance respiratoire et après une longue lutte contre la leucémie.

 
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- Le dramaturge a créé le Théâtre de l'Opprimé, qui de nos jours est réalisé dans 70 pays.
 
- Il proposait un système qui permettait aux spectateurs de prendre part à la pièce pour devenir des sujets actifs de leur vie.
 
- Pour ses idéaux démocratiques, il a été torturé par la dictature brésilienne dans les  années 70.
 
Considéré comme une menace pour la dictature qui a gouverné le Brésil entre 1964 et 1985, raison pour laquelle il a été emprisonné et torturé, Boal a été le créateur du Théâtre de l'Opprimé, dont le but est de rendre le langage théâtral accessible, comme méthode pédagogique et forme de connaissance pour la transformation de la réalité sociale.

Avec l'influence du théâtre de Bertolt Brecht, la proposition de Boal a été de proposer  dans le théâtre les différentes formes d'oppression desquelles sont victimes l'être humain, en faisant monter le spectateur sur la scène, au côté des acteurs.
 
En accord avec la Déclaration de Principes de ce qui est aujourd'hui l'Organisation Internationale du Théâtre de l'Opprimé, l'objectif est "d'humaniser l'humanité", à partir de l'idée que "chaque être est capable d'observer la situation et de s'oberver lui même en situation".

"Offrir à chacun, selon sa problématique, une méthode esthétique pour analyser son passé dans le contexte de son présent, pour inventer son avenir sans attendre qu'il arrive".
 
"On apprend comment sentir en sentant ; comment penser en pensant ; comment agir  en agissant ; que faire comme individus ou groupe qui pour des raisons sociales, politiques, culturelles, raciales ou de sexualité on se trouve dépossédé de ses droits."
 
 
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Le créateur scénique brésilien dans un acte
où il a été récompensé par le prix Cross Border,
pour la paix et la démocratie, en avril 2008,
dans l'Abbey Theatre, en Irlande.
 
 
Essai pour la réalité
 
Le Théâtre de l'Opprimé "est un essai pour la réalité, un système esthétique qui permet aux gens d'agir dans la fiction du théâtre pour se transformer en protagonistes, en sujets actifs de sa vie".

De nos jours il est pratiqué dans plus de 70 pays, et le font des paysans, des travailleurs, des maîtres, des étudiants, des artistes, des travailleurs sociaux et des psychotérapeutes.

Il a servi autant aux programmes d'alphabétisation et dans des prisons, comme pour discuter dans les rues les problèmes ou les lois qui affectent le citoyen commun.
 
Boal a été nominé pour le Prix Nobel de la Paix en 2008. En mars de cette année, il a reçu la reconnaissance d'Ambassadeur Mondial du Théâtre, par l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (Unesco).

Fils de paysans portugais qui se sont établis au Brésil pour améliorer leurs  conditions de vie, à 10 ans, Boal a commencé à diriger ses cousins et frères dans de petits montages destinés égayer les réunions familiales du dimanche.

À 22 ans, avec l'intention d'étudier l'ingénierie chimique, il s'est rendu aux États-Unis; cependant, il a fini par étudier l'art dramatique à l'Université de Columbia, à New York.

La maison de l'autre côté de la rue est l'oeuvre dans laquelle se profilent les traits caractéristiques de sa proposition théâtrale.

Boal est revenu dans son pays en 1995, et a prit en charge la direction artistique du Téatre de Arena, de Sao Paolo, pour lequel il a écrit et étrenné l'oeuvre Révolution en Amérique du Sud, en 1961. Avec Gianfrancesco Guarnieri, il a fondé le Séminaire de Dramaturgie du Théâtre de Arena.
 
Selon des spécialistes, cette oeuvre a marqué au Brésil un éloignement des techniques réalistes qui régnaient dans les arts scéniques d'alors, puisqu'elle "a incorporé des éléments brechtiens, de théâtre de revue et de cirque".

Sont nées dans cette décennie les oeuvres José, de l'accouchement à la sépulture; Jugement dans le nouveau soleil, et Coup à galop (José, del parto a la sepultura; Juicio en el nuevo sol, y Golpe a galope), entre autres.

En 1965, avec Guarnieri, il a fait la série Arena Cuenta, qui raconte la lutte pour la libération du peuple au moyen de personnages historiques brésiliens.
 
Son intérêt pour les spectacles musicaux l'a amené à réaliser Arena canta Bahia, avec Marie Bethania, Gal Costa, Caetano Veloso et Gilberto Gil, entre autres. En 1968, il a mis en scène Luna pequeña (Petite lune) et la caminata peligrosa (la promenade dangereuse), pièce qu'il a dédié à la lutte de Che Guevara en Bolivie. En 1969, en pleine dictature, il a écrit Bolivar, paysan de mer (Bolivar, labrador del mar).

Prison, torture et auto-exil

Boal a développé le "théâtre journalistique" en 1970, des dramatisations élaborées à partir des informations télévisées ou journalistiques. Un an après, début de 1971, il a été emprisonné et torturé ; après sa libération, le théatreux s'est exilé en Argentine, pays où il a écrit Torquemada, une oeuvre dans laquelle il représente la prison et l'usage systématique de la torture ; à cette époque il a commencé à expérimenter la technique du Théâtre Invisible.

Au Pérou, il a mis en pratique le dit Théatre-Forum, dans lequel le spectateur remplace l'acteur pour proposer sa solution à un problème déterminé.
 
À Paris, invité par la Sorbonne, il a donné des cours, il a dirigé des oeuvres et a fondé le Centre du Théâtre de l'Opprimé. Dans la décennie 80, Boal a porté au  Brésil le Théatre-Forum.

Dans les années 90 du siècle passé, la mise en scène de Nous Sommes 31 millions: et maintenant ?, l'édition de la Méthode Boal de Théâtre et de Thérapie et son travail dans des prisons de Sao Paulo.

Boal a été élu conseiller en 1993 pour le Parti des Travailleurs, à Rio de Janeiro. "Véhément, inquiet et innovateur, il a révolutionné le Parlement avec son projet  Théâtre Législatif", dont l'objet était de transformer l'électeur en législateur. "Il demandait aux gens ce qu'ils voulaient ; il ne fabriquait pas de lois de manière  arbitraire. Et cela, les hommes politiques ne pouvaient pas le supporter", a-t-il expliqué lui-même.

Avec plus de 20 livres publiés, entre oeuvres de théâtre, romans et essais, il a systématisé sa théorie dans Catégories du Théâtre Populaire, 200 exercices et jeux pour l'acteur et le non acteur avec la volonté de dire quelque chose à travers le théatre, Techniques latino-américaines de Théâtre Populaire, Théâtre Législatif et Théâtre de l'Opprimé et autres poétiques politiques, celui-ci traduit dans plus de 25 langues.

Parmi ses dernières activités, il réalisait un projet national en collaboration avec le Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre, qui s'appliquera dans 15 états du Brésil.

Le corps d'Augusto Boal est été placé sous terre hier dans le Cimetière de Cajú.
 
 
Carlos Paul, La Jornada, 04 mai 2009.
http://www.jornada.unam.mx/2009/05/04/index.php?section=cultura&article=a12n1cul
 
Traduit par http://amerikenlutte.free.fr
 
 
 
 
 
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