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Anarchisme et Pouvoir Populaire, article du CILEP, Colombie Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
19-05-2009
Intéressant article du CILEP (Colombie) sur le concept de pouvoir populaire, l’autogestion généralisée de la société et le projet libertaire.
 
Malgré tout, dans tout le pays on entend un seul cri qui resonne dans les fabriques, les quartiers et les lycées : l’appel à créer, renforcer et multiplier le pouvoir populaire
Miguel Enríquez

Organiser les forces du peuple pour réaliser la révolution est la seule fin de ceux qui désirent sincèrement la liberté
Mikhaïl Bakunin

Favoriser les organisations populaires de tout type est la conséquence logique de nos idées fondamentales et, pour cela, devrait faire parti intégrale de notre programme
Errico Malatesta
 
 
En principe associer anarchisme et pouvoir, avoir l’audace de les inclure dans le même titre semble être une contradiction irrésoluble ou une plaisanterie de mauvais goût contre tous ceux et celles qui luttent pour la liberté. Ceci, parce que le pouvoir est usuellement synonyme de domination et l’anarchisme sociopolitique, celui qui plaide pour une société sans gouvernement, refuse toute forme d’autorité, toute imposition de la volonté propre sur celle des autres. Cependant, le pouvoir ne doit-il être entendu que comme une imposition autoritaire, comme un “pouvoir sur”? Ne peut-on pas comprendre le pouvoir d’une autre manière, c’est à dire, comme un “pouvoir-faire collectif”, un “pouvoir-construire ensemble”?

Ce sont ceux d’en haut, ceux qui commandent, ceux qui nous ont fait croire que le pouvoir est un “objet” dont eux ont la possession, une “chose” détaillée des relations  sociales, un appareil transcendant d’assujettissement. Mais, en revanche, nous, ceux et celles d’en bas, nous concevons le pouvoir d’une autre manière: non pas comme une “chose” mais comme une “relation”, como un pouvoir social alternatif et libérateur. Ainsi, notre pouvoir est principalement une capacité collective d’imaginer et de créer dans le ici et maintenant une nouvelle société.

Maintenant, pour que ce pouvoir collectif soit populaire, l’agent ne peut être autre que le peuple, ce sujet pluriel qui se définit par la réunion des classes subalternes, des marginaux, des dépossédés, des exclus. Ce peuple n’est pas qu’un, il est multiple, il est une diversité d’aspirations, de formes et de projets de vie, de luttes et de résistances. De plus ce peuple n’est pas défini d’avance, n’est pas le résultat fixe d’une formule économique mais il est toujours en procesus de constitution et qu’il ne se reconnaît comme classe subalterne seulement dans le cours de sa propre émancipation

C’est ce peuple pluriel, créé dans la lutte même, qui construit ce pouvoir collectif qui établit de nouvelles relations sociales, qui institue différentes habitudes et coutumes, qui instaure divers modes d’être.
 
La batalla de Chile

 
Ainsi, le pouvoir populaire met en marche un nouvel ‘ethos’, une configuration alternative de sens, de significations, de langages, de valeurs, de normes et de structures partagées. En peu de mots, ce pouvoir collectif crée un autre monde possible, un monde différent qui s’affronte à celui que nous connaissons, le monde de la marchandise et de la domination qui engendre misère, exclusion, privilèges, discrimination, mort.

Pour cela le pouvoir populaire est une praxis qui à mesure qu’il transforme les lieux de vie des personnes crée un bloc contre-hégémonique, un bloc qui entre en confrontation directe avec l’ordre régnant. Comme procesus, le pouvoir populaire sait que le chemin est long mais il a la chance de créer une nouvelle société avec chaque conquête du peuple.

Le pouvoir populaire est surtout puissance parce qu’il anticipe le monde futur, parce que dans le présent il manifeste ce qui est pour venir. De cette manière, il crée jour après jour des espaces de liberté, de solidarité, d’égalité et d’horizontalité. Cette dernière est très importante, vu qu’il ne sert à rien de construire une société libre en utilisant des moyens oppressifs, hiérarchiques et discriminatoires. La nouvelle société doit se construire, alors, par des moyens horizontaux, participatifs et intégratrice. Mais, de plus, en reconnaissant les différences, en prenant en compte le fait que chaque personne lève sa voix depuis sa perspective particulière.

Or, si le pouvoir populaire n’est pas synonyme de domination mais de création d’une société alternative diverse, horizontale et libre, anarchisme et pouvoir populaire ne vont-ils pas ensemble ? L’anarchisme n’a-t-il pas comme objectif la création d’un nouvel ethos où s’obtienne l’abolition de tout privilège économique, politique, social ? L’anarchisme ne cherche-t-il pas une société libre et égalitaire qui se construise ici et maintenant ?

En effet, l’anarchisme qui veut socialiser les moyens de production veut aussi socialiser le pouvoir et éviter que celui-ci se transforme en privilège de quelques individus. C’est pour cela que ce mouvement construit aussi un pouvoir collectif qui surgit des relations sociales libres et qui se concoit seulement en horizontalité et diversité. De plus, comme ne se fatiguaient pas de le répéter Malatesta e Bakounine, l’anarchisme doit être bien à l’écoute du peuple, l’anarchisme doit surgir des opprimés, des exploités, des oubliés.

Pour que l’anarchisme le soit, il doit jaillir de la base. C’est d’en bas que se construit la nouvelle société, en évitant le centralisme, le commandement, la bureaucratie. C’est pour cela que l’anarchisme édifie depuis l’horizontalité, depuis l’assemblée, depuis l’action directe. Ce mouvement préfigure dans le présent la société alternative et pour cette raison que l’autogestion libertaire n’est pas plus que l’organisation anticapitaliste et antihiérarchique de la communauté concrète ; c’est la gestion directe que le peuple fait de son économie, de sa politique, de sa culture, de sa vie en commun.

En d’autres mots, l’autogestion anarchiste construit pouvoir populaire en créant des espaces alternatifs de vie collective, des lieux matériels et virtuels qui échappent au contrôle du capitalisme et de l’autorité. Siendo así, associer pouvoir populaire et anarchisme n’est pas une contradiction ni une plaisanterie de mauvais goût mais un défi rebelle, un appel à l’action.

CILEP - Red Libertaria Popular Mateo Kramer
25 février 2009.

Traduit par http://amerikenlutte.free.fr
 
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