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Argentine: situation du mouvement piquetero Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
29-05-2007

Depuis plusieurs années, le Mouvement Piquetero est en crise pour des raisons externes et internes : la relative amélioration de la situation économique et sociale, accompagnée d’une politique de répression et de cooptation de la part du gouvernement de  Kirchner et un repli dans les quartiers ou au contraire un "abandon" de ceux-ci. On peut, schématiquement (sans être exhaustif), classer le mouvement en trois catégories d’organisations, dont les caractérisations sont ici effectuées "à grands traits":

# Les organisations liées aux partis politiques d’extrême-gauche ou de gauche (PO, MST, MTL, CCC…) : ces organisations se caractérisent par une forte hiérarchisation, des structures verticales, les militants des partis  touchent des plans (1) pour leurs fonctions organisatives. Les directions des partis ont décidé de délaisser ou même d’abandonner la lutte revendicative (quand elles la menaient!) et les chômeurs à leur propre sort, en faisant le diagnostique que la lutte “révolutionnaire” avait changé de camp et était dorénavant du côté des travailleurs (la reprise économique s’est accompagnée d’une tendance à des conflits pour des augmentations de salaries) (2). On peut dire que ces partis politiques ont été caractérisé par un opportunisme politique, en effet à la naissance du mouvement piquetero, quand les chômeurs, de manière indépendante et autonome ont commencé les premiers barrages de route et que l’Etat leur a octroyés les premiers plans, les partis ont, dans un premier temps critiqué cet « assistanat », ensuite ils ont créé leurs propres mouvements pour se constituer une “base sociale”. Leur projet politique est assez confus, de la participation électorale au discours révolutionnaire. 

# Les organisations kirchneristes : une partie des organisations piqueteras (Barrios de Pie, FTV, Mouvement Evita) a décidé de soutenir l’action du gouvernement et en retour en sont grassement “récompensées” (postes au gouvernement, subventions, planes…). Figurent dans cette catégorie des organisations créées par le pouvoir. Ces organisations fournissent au pouvoir des “troupes” pour assister aux meetings ou à des actions contre les opposants. 

# Les organisations indépendantes ou autonomes : l’organisation la plus représentaive de cette catégorie était la Coordination Anibal Veron (coordination de plusieurs Mouvements de Travailleurs sans emploi, MTD) jusqu’à son éclatement en trois blocs en 2003 : 

-          MTD Solano : mouvement connu pour son “horizontalité” et son projet d’”autonomie” (mouvement ayant le plus de contacts et de relations avec l’étranger) mais s’avérant caractérisé par un leadership certain. Depuis l’année 2003, il a s’est replié sur son projet et a fortement réduit en nombre et ne se manifeste plus. Il a subi un départ groupé de plusieurs quartiers l’année dernière (http://amerikenlutte.free.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=16&Itemid=42).

-          MTD Anibal Veron : mouvement encadré par JC d’Affunchio (auto-déclaré marxiste-léniniste), un temps proche ou neutre par rapport au gouvernement, aujourd’hui plus critique.

-          Front Populaire Dario Santillan (FPDS) : sorte de coordination de plusieurs MTDs, son activité a une certain propension à se diriger vers "l'extérieur" au détriment du travail dans les quartiers.                                En 2006, plusieurs groupes ont quitté le FPDS, critiquant le manque de démocratie interne et la différence de projet "politique", se sont regroupés pour former la Fédération d’Organisations de Base (FOB) (http://amerikenlutte.free.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=44&Itemid=39). 

 

Dans cette catégorie figure également le Front d’Organisations en Lutte (FOL), de tendance « marxiste-léniniste » ou l’Union de Travailleurs sans emploi de Mosconi (nord de l’Argentine).

 

Malgré une reprise économique qui n’a rien de surprenant vu le « trou » dans lequel était tombé le pays et un contexte économique mondial qui la favorise, le chômage, la précarité (environ 50 % des travailleurs argentins sont au noir), la misère (depuis l’arrivée de Kirchner, la brèche entre riches et pauvres a augmenté, des millions d’argentins survivent avec des allocations ou des salaires largement inférieurs au seuil de pauvreté), continuent de faire des ravages dans les quartiers. Aujourd’hui l’Argentine affiche un taux de croissance de près de 8 %, les recettes fiscales battent des records, néanmoins au niveau du modèle économique rien n’a changé, il s’agit d’une politique fondamentalement libérale, aucune réforme structurelle n’a eu lieu et on ne peut écarter le retour d’une crise économique et sociale. Malgré leur atomisation et leur effacement, l’expérience accumulée par les mouvements de chômeurs est loin d’être négligeable et sera certainement très utile pour affronter celle-ci.

 

1- Planes trabajar o jefes y jefas : « contrats » de 2O heures par semaine payés 150 pesos (300 francs) par mois utilisés par les collectivités publiques. Ils furent obtenus grâce à la lutte des piqueteros (chômeurs qui coupent les routes). Les mouvements de piqueteros ont également obtenus la gestion directe d’une partie de ces plans, les bénéficiaires travaillent donc « au service » des mouvements, ce qui d’ailleurs posent quelques problèmes de « clientélisme », surtout dans les mouvements de chômeurs des partis d’extrême gauche. L’Etat a décidé il y a peu de fermer le robinet des plans, ceux qui sortent du dispositif après avoir trouvé un “emploi” (50 % des travailleurs argentins le sont au noir) ne pourront plus y entrer. Le gouvernement a créé de nouveaux planes soumis à contre-partie (formation obligatoire).  2- le bureau politique du Parti Ouvrier a décidé en 2006 de faire entrer son mouvement de chômeurs (Pôle Ouvrier) dans le parti.  

Buenos Aires, mai 2007. http://amerikenlutte.free.fr

 
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