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Sommet de l'OEA: Etats-Unis contre Venezuela Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
06-06-2007

L'inauguration de la 37è Assemblée Générale de l'Organisation des États Américains (OEA) a été tout sauf ennuyeuse. Habitués aux ouvertures diplomatiques et formelles, les représentants des 35 pays membres se sont surpris hier après avoir été les protagonistes de la plus grande discussion publique entre le gouvernement étasunien de George Bush et le Vénézuélien de Hugo Chavez. La secrétaire d'État, Condoleezza Rice, et le chancelier vénézuélien, Nicolas Maduro se sont affrontés peu de minutes après le début de la session.

La colère de la délégation sud-américaine a éclaté quand la fonctionnaire américaine a demandé au secrétaire général de l'OEA, le Chilien José Michel Insulza, de se rendre à Caracas pour réaliser un rapport sur la liberté d'expression dans ce pays. Maduro n'a pas tardé à répondre et il a accusé la Maison Blanche de violer la souveraineté vénézuélienne. De plus, il a invité la réunion plénière à débattre sur le mur américain à la frontière avec le Mexique et les droits humains des détenus dans la prison de Guantanamo.

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Durant le week-end, le président Chávez avait déjà avancé qu'il n'accepterait pas de remises en cause de sa décision de non renouvellement de la concession du canal d'opposition RCTV dans l'assemblée de l'OEA. "Toute mention sera considérée une ingérence", avait dit le mandataire. Cependant, la délégation étasunienne était décidée à installer le sujet, malgré le fait qu'il ne figurait pas dans l'agenda. "Quand on commence à fermer des stations de télévision parce qu'elles s'opposent aux autorités, ceci est de fait une forte mesure contre la démocratie", avait assuré quelques heures auparavant Rice à bord de l'avion qui l'emmenait au Panama, où a lieu l'assemblée. Peu de temps après, en face des autres 34 représentants, la secrétaire d'État a repris la demande du Capitole pour que l'OEA analyse le cas de RCTV et la situation de la liberté d'expression au Venezuela.

Après avoir qualifié les mots de Rice d' "interventionnisme inacceptable", Maduro a lancé quelques propositions. "L'OEA devrait mettre en place une commission spéciale pour étudier la violation quotidienne des droits humains aux frontières du sud des États-Unis", a suggéré le chancelier devant le regard inconfortable du reste de l'assemblée. Et sans donner de temps à une réplique, il a lancé une autre flèche : "Combien De prisonniers y a-t-il dans Guantánamo ? Où les ont-ils  emnlevés ?", a-t-il demandé, en ajoutant que Washington est libre d'inviter les journalistes de RCTV à réaliser une entrevue aux détenus dans la prison militaire à Cuba.

Transformant l'assemblée en un champ de bataille personnelle, Rice a demandé le microphone et a répondu : "Pour n'importe quel sujet, je suis sûre que ce sera difficile pour toute commission de débattre, de faire des recherches et de critiquer plus les politiques des États-Unis que ce qui se fait chaque soir sur CNN, ABC, CBS, NBC et sur quelques canaux étasuniens plus petits". A peine a-t-elle eu terminé de parler elle s'est levée et a quitté l'enceinte, sans écouter la "réponse" qu'avait demandé le vénézuélien.

Au-delà des mots échauffés, le premier round a été pour Washington, dont la délégation a clairement réussi à imposer l'agenda pour le premier jour de l'assemblée. Son prochain objectif sera d'obtenir le soutien pour voter une lettre démocratique, ou au moins une résolution qui réaffirme et garantit la liberté d'expression dans le continent. Elle aurait déjà le soutien du Chili, du Pérou et du Canada, entre autres.

En ce qui concerne la délégation vénézuélienne, c'est encore impossible de deviner sa stratégie. Continuera-t-elle la confrontation directe comme hier ou essaiera-t-elle de fuir le sujet, en rappelant qu'il s'agit d'une décision basée sur la législation nationale ? Ce qui est sûr c'est que Caracas devra prendre une décision rapide puisque elle en aura non seulement besoin pour survivre les prochains jours au Panama, mais aussi lors de la prochaine réunion du Parlement du Mercosur, le 25 juin. Plusieurs législateurs de l'opposition brésilienne ont avancé qu'ils présenteront un projet contre la fin de RCTV, une initiative qui a déjà obtenu un soutien de la droite urugayenne.

Pagina/12, 05 juin 2007. http://amerikenlutte.free.fr

 
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