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Bolivie: "Nous Voulons un capitalisme avec une plus grande présence de l'État" Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
10-06-2007

A peine commence -t-il à parler, le vice-président bolivien Alvaro Garcia Linera laisse percevoir son antérieure profession d'enseignant de Sociologie. A presque 16 mois de son arrivée dans le gouvernement d'Evo Morales, il est un porte-parole autorisé des objectifs stratégiques du procesus en marche. Et à ce sujet, il affirme que son gouvernement recherche "un capitalisme avec une plus grande présence de l'Etat". Il révèle que le but est "d'arriver à ce que 30 ou 40 % du PBI soient aux mains de l'Etat".

—Quel type d'Etat vise son gouvernement ?

—Quand nous avons assumé, nous avons recu Etat sans une seule une entreprise. Notre but est de faire que l'Etat assume un rôle actif. En un an nous avons récupéré le contrôle étatique des hydrocarbures, de la mine et des télécommunications. Le contrôle de l'Etat est passé de 6 % du PBI à 19 % maintenant et aujourd'hui il est le principal acteur économique en Bolivie. Le but est d'arriver, à au moins 30 % ou 40 %.

—C'est un retour aux politiques de développement des  années 50 ?

Non. Nous pensons à une modernisation pluraliste, non à une voie unique comme dans les années 40 et 50. Il y a des dynamiques différentes de modernisation : celle de l'économie moderne industrielle, celle de la microentreprise familiale urbaine et celle de l'économie paysanne communautaire.

—Et comment parvient-on à cela ?

En ampliant la base ouvrière, avec un rôle très fort  de l'Etat dans le développement de nouvelles industries, en soutenant des formes d'économie communautaire. Je ne crois pas, comme la gauche archaïque et d'avant-garde, que le socialisme s'impose par décret ou par pur volontarisme, mais par le mouvement réel de la société. Je me réfère au concept de "capitalisme andin" comme une étape de transition. Cela peut être frustrant pour les lectures radicales et idéalistes mais c'est théoriquement honnête.

—Qu'est-ce qui a changé jusqu'à présent pour les indigènes ?

Il y a une image qui le résume : il y a peu, à  Pocoata, Evo Morales a demandé à un enfant indigène ce qu'il allait faire avec le bon Juancito Pinto (allocation pour éviter la désertion scolaire). L'enfant a répondu avec contundencia féroce : "je vais me préparer pour  être comme toi". Avant les indigènes se projetaient  comme maçons ou comme policiers. 
 
—Mais pour certains secteurs il continue d'y avoir un gouvernement des classes moyennes "blanchisées" ("blancoides") de toujours...

Il est clair que les programmes phares de ce gouvernement sont dirigés vers les secteurs indigènes et paysans. Mais il est vrai que le colonialisme prédominant dans notre pays a expulsé les indigènes d'aires nécessaires pour gérer l'Etat. Décoloniser le pays c'est remédier à cela. Il y a peu, Evo a demandé aux professeurs ruraux : "enseignez à nos frères les mathématiques, la physique et la chimie, par votre faute je n'ai pas de fonctionnaires indigènes dans mon gouvernement". A leur manière, les indigènes recherchent la modernité et l'inclusion sociale. Je ne suis pas d'accord avec les lectures romantiques et "essentialistes" de quelques intellectuels et ONGs sur le monde indigène. 

Pablo Stefanoni, Clarin (Argentine), 18 mai 2007. Traduction: http://amerikenlutte.free.fr

 
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