Dernier bilan : 819 détenus

Au moins 200 détenus et plus de 100 carabiniers blessés c'était le bilan des violent affrontements d'hier entre étudiants et policiers au milieu du malaise généré par la crise du transport.

Hier une étrange sensation, de crainte, d'étouffement, de mauvais souvenirs s'est mélangée au smog et à la brume. Le nouvel anniversaire du meurtre des frères Rafael et Eduardo Vergara Toledo, en 1985, a de nouveau fait ressurgir à la mémoire les dures journées de protestations quand les baïonnettes, les fusils et les bottes commandaient à feu et à sang. Bien que chaque 29 mars, le Chili rappelle que plus jamais le pouvoir doit s'imposer par la force, cette année, les manifestations, les barricades et les protestations ne sont pas seulement contre les violeurs des droits humains. Cette fois s'est ajouté le contrariété contre le gouvernement en raison de sa réforme ratée des transports, le Transantiago, et ses nulles progressions  en matière d'éducation ; contre la Concertation qui s'est usée, avec de clairs clins d'oeil à la corruption ; contre les entrepreneurs qui continuent de s'enrichir et l'équité salariale qui n'arrive pas. Le Jour du Jeune Combattant a engendré un climat d'anarchie sociologique d'un côté et de peur enfouie de l'autre, couronnée de faits de violence et de chaos. Naturellement, tous savent que la contrariété n'est pas capricieuse.

Les premiers à se manifester ont été les pingouins (lycéens). Experts dans l'art de faire front aux pacos (carabiniers), ils ont donné une dure bataille publique. Leur mécontentement a été tel qu'il est arrivé aux oreilles de Bachelet. La Moneda (palais présidentiel) est à quelques mètres du ministère d'Education, la destination finale des lycéens. Des effectifs de Carabiniers leur ont bloqué le passage. La réponse pingüina a été rendue par des bâtons et des pierres. Seulement l'usage de gaz lacrymogènes et de camions lance-eau les a freinés.

Plus dur encore ont été les étudiants. Occultés dans des capuches, ils ont lancé des bombes molotov à la police dans les environs de la Métropolitaine. Dans l'Université de Santiago plus de 50 bidons ont été trouvés avec de l'acide sulfurique et des déchets chimiques, des bouteilles en plastique et de verre, en plus des boulons, et 18 machettes pour la fabrication de bombes molotov.

Dans un autre point de la capitale, l'automobile de la  ministre Gloria Ana Chevesich a été attaqué, après qu'elle ait essayé de traverser une barricade dans une rue centrale. Bien qu'elle en soit sortie saine et sauve, elle a eu la peur de sa vie. Un sort identique a récolté un bus du Transantiago. Environ 50 manifestants ont détruit la machine à coups de pierre, et elle est restée abandonnée dans le lieu. S'il y avait déjà un manque de bus, hier soir seulement un miracle permettait de monter à bord d'une locomotion collective.

La journée a gagné en fumée, détenus et blessés, l'Intendance Métropolitaine a rapporté plus de 260 détenus (jusqu'à 20 heures) et 106 carabiniers blessés. La maire, Adriana Delpiano, a attribué aux membres de l'ultragauchiste Front Patriotique Manuel Rodríguez (FPMR) une grande partie des faits. Quand vous lirez cette chronique évidemment le nombre de détenus et de frappés sera beaucoup plus grand. Le chroniqueur a été jusqu'à tard dans la rue Les coups de feu n'ont pas cessé et les pneus en feu renvoyaient à la mémoire l'odeur nostalgique d'autres temps. Les cinq mille pacos dans la rue ont effrayé le mécontentement populaire.

Le ministre Carlos Gajardo, a dicté le mardi dernier les accusations contre les quatre ex-carabiniers inculpés dans les crimes des frères Rafael et Eduardo Vergara Toledo, les deux membres du Mouvement de gauche Révolutionnaire (MIR), abattus le 29 mars 1985 lors d'un confus incident policier. Juste le jour où se commémorent les 22 ans de la mort des jeunes.

La résolution, qui a déjà été confirmée par le juge de la cause l'avocat Mauricio Unda, représentant légal d'Alex Ambler Hinojosa, de Marcelo Muñoz Cifuentes, de Francisco Toledo Puente et de Jorge Marín Jiménez, établit que les imputés sont auteurs du délit d'homicide qualifié. Les ex policiers du Commissariat Alessandri de Estacion Central ont été inculpés au milieu de 2006, après deux décennies d'investigations.

Christian Palma, Pagina/12 (Argentine), 30 mars 2007. Photos : http://santiago.indymedia.org/news/2007/03/65677.php

DERNIER BILAN : 819 DETENUS

Le sous-secrétaire de l'Intérieur, Felipe Philippe Harboe, a informé ce matin que 819 personnes ont été arrêtées dans le pays à la suite des troubles survenus  hier lors du Jour du Jeune Combattant.

Selon le quotidien El Mercurio dans édition électronique, le dernier bilan officiel des protestations pour le Jour du Jeune Combattant indique 747 arrestations correspondent à la Région Métropolitaine.

Selon le rapport du sous-secrétaire de l'Intérieur, 38 carabiniers ont été blessés, deux d'eux sont en état grave, le premier après avoir recu une balle dans sa jambe gauche quand il essayait d'éviter le pillage d'un supermarché dans la communauté de La Granja et le deuxième après avoir recu une pierre à la tête quand il conduisait un véhicule de patrouille. Harboe a assuré que les Carabiniers n'ont pas été dépassés par les manifestants qui ont provoqué des troubles sérieux hier dans la capitale, mais ses effectifs ont dus se disperser pour agir dans les différents   foyers de désordre.

"A un moment déterminé il y avait près de 45 points où il y avait des petits groupes d'étudiants qui commétaient des excès (sic), ce qui a signifié que les forces policières devaient se désagréger pour les contrôler les différents foyers", a-t-il expliqué.

Pagina/12 (Argentine), 30 mars 2007. Traduction: http://amerikenlutte.free.fr