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Bolivie : responsabilité des leaders ou responsabilité collective ? Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
29-03-2007

Prologue à l’édition bolivienne de Zapata à Wall Street - apports à la théorie du changement social de John Holloway, septembre 2006

(...)

L’espérance, cette lumière qui parcourt le monde, s’est mise à briller avec une intensité particulière en Bolivie. L’espérance que oui maintenant les choses vont changer, que oui maintenant va se créer une société plus juste, que cette fois il va se libérer une énergie créative jusque là ancrée dans la boue de la misère et de l’hypocrisie. Cette lumière de l’espérance brille en Bolivie mais se voit dans le monde entier, dans ce monde tant affamé d’espérance.

Cette espérance ne sort pas de rien. C’est le produit de longues années de lutte, d’organisation et de spontanéité, de tradition orgueilleuse et d’innovation créative. Dans les dernieres années beaucoup de personnes sont mortes dans les mêmes luttes qui ont créé la base de l’espérance de ce moment. Le gouvernement actuel ne sort pas d’une campagne électorale mais des luttes qui ont rendu célèbres dans le monde entier les noms de Cochabamba et d’El Alto.

Cette espérance, qui a surgit des luttes de tant de gens et de du sang de tant de gens abattus, porte en elle une grande responsabilité. Nous ne pouvons permettre que tombe cette espérance, comme tant de fois elle est tombée dans tant de parties du monde : l’Union Soviétique, la Chine, le Vietnam, le Brésil, Cuba peut-être. Ces espérances perdues nous viennent avec des noms annexés, les noms de ces responsables de ces désillusions : Staline en la U.S., Deng en Chine, Lula au Brésil, etc. Les noms varient bien sûr selon l’interprétation particulière mais pour beaucoup le nom de Staline est le grand symbole de la trahison de l’espérance.

Il semblerait alors que la responsabilité de l’espérance bolivienne tombe sur les épaules de Evo, Alvaro et des membres du gouvernement. Mais cela ne peut en être ainsi. La lutte n’a pas seulement été leur lutte mais la lutte de beaucoup, beaucoup de gens. L’espérance est l’espérance de beaucoup, beaucoup de gens. Et par conséquent la responsabilité est de beaucoup, beaucoup de gens. La lutte n’a pas été déléguée à d’autres et l’espérance et la responsabilité ne peuvent être déléguées à d’autres. On rejette la faute de la trahison de l’espérance sur les leaders mais la véritable trahison n’est pas celle du leader sinon plutôt la notre au moment où nous remettons notre lutte, notre espérance, notre responsabilité dans les mains d’un leader.

C’est une question de comment nous organisons-nous. Il existe des formes d’organisation qui se construisent sur la base de la délégation de nos luttes, espérances, responsabilités à des leaders, l’Etat est l’exemple le plus évident. Il y a d’autres formes d’organisation qui cherchent à articuler et à renforcer notre propre responsabilité collective : celles ci incluent les assemblées, les conseils ou autre forme de nous rassembler qui surgissent de toute situation de révolte et qui donnent expression et reconnaissance à la dignité active qui existe en chacun(e) de nous. Celles ci sont les uniques formes de renforcer et approfondir la lutte des espérances. Séparer la lutte des gens et la déléguer aux leaders peut seulement affaiblir la lutte, aussi intelligents et honnêtes et engagés que soient ces leaders.

Ce livre a ces questions comme préoccupation centrale. La plus grande partie du livre a été publiée à l’origine en Argentine sous le titre Keynésianisme : une illusion dangereuse. Le keynésianisme est la politique de l’Etat providence, qui est essentiellement une tentative d’exproprier nos luttes pour un monde différent et les convertir en autre chose : dans une possible amélioration des niveaux de vie qui nous lie en même temps plus étroitement à la reproduction de la domination capitaliste. Ceci est le grand danger de la situation actuelle : que les gens délèguent leur espérance aux leaders et que les leaders, pour obtenir de rapides résultats, la canalisent d’une manière qui la reconcilie avec la reproduction du système capitaliste qui est en train de détruire le monde. Ce livre parle des dangers mais l’important est de dépasser les dangers et de changer le monde, chevaucher avec Zapata à Wall Street.

Puebla, 20 septembre 2006

Traduction : Fab, Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir

 
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