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La Bolivie en marche vers le socialisme Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
26-06-2007

Le MAS de Evo Morales cherche à forger un Etat pluri-national, et à affiner sa proposition socialiste mais le temps de l'Assemblée Constituante touche à sa fin.

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Evo Morales veut mettre en pratique toutes les théories du socialisme du XXIe siècle en Bolivie. À travers de l'Assemblée Constituante, son parti, le Mouvement Au Socialisme (MAS), essaie de changer les structures d'un État qu'il juge comme colonial et introduire la démocratie participative dans le plus ample sens du terme. Le même Morales a demandé à ses coreligionnaires de mettre dans la Constitution Politique de l'État le Pouvoir Pluri-national, quelque chose qu'il a défini comme le commandement suprême des mouvements sociaux, auquel même lui ou le président qui est élu serait subordonné. De cette façon, le Pouvoir Social Pluri-national, formé par des syndicats, ayllus (communautés) aymaras, des capitanias (communautés) guaranies, des assemblées de quartiers, des associations d'agriculteurs et des fédérations de mineurs, auront la faculté de nommer  la moitié des ministres du cabinet, de choisir leurs  représentants devant le Parlement suivant leurs propres règles, nommer des magistrats de la Cour Suprême de Justice et du Tribunal Constitutionnel et même de fixer leurs propres lois et formes de justice à l'intérieur de leurs juridictions.

Avec 142 des 255 congressistes qui forment l'Assemblée Constituante bolivienne, Morales a besoin d'obtenir 28 alliés pour arriver aux deux tiers qui lui permettent d'articuler ses changements. Pour cela, il  aura besoin de s'allier non seulement avec les petites forces de gauche qui se sont approchées à son projet, mais aussi convaincre le parti centriste Unidad Nacional, ou le Movimiento Nacionalista Revolucionario(MNR). Pour le moment, le MNR semble beaucoup plus proche d'Evo que du principal parti d'opposition, Podemos, leadéré par l'ex-président Jorge Quiroga. La lutte pour le petit espace qu'a l'opposition en ce moment en Bolivie joue aussi en faveur du gouvernement. Les opposants au président indigène s'affrontent de manière constante, laissant le MAS manoeuvrer à son bon plaisir dans l'Assemblée Constituante.

L'une de ces manoeuvres a eu lieu il y a deux semaines dans la Commission Vision de Pays, commission qui définit le caractère de l'État à  construire. Là l'opposition n'a pas réussi à s'unir et le MAS a attiré d'autres forces de gauche pour approuver deux projets similaires : l'Etat pluri-national et le multi-national. Dans les deux cas, il est reconnu la préexistence en Bolivie de nations indigènes avant la fondation de la république et le droit à la reconstitution de leurs territoires ancestraux. Mais de plus s'est fermée toute possibilité de  construction d'un État classique, basé sur le modèle social-démocrate de droit.

Cependant, la Commission Vision de Pays est allé contre le règlement interne de l'Assemblée Constituante, puisqu'elle a approuvé les deux projets à la majorité simple et non à la majorité absolue, comme l'indiquent les règles. Ceci est le dernier espoir de l'opposition, qui a appris à devenir forte en sortant la  discussion du forum constituant, la faisant descendre dans les rues et aux comités civiques des régions opposées au gouvernement. De cette façon, Sucre, le siège de l'Assemblée, s'est converti en un circuit de marches dans lequel les étudiants et les mineurs "coopérativitses" s'affrontent presque quotidiennement à la police.

D'un autre côté, l'opposition s'est refusée de parvenir  à n'importe quel type de consensus et a introduit des rapport de minorités dans 18 des 21 commissions de l'Assemblée Constituante. De cette manière la nouvelle Constitution bolivienne devra être construite sur la base de 717 articles, dans une discussion qui requerra au moins huit mois. Maintenant, le temps joue contre Evo Morales. Il reste seulement 40 jours que le délai fixé par la loi pour remettre la nouvelle Constitution -6 août- expire et il n'y a pas de forme humaine de conclure la Carta Magna pour cette date.

Tandis que tous discutent de la nécessité de proroger l'Assemblée, l'opposition menace de ne pas l'accepter  dans le Parlement si le MAS ne change pas la décision prise dans la commission Vision de Pays et n'accepte pas que sa définition ne rentre comme rapport de minorités. Avec cela, le MAS pourrait livrer bataille jusqu'à la fin et adoucir un peu le projet de "prise du pouvoir" (empoderamiento) des mouvements sociaux.

C'est pour cela que l'opposition compte bien utiliser à sa faveur les ambitions politiques d'Evo Morales et échanger la possibilité de sa réelection contre le maintien de certaines garanties de l'actuelle Constitution bolivienne. Cependant, sa voix dans la Constituante n'est pas suffisamment forte pour être écoutée. C'est pour cela qu'aujourd'hui les mouvements civiques de Santa Cruz, Tarija, Beni et Pando, vont définir les mobilisations qu'ils réaliseront pour obliger le MAS à approuver leurs auto-gouvernements. En contre-partie, Morales a déjà commencé à mobiliser les indigènes de l'orient et les aymaras de l'altiplano.

Sucre, Pablo Ortiz, Pagina/12, 24 juin 2007. Traduction: http://amerikenlutte.free.fr

 
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