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Venezuela: réforme constitutionnelle en question Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
24-09-2007

D'un côté, les adeptes de Chavez se manifestent en faveur de la réforme constitutionnelle vers un socialisme du XXIe siècle (avec des critiques ou des questionnements pour certains, NdT). De l'autre, une opposition divisée se mobilise et fait des forums. L'initiative propose, entre autres points, de créer de nouvelles formes de propriété.

Les quartiers et les places de Caracas respirent l'effervescence des assemblées publiques. Bien que cela paraisse un mensonge, chavistes et antichavistes discutent publiquement la réforme constitutionnellle soumise à un référendum en décembre. La réduction de la journée de travail, l'élimination de la grande propriété rurale, des monopoles et la création de nouvelles formes de propriété sont quelques uns des 33 articles à modifier avec lesquels le gouvernement a gagné les rues et l'iniciative politique. Bien que divisée, l'opposition veut récupérer le terrain perdu et plusieurs secteurs se sont mobilisés avant-hier contre la réforme, tandis que le gouvernement réalisait un rassemblement populaire. Quant à la principale centrale syndicale du pays, l'Union Nationale des Travailleurs (UNT), elle tente d'approfondir le processus politique ouvert vers le "socialisme".

"Nous n'allons pas permettre de déstabilisation. Qu'ils ne viennent pas dire que le http://static.pagina12.com.ar/fotos/20070924/notas/nac17.jpggouvernement de Chávez n'accepte pas la protestation! Non. Ils protestent. Mais il ne respectent pas cette Constitution. Ils ont voté contre elle en 1999. Et maintenant ils disent qu'elle est bonne et qu'il n'est pas nécessaire d'approuver la réforme, c'est quoi cette histoire?", a  dit avant-hier le ministre du Pouvoir Populaire pour les Relations Intérieures et la Justice, Pedro Carreño, selon la gouvernemen-tale Radio Nationale du Venezuela (RNV). Face à marée rouge, composée de travailleurs du ministère, de conseils communaux  et de communautés organisées, Carreño a leaderé la prise de serment des Comités de Défense du projet de Réforme Constitutionnelle (RC) célébrée sur la place La Candelaria, dans  la ville de Caracas. "Nous avons une Constitution et il y a des ennemis historiques des processus de libération des peuples",     a dénoncé Carreño qui estime que l'opposition cherche à engendrer le chaos pour éviter le référendum au travers de protestations sur les ervices publics et l'insécurité, a informé RNV.

Les mots du ministre faisaient référence aux groupes de l'opposition, comme le Commando National de la Résistance (CNR), associé à la droite qui a gouverné le Venezuela durant la dénommée Quatrième République, et l'Alliance Bravo Pueblo (ABP), qui avant-hier ont manifesté, avec une faible participation, vers le siège du ministère de Carreño pour refuser la réforme et l'insécurité, a informé le journal oppositeur El Universal. Cependant, un ordre municipal et un cordon d'effectifs de la  Police Métropolitaine les ont empêchés d'atteindre le ministère, L'opposition n'est plus la même depuis qu'elle a perdu la   capacité de mobilisation qu'elle avait en 2002 et 2003, en   grande partie en raison du fort soutien dont jouit le président vénézuélien Hugo Chávez. C'est pour cela que maintenant les opposants réalisent des forums et maintiennent un profil bas  dans les espaces publics. "Une mobilisation n'est pas envisagée", a assuré à Página/12 une source de Fedecámaras, l'association patronale la plus importante du Venezuela qui a appuyé le coup d'Etat militaire qui a renversé temporairement Chavez le 11 avril 2002.

Selon une enquête publiée hier par l'Institut Vénézuélien d'Analyse de Données (IVAD), 40,6 % des 1200 personnes interrogées ont dit qu'elles voteront en faveur de la modification de l'actuelle constitution, face à 22,5 % qui la refuseront. Des 33 changements proposés par Chavez à la Carta Magna de 350 articles que lui-même a impulsé et réussi à faire approuver après                                                être arrivé au pouvoir en 1999, le droit à la Sécurité Sociale pour les travailleurs comme les chauffeurs de taxi, les employées domestiques et les vendeurs informels est soutenu par 90,8 % de la population, suivi par la réduction de la journée de travail de huit à six heures, soutenue par 70,6 %.

Parmi les principaux acteurs sociaux qui soutiennent une partie des réformes se détache l'UNT, la centrale syndicale qui aujourd'hui avec plus de 1.200.000 d'affiliés a défendu le leader bolivarien quand il a subi l'éphémère coup d'Etat de 2002 et ensuite la grève pétrolière patronale organisée par Fedecámaras et l'autre centrale syndicale, la CTV, qui a s'est terminée en février 2003. "La réforme que le président propose montre que nous sommes dans un processus de changements, une situation révolutionnaire à chaque fois plus profonde, dans laquelle Chavez dans laquelle Chavez reprend à sa manière ce que le peuple et les travailleurs développent à travers de luttes et de mobilisations pour en finir avec l'exploitation et l'impérialisme", a dit à Página/12 Orlando Chirino, coordinateur national de l'UNT et dirigeant du principal courant syndical, Ccura, de gauche.

Cependant, Chirino s'est manifesté contre la méthode pour réformer la Constitution, revendiquant la nécessité que tout le peuple discute le contenu dans sa totalité -pas seulement 33 articles- au travers de mécanismes plus démocratiques que le dénommé "parlementarisme de rue". "Si nous allons au socialisme, nous devrions aller à une assemblée populaire libre et souveraine avec des délégués de travailleurs, de paysans, de communautés, d'étudiants, de membres des forces armées, qui dépasse l'assemblée constituante et qui qui repose sur une personne un vote", a proposé le syndicaliste de 58 ans et avec plus de quatre décennies d'expérience syndicale, requis depuis différentes régions du pays pour des activités et des conflits.

Le contenu du projet gouvernemental, a signalé le leader syndical, présente aussi des limites. "Il ne s'engage pas dans une perspective socialiste. La propriété capitaliste n'est en rien remis en cause. Le fruit du travail et les excédents que nous les travailleurs et travailleuses produisons continueront d'être appropriés par une minorité d'entrepreneurs ou dans le meilleur des cas par l?Etat depuis le point de vue capitaliste", a-t-il indiqué en référence à l'article 115 qui crée quatre nouvelles formes de propriété, parmi elles la mixte, laissant intacte la privée. Un autre problème, a dit Chirino, c'est que la nouvelle réglementation permettrait à partir de maintenant que les multinationales aient un pouvoir sur le sol, le sous-sol, les aires maritimes et toutes les ressources naturelles au moyen d'entreprises mixtes.

Derrière la réforme, le coordinateur de l'UNT perçoit le soutien de secteurs patronaux à quelques articles. Selon Chirino, le président de Fedecámaras, José Manuel González, a remercié le vice-président de la République, Jorge Rodriguez, pour s'être engagé à respecter la propriété privée des moyens de production. De même, Jose Augustin Campos, président de la Confédération des Agriculteurs et Eleveurs de Venezuela (Confagan), s'est prononcé en août dernier lors d'une conférence de presse, en faveur de la réforme présentée par le mandataire vénézuélien, a informé la chîne gouvernementale Vvive TV, de Venezuela. Des éléments importants à prendre en compte, a signalé Campos, ce sont ceux relatifs à la reordonnance territoriale, à l'établissement de sécurité sociale pour les travailleurs indépendants et à la réduction de la journée de travail à six heures.

Entre ses préoccupations, l'UNT craint que la création du fond de stabilité sociale et la diminution de l'horaire de travail - deux mesures que la centrale soutient - aient des effets contre-indiqués. "On peut ainsi légitimer l'exclusion de millions de compatriotes qui ne jouissent pas d'un véritable emploi et qui maintenant vont recevoir le bénéfice d'une allocation, quand ce dont il s'agit est que l'Etat et la Constitution garantissent le plein emploi dans de dignes conditions", a alerté Chirino en explicant que l'assurance sociale n'impliquera pas une prévision sociale complète. "Il n'est spécifié le fait que la réduction de la journée de travail n'implique pas de réduction de salaire ni augmentation de l'exploitation. J'espère que cela ne signifie pas des concessions aux entreprises en matière d'impôts et de responsabilité sociale comment justement cela a été le cas en France", a-t-il averti.

Juan Manuel Barca, Pagina/12 (Argentine), 24 septembre 2007. Traduction: http://amerikenlutte.free.fr

 
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