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Argentine : le répresseur Febres a été retrouvé mort trois jours avant son jugement Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
17-12-2007
Trois jours avant le jugement de l’ancien préfet Hector Antonio Febres, celui-ci a été retrouvé mort au siège de la Préfecture où il était détenu. Jeudi, on a su qu’il présentait de grandes quantités de cyanure. Justicia YA! avait dénoncé qu’il s’agissait d’un meurtre. Cette mort douteuse remet en question les privilèges de détention dont jouissent les génocides ainsi que le pacte de silence et d’impunité qui demeure entre eux.

Il y a quinze mois, avec la disparition de Jorge Julio Lopez, un nouveau voile d’impunité a été jeté. Lundi dernier, il y a eu une sensation similaire. L’ancien préfet Hector Antonio Febres, qui a torturé à la ESMA et livré les bébés nés en captivité, a été retrouvé mort au siège du Delta (Tigre, Province de Buenos Aires) où il avait des conditions de détention « vip ». Les pires soupçons ont été confirmés jeudi : il y avait de grandes quantités de cyanure dans le corps du répresseur. Tel que l’a soutenu le survivant Carlos Lordkipanidse, tout faisait penser à un « message mafieux ».

Quelques heures après, la juge qui intervient dans l’affaire a ordonné la détention de deux préfets et de quatre des membres de la famille de Febrés afin de tenter d’élucider si Febres s’était suicidé ou s’il avait été assassiné. « Quelqu’un qui se suicide le fait avec cinq milligrammes, pas plus. Il n’y avait pas que cinq milligrammes dans les corps de Febres, il été rempli de cyanure. Ce n’était donc pas un cachet. Indépendamment du fait qu’il s’agisse d’un suicide ou d’un meurtre, ce qui est grave est que le cyanure est parvenu à lui et pas n’importe où, dans un dépendance de la Préfecture », a soutenu l’ancien détenu disparu Enrique Fukman dans une interview à l’émission de radio Pateando el tablero.  

Comme l’a dénoncé le collectif Justicia YA!, Febres était logé au siège de la Préfecture presque dans les mêmes conditions que celles d’un hôtel de catégorie : la porte ouverte, un lecteur de DVD, des visites illimités et sans souffrir de contrôles. « Cela fait des années que nous dénonçons que les militaires qui sont dans des prisons militaires ou en résidence surveillée se déplacent comme s’ils n’étaient pas dans détenus. Ni la Justice ni le Gouvernement national n’ont pris de mesures », a dénoncé une fois de plus le membre de l’Association d’Ancien Détenus Disparus (AEDD).

Un mort durant la journée des Droits de l’Homme

Lundi était une journée importante non seulement en raison de l’investiture de la nouvelle mandataire argentine, c’était également la journée des Droits de l’Homme. Un autre élément est venu s’ajouter à cette date, le répresseur Febres, qui était en cours d’être jugé pour trois cas de tourments et une privation de la liberté à l’intérieur de l’Ecole Supérieure de Mécanique de l’Armée, a été retrouvé mort. Il ne manquait plus que quatre jours pour que Febres ait l’occasion de dire ses derniers mots devant le Tribunal Oral Fédéral nº5. 

Febres en savait beaucoup. Il pouvait rendre compte du sort d’au moins 3500 compagnons sur les cinq milles qui sont passés par la ESMA. Il savait parfaitement chez qui étaient les bébés nés à la ESMA car c’était lui qui les a livrés, il les emmenait jusqu’aux domiciles. Si Febres avait parlé hier, il aurait permis de commencer à changer cette histoire. Cette histoire qui nous dit qu’en Argentine il y a encore près de 500 disparus car ces jeunes dont l’identité a été soustraite sont des disparus », a manifesté Fukman.

Cependant, comme l’ont si souvent affirmé les survivants, le destin des enfants des disparus est un secret dans les structures militaires que l’on ne peut pas cacher. Enrique Fukman a raconté que lorsqu’il a été obligé à déclarer devant l’Armée en 1985, il avait vu que les membres de cette force disposaient du dossier qui lui avait été attribué pendant qu’il avait été séquestré à la ESMA. « Si l’Armée avait le dossier avec mon histoire de vie en 1985, cela veut dire que l’Armée avait un dossier pour chacun d’entre nous. Par conséquent, si l’Armée avait aujourd’hui la volonté de le faire, elle pourrait raconter ce qui est arrivé à chacun des compagnons et des bébés. Lorsque nous parlons de l’Armée, nous voulons dire que l’Armée a des chefs. Dans un gouvernement constitutionnel, le chef est le Président de la Nation. Voilà pourquoi la décision politique de rendre ces dossiers publics appartient aux présidents.

Il est vrai que la possibilité que Febres commence à briser le mur de l’impunité aurait été à portée de main, après des années de lutte. Mais la nouvelle de sa mort, que l’on a, dans un premier temps, voulu faire passer pour naturelle et qui a été dénoncée comme un meurtre, a entravé la possibilité de commencer à rendre justice. Fukman a reconnu que le sentiment face à la nouvelle était contradictoire. « D’abord, j’étais en colère, bien sûr, car on veut les voir condamné à perpétuité. Mais ma première réaction a été de dire que l’humanité n’aura plus à cohabiter avec un fils de pute ».

Pour sa part, l’avocate Myriam Bregman a exprimé : « Lorsque le Tribunal nous a appelé pour nous donner cette information, nous étions tous du même avis et avons dit simultanément : « ils l’ont tué ». Nous avons dû, comme pour l’affaire de Julio Lopez, affronter une opération. Même d’autres parties plaignantes ont très vite commencé à dire que Febres était mort d’infarctus. »

Febres mort, Lopez disparu depuis plus de quinze mois émergent comme des signes de l’impunité présente, malgré le drapeau des Droits de l’Hommes brandie par le Gouvernement. « C’est un véritable scandale pour le Gouvernement que la journée des Droits de l’Homme et celle de l’investiture de la nouvelle Présidente, alors qu’elle a elle-même évité toute référence à Julio Lopez dans son discours, une personne en rapport à l’impunité en Argentine ait été assassinée, » a résumé Bregman.

L’avocate de Justicia YA! a affirmé: “Il y a une politique de juger quelques cas emblématiques et de clore le problème de l’impunité en Argentine. Ils ont tenté d’avoir un discours très aiguisé concernant les Droits de l’Homme, d’introduire au staff des meetings officiels des personnalités emblématiques de la lutte pour les Droits de l’Homme, mais tout au contraire : ce n’est pas pour en finir avec l’impunité, pour qu’il n’y ait plus de répression aux mains de la préfecture ou de la police, mais seulement pour juger certains cas très emblématiques mais qui ne sont que la pointe d’un énorme iceberg ».

 

ANRed, 16 décembre 2007. Traduit par eli.

http://amerikenlutte.free.fr

 
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