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Guatemala : syndicat coupé à la base Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
20-12-2007
Voici plusieurs années, les multinationales fruitières comme Chiquita ont fait le choix de se défaire des plantations qu’elles possédaient. Pour s’approvisionner, elles font désormais appel à des sociétés locales dont les pratiques anti-syndicales sont bien connues.
 
 
La côte Sud du Guatemala est de plus en plus attractive pour ces sociétés bananières, avec l’existence d’une main d’oeuvre locale encore très peu organisée à l’heure actuelle. Dans un contexte extrêmement difficile, des syndicats tentent de voir le jour dans ces plantations, mais ils subissent une répression sans concession. C’est le deuxième appel en un mois que nous réalisons à leur demande (voir appel n°311, du 25 octobre 2007 Guatemala : retour des escadrons de la mort). Cette fois, c’est Chiquita qui est visée : la multinationale ne peut s’affranchir des responsabilités qu’elle s’est elle-même engagée à assumer !

Depuis le 21 novembre 2007, les propriétaires de bananeraies de la côte Sud du Guatemala ont clairement opté pour la stratégie de la tension afin d’étouffer toute tentative d’organisation des ouvriers des plantations. Un syndicat a tenté de se mettre en place : certains responsables ont été dispersés, quand d’autres ont accepté de monnayer leur silence. Les premières démarches conduisant à la création de ce syndicat datent de juillet 2007. Les ouvriers décident alors de s’organiser pour négocier un accord collectif avec leur employeur, Frutera Internacional. Ils revendiquent l’application du salaire minimum légal et réclament que leur patron établisse les déclarations sociales réglementaires. Ils veulent aussi en finir avec la succession de contrats précaires (moins de 50 jours) qui permet à l’entreprise d’échapper à certaines charges sociales. Selon la réglementation guatémaltèque, le syndicat dépose donc une première liste, théoriquement confidentielle, de ses membres auprès du Bureau du ministère du Travail du département d’Escuintla et la création du SITRABANSUR [1] est actée dans les publications officielles du pays le 14 novembre 2007.

Menaces sur les ouvriers

A la plantation Olga Maria, où travaillent les syndicalistes, la situation va brusquement se tendre à partir de cette date. Ainsi, le lendemain, à 14 h, les dirigeants de l’entreprise (Alberto Fuentes Barcenas et Luis Arturo Calderon Orellana) accompagnés du responsable des ressources humaines convoquent sans préalable une vingtaine de travailleurs inscrits sur une liste. Tous les arguments sont avancés pour inciter les ouvriers à renoncer au syndicat qu’ils ont implanté. Les menaces de licenciement succèdent à celle de la fermeture pure et simple de la plantation. Il sera même évoqué le versement de primes (440 €) à ceux qui abandonneraient leur engagement syndical. Dans la nuit du 16 novembre 2007, quatre membres du service privé de sécurité de la plantation, fortement armés, s’invitent aux domiciles des responsables du syndicat. Ils les rendent responsables de la fermeture éventuelle de la plantation et exigent qu’ils renoncent. Le 17 novembre 2007, le syndicat informe officiellement les autorités judiciaires et le ministère du Travail des pressions dont il est victime. Le soir même, le Secrétaire Général du SITRABANSUR, German Aguilar, est sequestré dans les bureaux et violemment menacé. On lui intime l’ordre de transmettre la liste complète des membres de son syndicat. Il est enfin libéré à 18 heures, le 18 novembre 2007. Le lendemain plusieurs ouvriers sont victimes de brimades et de harcèlement. On alloue à certains des outils défectueux et on pointe ensuite la mauvaise qualité de leur travail. Deux autres travailleurs sont affectés dans un secteur isolé de la plantation. Sur le chemin, les responsables de la sécurité les interpellent et les menacent de mort. Le lendemain, c’est le directeur de la plantation qui profère les menaces : “si le syndicat ne renonce pas, on verra bientôt flotter des corps dans la rivière”. Puis il conseille ironiquement aux syndicalistes de ne pas se “déplacer seuls en ville”.

Syndicalistes expulsés, Chiquita concernée

Enfin, le 21 novembre 2007, dans une grande confusion, 24 ouvriers et leurs familles sont chassés de la plantation sans ménagement. Certains finissent par accepter des sommes d’argent pour quitter la région. Mais la moitié d’entre eux fait front et résiste aux pressions. Le 23 novembre 2007, la juge du tribunal d’Escuintla se rend à la plantation. Le personnel de sécurité lui bloque le passage et lui en interdit l’entrée. De la même manière, un inspecteur du travail venu constater la situation des ouvriers expulsés, sera éconduit. La plantation Olga Maria produit des bananes commercialisées par le biais de la société Frutera Internacional. dont le propriétaire est Francisco Bolaños, un homme bien connu des syndicats des bananeraies pour ses pratiques brutales, et qui entretient des relations avec des membres éminents de la magistrature du Guatemala.

rutera International fournit la multinationale agro-alimentaire Chiquita pour les marchés états-uniens et européens. Cette situation est le résultat de la politique de la multinationale qui préfère se fournir auprès de sociétés locales, plutôt que d’assumer la responsabilité des conditions de travail dans les plantations. Or, en 2001, Chiquita s’est engagée publiquement pour la liberté d’association, les normes minimales de travail et l’emploi dans le secteur bananier en Amérique latine (cf. en savoir plus). C’est la raison pour laquelle les syndicats des bananeraies et les organisations de solidarité ont interpellé la multinationale pour qu’elle intervienne auprès de son sous-traitant. Mais pour l’heure, la direction de la société guatémaltèque nie toute implication... Devant la gravité de la situation et en conformité avec les principes de l’accord qu’elle a signé, Chiquita doit intervenir. C’est à nous de le lui rappeler.

POUR EN SAVOIR PLUS : http://www.peuples-solidaires.org/article838.html

[1] Syndicat des travailleurs de la Bananeraie du Sud. Le SITRABANSUR est affilié à l’UNISITRAGUA, l’une des deux unions syndicales qui regroupe les travailleurs des plantations.



http://hns-info.net/
 
 
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