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Etat d'urgence au Pérou, 5 morts Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
21-02-2008

Quatre morts, des dizaines de blessés et plus de 150 détenus c'est le solde des deux premiers jours d'une grève agraire qui s'accomplit au niveau national. Le gouvernement d'Alan García a répondu en déclarant l'état d'urgence dans les zones les plus convulsionnées et en ordonnant que l'armée réprime les manifestants et ouvre les routes prises lundi par les paysans. Le premier ministre, Jorge del Castillo a publiquement exigé au Pouvoir Judiciaire qu'il emprisonne et inculpe pénalement les manifestants et applique une loi draconniène qui donne des peines de jusqu'à huit ans pour empêcher la circulation.

 

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Lors du premier jour de la grève illimitée, un agriculteur a été tué dans un choc avec la police durant une coupure de la Panaméricaine Nord, à environ 180 kilomètres de Lima. Et hier, à Ayacucho, dans la sierra centrale du pays, deux paysans ont été assassinés  dans des affrontements avec les forces de sécurité, tandis qu'un autre manifestant est mort à Arequipa, à environ mille kilomètres au sud de Lima, après être tombé dans un ravin après avoir été touché par une bombe lacrymogène.

Le gouvernement a essayé d'enlever de l'importance à la grandeur de la protestation, en qualifiant la grève  comme un "échec" et en attribuant le blocage de routes aux "groupes radicaux", mais ce qui est certain c'est que des milliers de paysans ont protesté dans tout le pays. Les syndicats paysans ont assuré que la grève a été suivie par 80 pour cent de leurs bases. Les paysans protestent contre le Traité de Libre Commerce (TLC) avec les États-Unis, qui permet l'entrée sans paiement de droits de douane de produits agricoles nord-américains subventionnés et et exigent que le gouvernement leur octroie des compensations économiques face aux pertes que le TLC leur apportera. Une étude du Groupe d'Analyse pour le Développement (Grade) établit que le TLC produira des pertes dans le secteur agricole pour environ 200 millions de dollars par an et que la plupart de cette facture, la paieront les paysans andins, les plus pauvres du Pérou. Les syndicats paysans exigent aussi, parmi d'autres demandes, une réduction du prix des fertilisants et que soit empêché la vente de leurs terrains à cause de dettes qu'ils n'ont pas pu payer à cause de la crise dans le secteur.

Lundi, alors qu'il annonçait le départ de l'armée et menaçait d'emprisonner ceux qui continuent les protestations, le premier ministre Del Castillo a offert de dialoguer avec les syndicats paysans, en mettant comme condition la levée de la grève. Parmi les syndicats paysans, les premières fissures ont commencé à s'ouvrir. Luis Zúñiga, le président de la Convention Nationale Agraire, a annoncé que son organisation levait la grève pour dialoguer avec le gouvernement. Mais Antolín Huáscar, président de la Confédération Nationale Agraire, avec une présence fondamentalement dans les zones andines, a annoncé la continuation des protestations.

La grève agraire se produit au moment où le gouvernement est confronté à de sérieux problèmes sur plusieurs fronts. A Cuzco est annoncée pour les prochains jours une grève régionale contre une loi qui permet l'installation d'hôtels et de restaurants de luxe dans les monuments archéologiques. Dans la forêt aussi des protestations en refus d'une proposition de privatiser l'Amazonie, en remettant de grande étendue de terrains aux entreprises privées. Et 17 des 24 gouvernements régionaux se sont rebellés contre le gouvernement central, en se refusant à honorer une loi pour que soient embauchés dans les collèges publics uniquement les maîtres qui ont étudié dans leurs centres d'étude. Le gouvernement a annoncé qu'il dénoncera pénalement les présidents régionaux qui ne s'acquittent pas de cette loi, mais ceux-ci maintiennent leur refus de l'appliquer. Le syndicat des maîtres, qui en juillet a mis contre les cordes le gouvernement avec des mobilisations massives, annonce aussi des marches de protestation. En attendant la tension sociale se réchauffe dans tout le pays, le gouvernement recommence à montrer son visage le plus autoritaire, en appelant les militaires pour réprimer les manifestations et et menaçant d'emprisonner ceux qui participent aux protestations contre une administration qui apparaît à chaque fois plus isolé par un mouvement social de mécontentement contre sa politique néolibérale.

Lima, Carlos Noriega, Pagina/12, 20 février 2008.

http://www.pagina12.com.ar/diario/elmundo/4-99212-2008-02-20.html

Traduit par http:amerikenlutte.free.fr

 
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