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Colombie: Alvaro Uribe contre la libération des otages Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
07-03-2008

Même à l'époque des dictatures militaires, les dictateurs n'ont réalisé d'actions comme celle qu'a ordonné Uribe en Équateur. Malgré l'affinité idéologique, les militaires étaient jaloux de la présence de forces d'autres pays dans leurs territoires. Pour pouvoir le faire, ils ont créé une infrastructure spéciale nommée Opération Condor. Chaque fois qu'un répresseur s'introduisait dans un pays voisin, il annonçait et coordonnait avec les locaux. Ce qu'a fait le mandataire colombien, Alvaro Uribe, n'aurait pas été permis ni même par ces dictatures qui avaient un soubassement doctrinaire (la doctrine de la sécurité nationale et la troisième guerre mondiale) assez apparenté à l'actuelle guerre contre le terrorisme de George Bush.

La réaction furibonde du président équatorien Rafael Correa est due au fait que l'opération antiguerrillera a été montée en profitant du processus de négociation, qui comptait avec l'autorisation du même Uribe, qu'avaient commencé plusieurs pays, en particulier la France et l'Equateur, utilisant comme voix de contact le président venezuelien Hugo Chavez. Tous ont été critiques avec les FARC. Les forces armées de l'Équateur ont démontés plus de 40 campements guerrillero à la frontière. Personne ne pourra dire que le président conservateur de la France, Nicolas Sarkozy, est pro guérilla. Et même Chávez a été très critique avec la guérilla colombienne.

Le processus de négociation pour la libération des otages a impliqué des contacts, des offres (économiques et politiques), et naturellement, dans un procesus de négociation, on évite les déclarations publiques qui l'entravent. Bien que cela ne lui plait pas, Uribe avait connaissance de tous ces contacts et des conversations avec les FARC, dont le porte-parole était Raúl Reyes.

Il y avait des antécédents. Quand a eu lieu la première remise de preuves de vie, Uribe a embusqué les messagers et frustré ce début de négociation. Quand a eu lieu l'Opération Emanuel, les forces armées colombiennes ont bombardé durant un mois et demi la zone où devait se faire la remise des premiers otages et l'opération ne s'est pas faite. Les Français assurent que la négociation avait avancé à nouveau avec la libération d'autres otages la semaine dernière. Pour eux, l'accord pour libérer Ingrid Betancourt et d'autres otages était imminent. A ce moment s'est produite l'attaque où est mort le négociateur de la guérilla, qui pour accomplir sa fonction s'était placé en situation très vulnérable. Bien que l'opération eût été planifiée depuis quelques jours avant sa réalisation, Uribe n'en a pas prévenu Correa, qui conformément à Uribe négociait également avec les FARC.

Après l'attaque, Uribe a menti à Correa, lui disant que c'était une réponse défensive et Correa a réagi dans un premier temps avec résignation, sûrement responsabilisant les faits à une attitude de provocation irraisonnable de la part des FARC. Quelques heures plus tard, il s'est rendu compte que l'attaque sur son territoire avait été planifiée auparavant, que d'abord Uribe la lui avait caché et qu'ensuite il lui avait menti et que autant lui même que Chávez avaient involontairement participé au piège (tendu à Reyes, NdT).

Ensuite Uribe a été déloyal avec tous parce qu'il a présenté le contenu des négociations -auxquelles il avait consenties et dont il était informé- comme une connivence avec la guérilla. "Nous sommes fatigués des mensonges des FARC", argue Uribe pour disqualifier toute possibilité de négocier une sortie pacifique avec la guérilla. Le paradoxal c'est que tout au long de ce processus de déjà plusieurs mois, celui qui apparaît comme le protagoniste le moins fiable est Uribe lui même.

Luis Bruschtein, Pagina/12 (Argentine), 6 mars 2008.

http://www.pagina12.com.ar/diario/elmundo/subnotas/100206-31579-2008-03-06.html

Traduit par http://amerikenlutte.free.fr

 
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