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Argentine : les nazis passent à l’offensive Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
04-10-2006

Le dernier président de la dernière dictature militaire (1976-1983), Reynaldo Benito Bignone [1], a signé et publié dans la page Internet de "Argentins pour la Mémoire Complète", qui convoque demain un rassemblement pour revendiquer le terrorisme d’Etat, un message dans lequel il s’adresse aux jeunes argentins et leur dit "Terminez ce que nous n’avons pas su, nous n’avons pu finir", et dans lequel il ne montre aucun repentir pour le génocide et appelle la jeunesse à s’"attaquer" à ceux qui, "chargés de haine, ont déformé l’histoire moderne argentine" [2].

Depuis l’annulation des Lois d’Impunité [3], les procès contre les militaires et policiers pour les 30 000 assassinats, enlèvements, torture, viols, appropriation de bébés, pillage des biens et propriétés se réactivent. Le 20 septembre dernier, Miguel Etchecolatz, ex directeur des renseignements de la police de la province de Buenos Aires a été condamné à la prison à perpétuité pour "génocide".
Premier d’une longue série de procès de hauts fonctionnaires de la dictature. Depuis le 25 septembre, Jorge Lopez, témoin clef du procès contre Etchecolatz, a "disparu" et tous les jours, juges, procureurs, membres des organismes de défense des Droits Humains et témoins des procès recoivent des menaces.

Les forces de Sécurité argentines, armée, police, services de renseignements (SIDE) ont encore des membres qui étaient en activité sous la dictature [4]. Il y a quelques semaines, on a appris que Juan Jose Alvarez, ex ministre de Justice, Sécurité et Droits Humains (sic) au moment des assassinats des piqueteros Dario et Maxi, en juin 2002, avait fait parti de la SIDE sous la dictature.

Le 2 octobre dernier, lors de la manifestation à La Plata pour l’"apparition en vie" de Jorge Lopez, Nilda Eloy, autre survivante de la dictature qui fut témoin au côté de Lopez contre Etchecolatz, a soutenu que : "l’unique information sur Jorge est le manque d’information. Se font des "ratissages de zones" sans résultats, des messages sont analysés sans résultats et on offre une protection aux témoins. Je ne veux pas de protection de la part de la police de Buenos Aires. L’unique chose qui va nous garantir l’apparition de Jorge et la sécurité des procès, la sécurité de tous et de chacun de nous, est que depuis le gouvernement et l’Etat on en termine avec l’impunité.
L’État doit prendre la décision de nous accompagner et de jeter à bas le mur de l’impunité. Il y a des milliers de répresseurs dans les rues, nous ne savons pas combien encore en situation d’activité."

Au sein de l’Armée, cette arrivée tardive de la justice provoque des "protestations". Lors d’une cérémonie au Collège Militaire l’année dernière, au moment où Kirchner a prononcé son discours, dans l’assistance, quelques officiers lui ont tourné le dos. Le 24 mai dernier, a été organisé un rassemblement en "hommage aux militaires morts dans la lutte contre la subversion" pendant lequel a été revendiqué le terrorisme d’Etat. Toute la question est de savoir combien sont les opposants à la "légalité" républicaine et à l’action de la justice. Ce jeudi 5 octobre, de nouveau les militaires se mobilisent, en réclamant l’ouverture de procès contre les "terroristes" (c’est à dire les membres des ex guerrillas des années 70 alors que celles-ci étaient quasiment démantelées quand les militaires ont pris le pouvoir en 76). "Notre effort est dédié aux hommes et aux femmes qui dans la décennie 70 on porté un uniforme pour défendre la patrie", portent-ils comme consigne, et réclament également la libération de Miguel Cavallo, détenu en Espagne. Ce rassemblement est organisé par la Commission d’Hommage Permanent aux Morts par la Subversion et l’Association des Familles et Amis des Prisonniers Politiques (sic), deux entités liées à des secteurs de l’Armée qui revendiquent le terrorisme d’Etat.

Et pendant ce temps là, l’Eglise catholique argentine se tait (comme elle s’est tue pendant la dictature) ou bien déclare ""il ne faut pas encourager la haine et lever le doigt accusateur à la recherche d’une vengeance". Comme les argentins le crient dans les manifestations : "Iglesia Basura Vos Sos La Dictadura", "Eglise Ordure Tu Es La Dictature".

[1] Bignone a été emprisonné après avoir été considéré responsable par la Justice du plan systématique de vol de bébés. En octobre 2005, la Chambre Fédérale a ordonné sa mise en liberté parce qu’elle a considéré que le terme de la prison préventive avait pris fin.

[2] Le 1 octobre, un militant politique qui a une importante participation dans les mobilisations pour l’apparition en vie de Lopez a été sauvagement agressé par trois inconnus. Il a été hospitalisé pour des lésions au visage, des coupures à la tête et des coups au corps.

[3] Loi de Point Final et Loi d’Obéissance dûe promulguées par l’ex président Alfonsin dans les années 80 pour éviter que les militaires ne soient condamnés et pour anihiler les menaces de nouveau coup d’Etat.

[4] Avec la disparition de Jorge Lopez, survenue dans la province de Buenos Aires, cette police est suspectée. A noter également que le ministre de la Sécurité de la province a procédé à plusieurs purges de policiers corrompus et récemment après la disparition de Lopez a annoncé la mise à l’écart de 60 policiers en activité dans des centres clandestin de détention sous la dictature. Mais le cadre légal n’est pas synonyme de légalité, depuis 2003, 506 personnes ont été assassinées, la moitié par "gâchette facile", l’autre dans des prisons ou des commissariats.

 Voir :
-  Argentine : menaces fascistes
http://hns-info.net/article.php3 ?id_article=9287
-  Argentine : les fantômes du futur
http://hns-info.net/article.php3 ?id_article=9311
-  Argentine : historique condamnation pour génocide
http://hns-info.net/article.php3 ?id_article=9180

Buenos Aires, 04 octobre 2006.
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