Menu Content/Inhalt
Accueil
OGM et soja: Influences d'une puissante industrie Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
15-05-2008
En Argentine, des enquêteurs indépendants, des organisations sociales, des populations affectées, des communautés paysannes et indigènes coïncident dans la même revendication : l'urgente réalisation d'études sur les produits agrotoxiques et leurs effets à court, moyen et long terme. "Les corporations comme Syngenta ou Cargill, pour en citer seulement deux, disposent d'un pouvoir économique et de lobby politique suffisant pour difficulter n'importe quelle investigation qui pourrait montrer le néfaste de ce modèle agricole", dénonce le Mouvement National Paysan Indigène (MNCI).
 

http://static.pagina12.com.ar/fotos/20080514/subnotas/na07fo02.jpg
 
Jorge Kaczewer, médecin de l'Université de Buenos Aires (UBA) spécialisé en écotoxicologie et compilateur d'investigations sur la monoculture de soja, complète : "Les entreprises comme Monsanto, Novartis et Bayer impulsent la suppression du dissentiment, avec une influence qui semble générer chez les scientifiques une cécité sélective qui les fait ignorer ou mal interpréter  l'évidence scientifique".

Avec un marché concentré (seulement dix compagnies contrôlent 57 pour cent du marché mondial de graines) et une facturation sidérale, l'industrie transgénique est dénoncée pour son pouvoir d'incidence avec ceux qui doivent la contrôler. Jusqu'à l'Agence de Protection de l'Environnement (EPA) des Etats-Unis est accusée d'avoir cédé sous leurs pressions. En août 2006, des leaders syndicaux de l'EPA ont accusé les autorités de l'organisme de céder devant la pression politique et de permettre l'usage d'agrotoxiques préjudiciables. "Les foetus, les femmes enceintes, les enfants et les vieillards couurent de graves risques", dénonçaient-ils. L'EPA avait omis des études scientifiques que contredisaient les patronnés par l'industrie des pesticides. "La direction de l'EPA a priorisé l'industrie de l'agriculture et les pesticides avant que notre responsabilité pour protéger la santé de nos citoyens", terminait le communiqué.

"Le Programme de Pesticides de la EPA constitue un véritable groupe de tâches du `lobby pesticide' ", assure Kaczewer. Parmi ses preuves, il exhibe une étude du Groupe de Travail Environnemental des Etats-Unis, qui a fait des recherches sur l'origine des revenus des évaluateurs de plus haut rang dans l'EPA et a constaté que, depuis qu'a commencé le Programme de Pesticides de cet organisme gouvernemental, deux tiers d'entre eux recevaient une partie de leur salaire d'entités de l'industrie agrochimique.

"Il existe un système complexe destiné à empêcher la publication de découvertes défavorables. Des entreprises gigantesques imposent le type science et d'investigation scientifique qui doit être faite. L'absence d'études toxicologiques à long terme et de bio-essais dans les eaux et les sols n'est pas un hasard", dénonce Kaczewer et cite comme exemples locaux l'influence, à travers des subventions, sur les universités. "Les corporations achètent des départements complets d'universités publiques, non seulement dans la partie agronomique, mais dans la partie biologique, dans la partie médicale. Les directeurs des multinationales ont acheté des signatures de scientifiques et la littérature du complexe du soja est infectée de papers ridicules".

L'influence de l'agroindustrie a aussi avancé sur d'autres domaines. En 2003, des paysans de Colonia Lomas Senes, province argentine de Formosa, ont dénoncé les fumigations avec du glyphosate (Roundup, nom commercial du produit) dans la zone. Ils ont exhibé leurs plantations ruinées, ils ont montré des certificats médecaux qui confirmaient des symptômes d'empoisonnement et des photographies de leurs animaux morts. Dans une mesure inhabituelle, la juge Silvia Sevilla a ordonné la cessation immédiate des fumigations avec le Roundup. Elle a créé un précédent, ce fut la première fois qu'a été dictée une mesure de ce type. Depuis lors, elle a été déclaré ennemi des entreprises de monocultures et a commencé un processus de harcèlement de la part de ses paires, de ses supérieurs et du pouvoir politique. En décembre 2007, il a été mis fin à ses fonctions sous les accusations de "mal d'exercice dans la charge".

"Ils ne m'ont jamais pardonné de freiner les fumigations. Il y avait des ministres du gouvernement impliqués, des juges m'ont mis la pression pour que je fasse  marche arrière. Et le procès de ma destitution a été un cirque. La vie m'est devenue chaque fois plus compliquée. Il m'est très difficile de travailler dans la profession, les juges me rendent la vie impossible (...)", a affirmé Silvia Sevilla. L'avocate des paysans plaignants, Roxana Silva, a été catégorique : "Ils l'ont virée  pour avoir fait son devoir. Tous ses jugements ont été adaptés aux droits et ici cela est un péché. Personne ne peut se mettre contre le pouvoir politique et les chefs d'entreprise du soja".

A Formosa, ils continuent d'utiliser du roundup. Aucun autre juge n'a interdit les fumigations.

Darío Aranda, Pagina12, 14 mai 2008.
 
Voir aussi les reportages diffusés sur la la Télé Suisse Romande et sur Arte
 

Traduit par http://amerikenlutte.free.fr
 
< Précédent   Suivant >

Soutien !

Si vous voulez collaborer au site en proposant des traductions ou soutenir financèrement ce projet 100 % indépendant, merci de nous contacter !