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Péru : Garcia retourne sa veste, les syndicats dans la rue Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
27-09-2006

Deux mois après avoir assumé le gouvernement, Alan Garcia a déjà dû faire face aux premières grèves et mobilisations de protestation.

Lors d’une marche qui a surpris les membres du gouvernement, alors qu’ils attendaient une faible participation ils se sont retrouvés avec des milliers de manifestants dans les rues, la Confédération Générale de Travailleurs du Pérou (CGTP), la plus grande centrale syndicale du pays et qui est historiquement liée au Parti Communiste, a pris la tête il y a une semaine, avec des marches à Lima et dans les principales villes du pays, de la première protestation syndicale contre le gouvernement de Garcia.
Les syndicats accusent García de faillir à ses promesses électorales de changer le modèle économique néolibéral et de restituer les droits du travail que le gouvernement de Fujimori (1990-2000) a éliminés, et de s’être allié avec les entrepreneurs et la droite. Le syndicat portuaire a paralysé les ports avec une grève qui a duré une semaine et qui s’est résolue il y a deux jours après une négociation qui a débouché sur une augmentation du paiement des dockers. Cette négociation a été critiquée par les secteurs les plus à droite du gouvernement. Les travailleurs du secteur de la santé ont aussi été mobilisés en exigeant des améliorations salariales.

"La protestation ne se justifie pas. Le gouvernement a à peine deux mois", a réagi le premier ministre, Jorge del Castillo. Mais le gouvernement ne s’est pas limité à des déclarations et a contre-attaqué en présentant au Congrès un projet de loi qui vise directement la direction syndicale.
Ce projet prétend obliger les syndicats à ce que leurs dirigeants soient choisis par un vote direct et secret de tous leurs affiliés et non par l’actuel système de délégués. Le paradoxe est que l’actuel comité directeur du parti APRI (de Garcia), dont le secrétaire général est le premier ministre Del Castillo, a été choisi par le système de vote des délégués que maintenant met en cause le gouvernement en l’accusant d’être anti-démocratique. La CGTP a refusé le projet et a accusé le gouvernement d’essayer d’intervenir sur les syndicats pour déstabiliser leurs directions. Cela a tendu encore plus la relation entre le gouvernement et les syndicats.

"Avec cette marche nous avons rappelé au gouvernement que le peuple a voté pour le changement, ce qui s’est exprimé dans le vote pour Humala et pour le propre García au premier tour, et et que s’il insiste pour maintenir le modèle néolibéral alors les protestations continueront et croîtront", a signalé à Página/12 Juan Jose Gorriti, secrétaire général de la CGTP. "García ne va pas mettre en application les réformes au modèle économique que demande la population et cela peut lui créer de sérieux problèmes", a déclaré à ce journal Albert Adrianzén, analyste politique et journaliste de La Republica. "La marche de la CGTP annonce une revitalisation du mouvement syndical et social, et le commencement d’une opposition au gouvernement dans les rues", pense Carlos Reyna, politologue de l’Université Catholique.

Durant la campagne électorale Garcia a offert de créer un impôt sur les super-profits des entreprises minières, mais une fois élu il a changé cette proposition pour un "apport volontaire" pactisé avec les entreprises. Il a aussi annoncé la réduction des tarifs des services publics privatisés mais maintenant il assure que l’État ne doit pas intervenir sur ce thème. Après avoir durement mis en cause le modèle néolibéral durant la campagne électorale, Garcia a opté pour des connotés défenseurs du néolibéralisme à des postes clés du maniement économique, en commençant par son ministre de l’Economie, Luis Carranza, un néolibéral de ligne dure. Pour la présidence de la Banque Centrale de Réserve (BCR), il a choisi l’économiste Julio Velarde, qui était chef du plan du gouvernement de droite de Lourdes Flores, et comme directeurs du BCR, il a désigné des personnages importants liés à la droite économique, y compris un ex-ministre fujimoriste. Et pour couronner le tout, Garcia a aussi incorporé dans son gouvernement l’entrepreneur Arturo Woodman, qui a été candidat à la viceprésidence dans la formule de Lourdes Flores et dont les liens avec le fujimorisme et avec le plus grand groupe économique du pays ont été durement critiqués par le propre Garcia durant la campagne électorale. Avec toutes ces données en main, les syndicats sont descendus dans la rue.
Garcia jouit encore d’une grande popularité -autour de 70 %, selon les sondages-, mais il fait face maintenant à une opposition syndicale qu’il n’espérait pas voir aussi vite dans les rues.

Lima, Carlos Noriega, Pagina/12 (Argentine), 27 septembre 2006. Traduction : Fab, Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir

 
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