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Argentine: 75 jours de conflit entre le gouvernement et les agriculteurs Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
28-05-2008
Aujourd'hui s'accomplissent 75 jours depuis le début du conflit gouvernement-producteurs agricoles commencé le 13 mars dernier pour protester contre la hausse des rétentions (taxes aux exportations). Depuis lors, il y a eu lockout, blocages de routes, cacerolazos,  désapprovisionnement, tentatives de lier le soja avec la Patrie, accusations croisées, négociations frustrées, quelques concessions pour essayer de désactiver la protestation et jusqu'à des dirigeants ruraux "retranchés" dans le Ministère de l'Economie dans l'attente d'une réponse à leur revendication.
Quelques fonctionnaires ont laissé entendre hier que l'accord est proche parce que le Gouvernement est finalement disposé à faire des modifications pour garantir le fonctionnement du "marché du futur". Cependant, des sources des organisations agricoles ont assuré à ce journal qu'elles n'avaient pas encore reçu la convocation officielle pour la réunion qui serait réalisée aujourd'hui. Leur demande est la même : discuter les rétentions sans euphémismes. Pour essayer de comprendre comment continuera la négociation, Página/12 expose à continuation ce qui est en train d'être discuté, quelles avancées il y a eu jusqu'à présent, pourquoi les producteurs ne sont pas conformes et pourquoi le Gouvernement se refuse à satisfaire toutes leurs demandes.

- Comment a commencé le conflit ?

- le 11 mars. le Gouvernement a annoncé une hausse des rétentions aux exportations de soja et de tournesol,  portant les impôts qui s'appliquent à ces cultures à 44 et 39 pour cent respectivement. En justifiant la mesure, il a été affirmé qu'elle était de mettre un plafond au prix des aliments sur le marché interne et il a été précisé qu'elle n'affecterait pas la rentabilité prévue par les producteurs au moment des semailles parce que l'augmentation des prix internationaux leur garantissait les mêmes recettes que celles qu'ils avaient eues en décembre, même avec les nouvelles rétentions. De plus, un mécanisme de mobilité a été introduit pour ne pas avoir à modifier son aliquote à chaque fois que les prix montent ou descendent.  Depuis lors, la taxe fiscale varie conformément au prix international en prenant comme référence une "table" qui établit sa progressivité. La nouveauté a été connue quand les agriculteurs allaient commencer la récolte de soja et cela a motivé une forte opposition des dirigeants ruraux qui le lendemain ont convoqué un lockout. Il était initialement prévu que la mesure de force durerait deux jours mais ensuite elle s'est étendue jusqu'à se transformer en la plus grande protestation agraire de l'histoire argentine.

- Qu'est-ce que demandent les dirigeants ruraux ?

- la revendication principale est l'annulation de la hausse des rétentions annoncée le 11 mars, mais à mesure que le conflit a crû en intensité, les dirigeants ruraux ont mis en débat la politique agricole et ont même encouragé à aller au-delà du sectoriel en questionnant la politique économique dans son ensemble. Ce type de critiques a amené quelques fonctionnaires à voir dans le mouvement "paysan" une tentative de déstabilisation politique, mais les dirigeants de l'agro continuent de répéter que leur priorité est de revenir au niveau de rétentions du soja à 35 pour cent ou au moins à modifier le critère de mobilité.

- Quelles concessions le Gouvernement a-t-il faites jusqu'à présent ?

- le 30 mars, au milieu du premier lockout, la présidente Cristina Fernandez de Kirchner a annoncé que les fermiers qui produisent jusqu'à 500 tonnes recevront la différence entre ce qu'ils paient pour les rétentions au moment de la vente de leurs grains et ce qu'ils déboursaient pour faire face à cet impôt avant la dernière hausse. De cette façon, c'est un retour à la situation qui prévalait la veille de l'annonce qui a motivé la protestation rurale. De plus, ceux qui sont placés à plus de 450 kilomètres du port recevront une subvention pour couvrir les coût de transport additionnels. Le chef de Cabinet de la présidence a assuré que ces deux mesures bénéficieront à 62.500 producteurs qui verront réduire la rétention à 30 pour cent, moins que ce qu'ils  payaient jusqu'au 10 mars parce qu'alors une subvention au fret n'existait pas. De plus, on a créé un sous-secrétariat de Développement Rural et d'Agriculture Familiale pour dessiner des politiques pour les petits producteurs, et a été congédié le ministre de l'Economie, Martin Lousteau, qui avait dessiné le schéma de rétentions mobiles. (...)

- Pourquoi le Gouvernement ne fait-il pas marche arrière avec la hausse des rétentions ?

- Les fonctionnaires affirment que les rétentions aux exportations sont le mécanisme le plus effectif pour décélérer la hausse du prix des aliments sur le marché interne. De plus, ils signalent que la majorité des fermiers produisent moins de 500 tonnes et que leur revendication a déjà été contemplé par les réintégrations et les subventions aux frets. Finalement, ils ajoutent qu'une marche arrière sur ce point serait lue comme une démonstration de faiblesse et ouvrirait la porte à n'importe quel secteur qui pourrait croire que les décisions de l'Exécutif peuvent changer si on lui met suffisament la pression.

- Les rétentions peuvent-elles arriver à 95 pour cent avec l'actuel système ?

- Le titulaire de la Fédération Agraire, Eduardo Buzzi, a signalé à plusieurs occasions durant les derniers jours qu'avec l'actuel système, les rétentions aux exportations peuvent arriver à 95 pour cent, mais ce qu'il affirme est faux. Seulement si le prix du soja dépasse les 600 dollars la tonne (il cotise actuellement à près de 450 dollars), l'État se retouverait avec 95 pour cent, mais ce pourcentage s'appliquerait seulement sur le profit obtenu au-dessus des 600 dollars et non sur le montant total.

- L'actuel système affecte-t-il le marché du futur ?

- Oui, dans l'hypothèse où le soja arrivera à dépasser les 600 dollars, 95 pour cent de rétention qui s'applique sur le profit marginal agirait comme un prix maximal en affectant le marché d'avenir. Pour cette raison, le Gouvernement a dit qu'il a une proposition pour résoudre ce point Une alternative possible est de mettre un plafond à la mobilité quand la rétention arrivera, par exemple, à 50 pour cent et une autre option est de réduire la progressivité pour qu'au cas où le soja dépasse les 600 dollars, l'État ne reste pas avec 95 pour cent de chaque dollar additionnel. Mais ces changements n'auront pas d'effets à court terme parce que pour que cela arrive, le prix du soja devra augmenter d'au moins 33 pour cent.

- Pourquoi les producteurs refusent-ils les réintégrations ?

- Les dirigeants ruraux affirment que le système de réintégrations est "mesquin" et "bureaucratique" parce qu'il laisse en dehors les producteurs moyens et établit trop de conditions pour pouvoir les toucher. Par exemple, être inscrits dans le registre d'opérateurs de grains et présenter des déclarations visées par la municipalité et l'organisme corporatif auquel ils appartiennent. Le Gouvernement répond que le problème ce ne sont pas les les conditions requises mais le manque de sérieux avec lequel travaillent les fermiers, qui vendent au noir une grande partie de leur production. Cependant, le ministre de l'Économie, Carlos Fernandez, a assuré jeudi dernier  qu'ils allaient réviser le système pour "faciliter son applicabilité". (...)


Fernando Krakowiak, Pagina/12, 26 mai 2008 .

Traduit par http://amerikenlutte.free.fr
 
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