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OGM: Analyse de la situation argentine par le Grupo de Reflexion Rural Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
09-06-2008

Présentation du Groupe de Réflexion Rurale d’Argentine

Ce groupe s’est organisé depuis la moitié des années 90 comme un espace de dialogues et de débats multidisciplinaire sur les impacts du capitalisme dans la société argentine. De la perspective écologique et contestataire le GRR se manifeste comme un critique du modèle agraire biotechnologique basé sur l´exportation de commodités de fourrage comme le soja et la mais transgénique. Le principal objectif du GRR est de contribuer à la prise de conscience du peuple argentin afin de faire changer les modes de pensées actuelles et les politiques existantes pour une plus grande prise en compte de l’écologie et de l’environnement rural.

Communiqué du GRR sur les agissements de Monsanto en Argentine.

Il aura fallu que la multinationale agricole Monsanto menace de se retirer de l’Argentine et de couper l’alimentation du marché en semences de soja transgénique pour que l’Argentine découvre de manière brutale l’énorme dépendance du pays vis-à-vis des entreprises de biotechnologie. La majorité des dirigeants politiques, des medias et de l’opinion publique expriment tous des réactions de choc car ils suspectent tous que quelque chose de très grave, qui échappent à leur information, menace de changer leur vie…

Nous autres, du Groupe de Réflexion Rurale, nous sommes toujours efforcés d’anticiper le futur dans notre dénonciation de la monoculture de soja, et aujourd’hui nous nous interrogeons sur les motifs de Monsanto dans sa menace contre le gouvernement Argentin. Monsanto n’essaierait-elle pas de quitter le navire avant l’arrivée de la terrible maladie de la rouille du soja ? Ou bien avant que ne se matérialise l’écroulement de la fertilité des sols agricoles argentins qui a été tant de fois annoncé ?Peut-être sommes nous aussi victimes d’un chantage de la part du gouvernement Kichner afin de modifier les Droits Constitutionnels qui assurent aux agriculteurs la libre circulation des semences et la possibilité de replanter ses récoltes…

De toutes manières, rappelons nous que la plus grande partie du négoce de Monsanto en Argentine ne concernait pas les royalties sur ces semences mais bien la vente massive de son herbicide vedette, le Roundup. Rappelons aussi que Felipe Solá, alors Secrétaire à l’Agriculture et Gouverneur de la Province de Buenos Aires, a autorisé en 96 l’exploitation du soja RR sans même que Monsanto n’ait déposé de brevet dans le pays. Cela démontre non seulement la complicité de Solá avec l’entreprise de St Louis dans le projet de "sojisation"du pays mais aussi qu’à cette époque Monsanto était intéressée par la pratique du « Sac Blanc » (« bolsa Blanca »), c’est-à-dire la distribution de semences sans certificat entre les producteurs afin de diffuser rapidement la technologie transgénique en impliquant la Fédération Agraire d’Argentine et ainsi faire de l’Argentine le porte avion de Monsanto dans la région.

La même chose s’est produit dans la république voisine du Brésil. Dans les années 90 Monsanto offrait du Roundup à tous ceux qui venaient leur présenter des sacs de semences illégalement importés depuis l’Argentine. De la même manière au Brésil, l’entreprise de ne souciait pas des questions de brevet car l’objectif était de dominer politiquement le territoire, par lá nous voulons dire s’emparer de la souveraineté alimentaire des populations. Le « sac blanc » est devenu la triste participation de l’Argentine qui a permis que l’agriculture soit retirée des mains des agriculteurs pour être mise entre celles des exportateurs et des entreprises multinationales.

C’est pour cela que la culture de soja RR en Argentine reste un négoce juteux pour Monsanto. C’est aussi la raison pour laquelle les associations de cultivateurs américains se plaignaient de la concurrence déloyale de la « République Unie du Soja », parce que là-bas les agriculteurs ne payaient pas les semences, le glyphosate valait trois fois moins qu’aux Etats-Unis, et en plus le gouvernement ne se souciait pas de l’impact écologique de cette culture massive. Pendant ce temps Monsanto tournait son regard ailleurs et engrangeait les bénéfices, car l’Amérique Latine était devenue son territoire et l’Argentine son pays laboratoire, où les pauvres et les communautés indigènes chassés par la reforme agraire ne recevaient que des donations de soja transgénique pour s’alimenter en compensation de la perte de leur terre…

Il doit aussi y avoir d’autres raisons à ce revirement de Monsanto qui veut désormais imposer à l’Argentine ses droits de propriétés intellectuelles maintenant qu’elle a bouclé le territoire et rendu les agriculteurs accros à sa drogue transgénique. Monsanto fait de plus en plus payer ses graines aux agriculteurs ce qui les transforme peu à peu, non plus en producteurs, mais en simples locataires de semences. Mais l‘entreprise reste néanmoins consciente qu’un contrôle total sera impossible dans un contexte de monoculture du soja oú les semences continuent de s’échanger entre producteurs et où l’Etat ne peut être présent partout sur son vaste territoire.

Le nouveau marché de Monsanto sera sûrement de développer ses maїs, son blé ou d’autres oléagineux transgéniques RR qui cette fois seront sous le contrôle des droits de propriété intellectuelle de Monsanto et les agriculteurs seront forcés d’acheter leur semences chaque année. Nous sommes donc toujours dans le même schéma où l’Argentine reste un pays laboratoire et d’une république fourragère. Un pays où l’ancien Ministre de l’économie, Monsieur Lavagna, reconnaît sans pudeur que Monsanto est un des clients principaux de sa société de conseils économiques, Ecolatina Consultora.

A cause de ce partis pris pour la monoculture de soja, l’Argentine est un pays qui coure vers des catastrophes colossales comme la désertification, une déforestation du territoire, un manque d’eau généralisé, un dépeuplement des zones rurales et la mort de la culture rurale ou encore une vulnérabilité de son commerce extérieur trop dépendant du soja et de ses produits dérivés.

L’heure est venue de prendre des décisions importantes et courageuses mais pour cela il faudra repenser une Argentine nouvelle. Une Argentine qui serait capable de redessiner son territoire et de repeupler la campagne. Une Argentine qui s’occuperait de ses semences et assurerait sa Souveraineté Alimentaire dans le respect du droit de millions d’Argentins à une alimentation saine et suffisante. Une Argentine qui serait capable de renégocier sa dette extérieure avec suffisamment de dignité pour ne plus avoir à s’attacher à un modèle unique d’exportation agraire qui n’a été justifié que parce qu’il permetait de rembourser les intérêts usuriers des grandes banques. Une Argentine qui récupérait ses sources de pétrole pour arrêter d’avoir à le payer au prix élevé du marché international et qui pourrait de la sorte se lancer dans des projets d’industrialisation plus indépendants. Une Argentine qui serait enfin capable de s’allier avec le reste de l’Amérique Latine dans un projet culturel et de marché commun. Voici quelles sont nos luttes et nos propositions au Groupe de Réflexion Rurale Argentin, et au coté des nombreuses organisations de paysans, de chômeurs et d’étudiants, dans un contexte de paralysie des institutions, nous dénonçons aujourd’hui la grande extorsion de Monsanto et nous lui opposons les voix d’un peuple qui persiste à garder sa dignité, ses rêves de bonheur et de Souveraineté Nationale.

Jorge Eduardo Rulli
GRR Grupo de Reflexión Rural
Site web : www.grr.org.ar
Contact : Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir
 
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