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Argentine : historique condamnation pour génocide Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
20-09-2006
L’ex-commissaire Miguel Etchecolatz a été condamné à perpétuité pour assassinats, séquestrations et tortures.

"Des délits commis dans le cadre du génocide".

La lecture de la sentence a été interrompue par une pluie de peinture rouge qui a atteint le répresseur, qui continuera sa détention dans la prison "commune" de Marcos Paz. C’est la deuxième condamnation pour des crimes de la dernière dictature (1976-1983) après l’annulation des lois d’impunité de Point Final et d’Obéissance Dûe. Etchecolatz, qui s’est présenté comme un "détenu politique", a déjà d’autre rendez-vous dans les tribunaux.

Protégé d’un gilet pare-balles, avec le visage pâle et dur comme une tête de mort, l’ex-directeur d’Investigations de la police de Ramon Camps, Miguel Osvaldo Etchecolatz, s’est assis sur le banc des accusés. Le président du Tribunal Oral Fédéral 1, Carlos Rozanski, a demandé au public de lui permettre de lire la sentence jusqu’au bout. Mais il n’a pas pu. "En condamnant à la prison à perpétuité...", avant que toute la salle n’éclate en un cri unique, libérant la tension accumulée. Le cordon de policiers qui entourait le répresseur a levé les boucliers, mais n’a pu éviter la pluie de bombes de peinture rouge. Etchecolatz s’est retiré sous les cris de "assassin". Il ne reviendra pas, seulement son avocat, pour écouter le reste de la condamnation pour six assassinats et huit séquestrations et tortures, condamnation qui l’interdit à vie d’exercer des postes publics, l’envoie dans une prison commune et signale, pour la première fois, que toutes ses crimes ont été "des délits de lèse humanité commis dans le cadre d’un génocide".

Le jugement des juges Rozanski, Horacio Insaurralde et Norberto Lorenzo est le deuxième qui condamne un répresseur après l’inconstitutionnalité des lois d’impunité décidée par la Cour Suprême de Justice. La première a été celle de Julio Simón, alias "Le Turc Julián". Le 4 août 2006, il a été condamné à 25 ans pour la séquestration et le meurtre de José Poblete y Gertrudis Hlaczik. Dans le cas de Etchecolatz, c’est la troisième condamnation pour des crimes sous distature : la première fois elle est tombée sous le coup de la loi d’obéissance due et pour la seconde il a jouit de la prison à domicile.

(...)

PEINT DE ROUGE

(...)

Le chef de l’escorte policière s’est retrouvé la tête peinte en rouge, tandis qu’il continuait de donner des instructions par son talkie-walkie. "Bastaaaa !", ont crié quelques Mères de la Place de Mai, tandis qu’elles agitaient leurs bras pour qu’ils se rassoient. Rozanski les a sermonés : "je vous demande de me permettre de terminer. Il est évident que s’ils sont agressés, le jugement n’est pas comme il doit être. Nous avons donné des garanties à la défense...".
-  Et quelle garantie ont eu nos parents !?, lui a répondu un militant de H.I.J.O.S. (Enfants de disparus) monté sur une chaise, tandis que ses compagnons levaient une multitude de photos de disparus.

Finalement, le juge a pu terminer à lire la sentence -dont les fondements seront connus le 26 septembre-devant un avocat noyé dans une marée policière. Les militants de H.I.J.O.S. ont éclaté en cris, chants, larmes, embrassades. Certains téléphonaient à leurs grands-parents. Et tous faisaient chorus : "Tu vas en la prison, Etchecolatz, ce n’est pas l’Etaaaat c’est la lutte populaiiiiire".

ADRIANA CALVO (Association de Ex-détenus-disparus)

"On a été avancé dans les condamnations"

-  Que représente la mention au "génocide" dans la sentence ?
-  Ce qui se chante sur les places, la "prison aux génocidaires", aujourd’hui est inscrit dans cette condamnation. Ce jugement a une transcendance fondamentale et demain nous allons demander qu’il soit inculpés pour génocide tous les répresseurs qui sont mis en cause pour des crimes individuels.

-  Le procès a avancé sur la construction d’un plan systématique ?
-  Il a été prouvé que la structure répressive et le plan systématique du circuit Camps (chef de la police de la province de Buenos Aires sous la dictature). Il a été clairement montré le transfert de prisonniers et de répresseurs d’un centre de détention à un autre. Justement, comme notre idée était de les condamner pour génocide, nous avions besoin de ne pas nous limiter aux cas ponctuels qui se ventilaient dans ce procès.

-  Dans quelle mesure a-t-on avancé depuis la nullité des lois (d’impunité) ?
-  On a avancé dans le fait qu’il y a maintenant une condamnation, ce qui n’est pas peu de chose. Dans le procès nous nous sommes occupés à détruire la théorie des deux démons et l’idée qu’il y a eu une répression indiscriminée. Ont été importants les témoignages des travailleurs des Chantiers navals Río Santiago ou ceux des lycéens. Ou le fonctionnaire de la Dippba, qui a clairement dit que les trois secteurs dans lesquels les services de renseignement était divisés : étudiants, syndicats et communisme. On a avancé dans la compréhension plus profonde du génocide.

Werner Pertot, Pagina/12 (Argentine), 20 septembre 2006. Traduction : Fab, Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir . http://amerikenlutte.free.fr

 
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