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Argentine: paysans contre l'agro-industrie Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
24-06-2008
Entretien avec Benigno Lopez, eéférant du Mocafor (Mouvement Paysan de Formosa).
 
- Comment s'est peuplée la province de Formosa pour en arriver à cette concentration de la terre en peu de mains ?

- Après la Guerre de la Triple Alliance (contre le Paraguay) a commencé un processus d'occupation de l'espace territorial de la province par lequel une grande étendue de terres a été adjugée à des mains privées, à travers d'une loi nationale. Après, des paysans paraguayens et des indigènes sont venus travailler pour La compagnie forestière La Forestal dans des conditions d'esclavitude. Des années plus tard, des familles sont arrivés depuis l'ouest de la province de Salta et depuis l'est paraguayen qui ont terminé par la peupler. Ces familles étaient en situation irrégulière parce qu'elles n'avaient pas de titres de propriété. Dans les années 60 et 70,  se sont organisés les Ligues Agraires pour réclamer la possession légale des terres, mais le processus militaire nous a battus et il a procédé à une "ordonnance" avec l'intervention d'un colonel, un certain Lopez. Ainsi ont-ils répartis de grandes étendues aux amis du "proceso" (dictature militaire) tandis que les anciens habitants et paysans étaient expulsés ou mis dans un coin. Aujourd'hui la majorité de ces petits producteurs ont seulement un titre d'adjudication  (une constance qui prouve qu'ils sont des habitants ancestraux), alors que les fermiers amis du pouvoir ont pu obtenir leurs titres de propriété.

- Les situations de travail au noir dont vous avez parlé : continuent-elles aujourd'hui ?

- Dans la province, comme dans tout le pays, un grand pourcentage des travailleurs ruraux est au noir. En général, dans les grandes fermes, travaillent des familles qui vivent dans une maison précaire. Tous travaillent, mais la seule personne qui touche de l'argent est le chef de famille. C'est quelque chose de typique des champs de l'Argentine.

- La province de Formosa est affectée elle aussi par la progression du soja (OGM) ?

- Oui, nous portons plainte au niveau judiciaire parce que quelques communautés paysannes du Mocafor ont été aspergées par du glyphsate (Roundup). Des cultures ont été perdues, des animaux sont morts, nos compagnons ont été  malade. En plus, la frontière agricole par le soja, le déboisement et les incendies se déplacent.

- Comment le lockout agricole a-t-il été vécu dans la province ?

- Avec des problèmes de désapprovisionnement, parce qu'ici il y a eu aussi des barrages de routes.

- Quelle posture a adopté le Mocafor ?

- Nous sommes contre;  dès le départ, nous avons une histoire malheureuse avec ces organisations (qui ont protagonisé le lock-out), qui dans la décennie 70 ont été ceux qui nous ont expulsés des fermes. De plus, nous croyons que la mesure des rétentions mobiles est juste, parce que l'État doit intervenir dans le commerce extérieur de la production agricole. L'État doit aussi intervenir dans le commerce interne des aliments. A Formosa, aujourd'hui il y a 10 mille familles de petits producteurs et pratiquement aucune ne soutient le lockout.

- En plein conflit pour les rétentions (taxes sur les exportations de soja), vous avez créé le Front National Paysan. Pourquoi ?

- Parce qu'il y a 250 mille familles paysannes dans le pays qui n'ont pas d'organisme national qui les représente. Nous avons toujours essayé d'em créer un, et maintenant encore une fois nous essayons de nous organiser dans tout le pays pour porter nos revendications devant l'État et pour proposer des mesures qui vise une nouvelle politique agricole.

- Vous vous êtes réunis avec le Gouvernement. Quels résultats y a-t-il eus ?

- Nous nous sommes réunis avec le chef de Cabinet, Alberto Fernandez ; avec le ministre de Développement Social, Alicia Kirchner; avec (le secrétaire général de la Présidence) Oscar Parrilli, avec la Commission d'Agriculture de la Chambre des Députés. Et cette semaine nous allons retourner au Congrès, pour parler des rétentions et aussi d'une nouvelle politique agricole, parce que l'actuelle est invivable. Nous nous questionnons le modèle agro-exportateur basé sur le soja, la concentration de la terre et l'appropriation étrangère des ressources naturelles. Nous remettons en cause cela depuis longtemps; c'est l'opportunité de revoir cette situation.


Laura Vales, Pagina/12, 22 juin 2008.
http://www.pagina12.com.ar/diario/elpais/1-106479-2008-06-22.html

Traduit par http://amerikenlutte.free.fr
 
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