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Libération d'Ingrid Betancourt: une lumière dans l'obscurité Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
03-07-2008
Après six ans d'agonie dans la jungle, Ingrid Betancourt a récupéré sa liberté. Le monde a fait la fête. Elle a été libérée par l'armée colombienne, mais le monde a fait la fête. L'opération d'intelligence militaire a renforcé la voie militaire du président Uribe et de ses alliés, les Etats-Unis, mais le monde a fait la fête, parce que la femme qui s'était convertie en icône de la résistance récupérait sa liberté.
 
 
Uribe et ses militaires enregistraient un triomphe : 15 otages libérés, pas un seul coup de feu. aucune violence. Mais Ingrid Betancourt avec sa seule présence a changé la donne  parce que la vie et la liberté ne sont jamais patrimoine des forces répressives. Parce qu'il y a d'autres histoires qui s'appuient sur celle de Betancourt, d'autres images, d'autres rêves. Parce qu'Ingrid Betancourt, vivante et libre, représente beaucoup plus qu'un trophée de guerre.

Après avoir mobilisé avec son incroyable histoire les chefs d'Etat d'Amérique latine, de l'Europe et des Etats-Unis, après que sa famille et amis parcouraient le monde avec leur supplique, après que des diplomates, des spécialistes et des aventuriers pénétraient dans la jungle pour accumuler des échecs, après que le monde entier s'émeuve avec sa languissante tristesse et son état physique dans la vidéo-preuve de vie, après les récits des longues marches enchaînés de ses compagnons de captivité libérés lors d'échanges humanitaires, après le bombardement qui a détruit la négociation entre Raul Reyes et le gouvernement français, après les mensonges pour cacher l'attitude intransigeante d'Uribe, Ingrid Betancourt a fait face aux caméras en habit militaire. Une étincelle de lumière allumait ses yeux noirs. Elle souriait. Elle était vivante. Elle était libre. Elle a parlé d'une voix très calme et lente, consciente que le monde entier l'écoutait. Elle a remercié l'armée pour son impeccable opération. Elle a remercié Uribe. Elle a dit qu'elle avait survécu par miracle. Mais avant, elle a remercié toutes les personnes autour du monde qui ont contribué avec effort et sacrifice à la maintenir vivante jusqu'à son sauvetage. Elle a raconté que chaque jour les nouvelles qu'elle recevait à travers la radio maintenaient ses espérances, même dans les moments les plus difficiles. Et après elle a parlé de paix, de son engagement pour la paix et la liberté des otages qui sont restés derrière elle. Pour cela, le monde a fait la fête et font la fête celles et ceux qui défendent la vie, la liberté, la paix, le dialogue. Bien que font la fête aussi les amants de la main dure, du monde bipolaire, du libéralisme sauvage. Parce que se ferme un chapitre avec une fin heureuse.

"Cela a un impact terrible pour la Colombie et l'Amérique latine. C'est un fait majeur dans la vie politique de la région. Il a beaucoup de force, tu le vois dans la réaction des gens. Ici, il y a beaucoup de gens expérimentés en politique et ils sont émus. Il a la force d'une histoire de vie. Comme une fois l'a dit un grand écrivain argentin, la guerre n'est pas une guerre tant que l'on ne voit pas au travers des yeux d'un soldat. "Au téléphone depuis Washington, Dante Caputo, secrétaire politique de l'Organisation des Etats Américains (OEA),  l'un des émissaires frustrés qui ont négocié dans la jungle, à peine pouvait contenir son émotion. Il ne voulait pas faire de spéculations politiques. Aujourd'hui non.

"C'est un coup très grand aux Farc, qui va les obliger à rechercher définitivement la paix. Avec Ingrid dehors et avec cette force qu'elle a, s'ouvre un panorama très intéressant pour entreprendre le processus de paix en Colombie. "Au téléphone depuis Bogota, Maria Teresa Ronderos, président de la Fondation pour la Liberté de la Presse et directrice de La Semana.com, ne cache pas son optimisme, peut-être comme jamais auparavant.

Maintenant commence une autre histoire. La crise colombienne n'a pas été résolue, mais maintenant ce ne sera pas un sujet mondial, mais cela recommencera à être un sujet de la Colombie et des Colombiens. Quand les lumières s'éteindront et les caméras s'en iront au prochain endroit chaud, il restera les FARC,  plus faibles, plus atomisées, sans raison d'être politique, attachées à la fourniture de matières premières pour les narcotrafiquants, maîtresses de la vie de centaines d'otages colombiens sans valeur échangeable que Betancourt a promis hier ne pas oublier. Et il y aura des soldats disposés à insister jusqu'à l'anéantissement.

Mais il restera aussi les ex-otages libérés par la voie de la paix et du dialogue avec l'aide de Hugo Chavez, Piedad Cordoba et les autres. Et il restera Ingrid Betancourt, avec sa lumière et sa voix et son exemple de vie.


Santiago O’Donnell, Pagina/12, 03 juillet 2008.
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http://www.pagina12.com.ar/diario/elmundo/4-107137-2008-07-03.html

Traduit par http://amerikenlutte.free.fr
 
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