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Pérou: triomphe historique de la révolte indigène Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
25-08-2008

Dans un cas qui retourne des échecs historiques, les aborigènes ont rompu  l'alliance conservatrice à Lima et ont obtenu l'abrogation des lois qui facilitaient la privatisation de leurs terres ancestrales au profit d'exploitations minières.
 

 

La révolte des communautés natives de l'Amazonie péruvienne contre le gouvernement d'Alan Garcia s'est terminée par la victoire des indigènes. Ce fut un triomphe inespéré qui casse la tradition historique de la prééminence du pouvoir central sur les groupes indigènes. Après deux semaines de protestations et une prise de routes, entreprises hydroélectriques, stations pétrolières et de puits de gaz, 65 ethnies natives de la forêt péruvienne qui regroupent 350 mille personnes, sont parvenus à faire céder le pouvoir. Vendredi, le Congrès a abrogé à une ample majorité de 66 voix contre 29 deux lois qui facilitaient la vente des terres communales des indigènes et dont la promulgation a provoqué le soulèvement indigène dans la forêt amazonienne.
 
Les natifs ont dénoncé qu'avec ces lois le gouvernement essaie de promouvoir la vente de leurs terres aux compagnies pétrolières transnationales et d'exploitation du bois. Le gouvernement avait promulgué ces lois comme partie du Traité de Libre Echange (TLC) avec les Etats-Unis et a tout essayé pour leur défense. Il a parié sur la répression pour abattre la révolte indigène, a déclaré l'état d'urgence et a appelé les Forces Armées, mais les indigènes se sont fermement maintenus sur le pied de guerre avec leurs lances, arcs et flèches. Dans le Congrès, le parti de gouvernement s'est retrouvé seul. Il a perdu le soutien de ses alliés de la droite et du fujimorisme, qui ont voté en faveur de la dérogatoire des deux lois, bien qu'en mettant en avant seulement des raisons formelles liées à leur promulgation avant de la défense des terres communales. Cela constitue le plus grand échec politique de Garcia des deux années de sa  gestion et il survient au moment où sa popularité atteint seulement 20 pour cent.


 
La marche arrière du Congrès a déclenché la colère de Garcia et de son gouvernement, mais a décomprimé une crise sociale qui menaçait de s'aggraver et d'avoir une fin violente. Tandis qu'à Lima, les fonctionnaires du gouvernement n'arrivaient toujours pas à digérer leur échec et répondaient en déchargeant leur frustration en attaquant furieusement les opposants des lois abrogées, dans les villages et zones de la forêt amazonienne des fêtes massives ont éclaté. La nouvelle de la décision du Congrès a fait éclater l'euphorie parmi les indigènes, qui s'étaient rassemblé sur les places des principaux lieux habités pour attendre le vote. À peine connue la nouvelle, avec leurs visages peints, ils ont commencé à danser et à agiter leurs lances et flèches en signe de victoire. "C'est une grande nouvelle pour nous. C'est une nouvelle aube. Pour la première fois dans l'histoire, nous faisons grève et obtenons une victoire", a signalé Wrays Perez, apu (leader) de l'ethni aguaruna qui a célébré la victoire avec des milliers d'indigènes sur la place centrale de Bagua, l'un des épicentres de la protestation. A Lima, Alberto Pizango, président de l'Association Interethnique de Développement de la Forêt Péruvienne (Aidesep), qui a pris la tête de la protestation indigène, vétu avec le vêtement typique de sa communauté native était présent au Congrès pour suivre le débat et le vote auprès d'une délégation de dirigeants natifs. "C'est une décision historique. A gagné la raison et non des  lois qui attentaient contre les peuples indigènes et la société nationale", a dit Pizango, tandis qu'il se retirait souriant et victorieux du Parlement.
 
Dans l'autre bord de cette guerre pour les terres indigènes, le président Garcia a qualifié la décision du Congrès de "recul historique". Avant le vote du Congrès, Garcia avait essayé de faire pression sur les parlementaires en exigeant la ratification des lois de la discorde et en accusant les congressistes qui avaient déjà annoncé leur vote pour la dérogation de "céder au chantage par peur". Mais ses pressions n'ont pas pu changer le cours des choses au Congrès. Vendredi a été une mauvaise journée pour le président péruvien. Tandis que le Congrès débattait la dérogation des lois pour lesquelles il avait décidé de tout jouer et que son échec était déjà annoncé, Garcia a été reçu par des sifflets et des pierres à Chiclayo, ville de la côte nord du Pérou, où il s'était rendu pour inaugurer des infrastructures routières. Garcia a du abandonner Chiclayo sans pouvoir inaugurer les oeuvres. La protestation de Chiclayo n'a rien eu à voir avec les terres des indigènes, mais avec la revendication d'augmentation de salaires des employés publics du secteur de la santé et représente l'étendue du mécontentement social contre le gouvernement.
 
Mais le président péruvien n'a pas été le seul qui a essayé de changer l'histoire d'un vote qui depuis deux jours était déjà annoncé défavorable pour le gouvernement. La Confédération d'Institutions Patronales Privées (Confiep), le pricipal syndicat  des entrepreneurs, a émis avant le vote du Parlement un communiqué en exigeant du Congrès la ratification des lois controversées sous l'argument que leur  dérogation "enfoncera le pays dans l'anarchie". Mais au final, le pouvoir politique et le pouvoir économique ont perdu en face des indigènes qui ont défendu leurs terres avec leurs lances, arcs et flèches. Un fait qui n'avait jamais été vu auparavant dans l'histoire du Pérou.

Carlos Noriega, Pagina/12, 24 août 2008.

http://www.pagina12.com.ar/diario/elmundo/4-110268-2008-08-24.html

Traduit par http://amerikenlutte.free.fr

 
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