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Pérou : le nombre des disparus durant la dictature s’élèverait à 15 mille Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
02-09-2008

Au Pérou, les blessures du conflit interne des années 80 et 90 ne ferment pas et le drame des victimes de violation aux droits de l’homme est de nouveau au centre du débat national. Dans les régions andines, de nouvelles fosses communes apparaissent et des rapports récents élèvent le nombre des disparus à des niveaux qui placent le Pérou parmi les pays avec le plus grand nombre de détenus disparus dans le monde.

Le Rapport de la Commission pour la Vérité et la Réconciliation (CVR), émis il y a cinq ans, parlait de 8558 disparus et un total de plus de 69 mille victimes de la guerre interne. Cependant, ce nombre élevé pourrait continuer à croitre. Récemment, l’Équipe Péruvienne d’Anthropologie Légiste (EPAF), chargée de l’exhumation de plusieurs fosses communes, assure que le nombre de disparus pourrait atteindre les 15 mille personnes, des paysans pour la plupart, ce qui met en évidence les dimensions atteintes par la répression militaire dans les régions andines.

Le rapport de la CVR a révélé que 75% des victimes étaient des indigènes quechuas. Cela place le pays andin aux premiers rangs dans la liste des pays avec le plus grand nombre de disparus, avec, selon un rapport récent des Nations Unies, à la tête, l’Irak, avec 16.387 cas de disparitions. Ces nouveaux chiffres sur le niveau d’horreur atteint par la politique de disparitions dans ce pays sont connus peu de temps après que, dans un parage andin éloigné, à 3500 mètres de hauteur et 650 km au sud-est de Lima, a été trouvée la plus grande fosse commune du pays jusqu’à présent : 97 comuneros séquestrés et assassinés par les militaires dans la commune de Putis. Les exhumations ne sont pas terminées et le nombre des victimes enterrées pourrait être plus grand, vu que dans cette communauté, 123 cas de disparitions ont été informés. Le déterrement est effectué par l’EFAP, qui a révélé que 38 des victimes déjà exhumées étaient des enfants et dix des adolescents. La tuerie a eu lieu en décembre 1984 et maintenant, les membres de la communauté qui ont pu survivre en se cachant des militaires observent en pleurant les exhumations et essayent de reconnaître parmi les restes les habits des membres de leur famille.

Aucun militaire n’a été inculpé pour ce crime. Le gouvernement refuse de donner aux autorités judiciaires l’information des officiers et des soldats qui se trouvaient dans la base militaire de Putis lors de la séquestration et l’exécution massive des paysans, attitude de recel qu’il a déjà eu dans d’autres cas. « Il y a eu une responsabilité institutionnelle des Forces Armées  dans les violations des droits de l’homme et il y a à présent un recel institutionnel pour protéger les militaires accusés de ces violations. Le gouvernement n’a aucun intérêt à ce que les procès pour violations des droits de l’homme aboutissent », a signalé à Página/12 Salomon Lerner, qui a été président de la CVR. Lerner a exigé que les Forces Armées présentent des excuses publiques pour les crimes qu’elles ont commis contre la population, mais le ministre de la Défense, Antero Flores, a refusé catégoriquement cette possibilité et a défendu les militaires. D’autres membres du gouvernement ont eu la même réaction. Car Alan Garcia a sa propre histoire de violations des droits de l’homme commises durant son premier régime (1985-1990), Ses attaques contre les organismes des droits de l’homme et la façon dont il défend les militaires se produisent au moment où l’on tente de mener devant la Justice des crimes commis durant son mandat précédent, tels que l’exécution extrajudiciaire de plus de cent prisonniers accusés de terrorisme dans l’île de détention El Frontón, située face à Lima, en juin 1986. Le débat sur les violations des droits de l’homme commises durant le conflit interne a entraîné un dur affrontement au sein de l’Église Catholique. Dimanche dernier, lors de son homélie, l’archevêque Juan Luis Cipriani, de l’Opus Dei, a lui aussi défendu les militaires accusés des crimes de lèse humanité et a attaqué les organismes défenseurs des droits de l’homme. L’influent évêque Luis Bambaren lui a répondu publiquement en assurant que sa position ne représente pas l’église et qu’au contraire ce qu’il avait dit avait gêné plusieurs évêques. Cipriani a été évêque dans la région andine d’Ayacucho, l’épicentre du conflit interne, et depuis ce poste, il a  béni la guerre sale des militaires, dont les dimensions ne finissent pas de surprendre, avec l’apparition des fosses communes massives, comme celle de Putis et la révélation d’une politique de disparitions ayant atteint des chiffres d’horreur.  

Carlos Noriega, Página/12, 2 septembre 2008

http://www.pagina12.com.ar/diario/elmundo/4-110787-2008-09-02.html

Traduit par eli

http://amerikenlutte.free.fr

 
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