Menu Content/Inhalt
Accueil
La Colombie expulse deux français, accusés d' "activités politiques" Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
18-10-2008

Sans dénonciation formelle ni médiation d'avocats, le gouvernement d'Uribe a disposé l'expulsion de deux jeunes français pour "aider" les travailleurs de l'industrie de la canne à sucre, aujourd'hui en plein conflit.

Le gouvernement colombien a arrêté deux travailleurs sociaux français, les a maintenus plus de 24 heures au secret et sans l'intervention d'avocats, de consuls ou de dénonciation formelle, il a ordonné leur expulsion du pays. Comme a expliqué le porte-parole du Département de Sécurité (DAS), Oscar Galvis, les représentants du collectif d'ONG européennes Réseau de Fraternité et de Solidarité avec la Colombie sont entrés au pays comme touristes, mais ils se sont impliqués dans des activités politiques. Pour le gouvernement, les jeunes français aidaient les travailleurs de l'industrie de la canne à sucre, qui depuis un mois paralysent la production du secteur. Les entrepreneurs ont déjà prévenus que cette année il sera impossible de s'acquitter des exportations, qui dépassent les 250 millions de dollars.

La loi colombienne autorise la DAS à expulser un citoyen étranger quand celui-ci met en risque "la sécurité nationale, l'ordre public, la santé publique, la tranquillité sociale, la sécurité publique". Pour les organisations de défense des droits de l'homme et de juristes, les arrestations  n'ont pas de justification légale. "Comme n'en a pas eu non plus, l'établissement de l'état de 'commotion intérieure' à un conflit syndical", a signalé un fonctionnaire d'une ONG européenne, qui n'avait pas d'autorisation pour parler pour l'institution. Selon le collectif d'ONG européennes qui a dénoncé les arrestations de lundi, Julien Debois et Joris Prot, les deux français qui devront quitter le pays étaient accompagnés par Damien Fellous, un journaliste, qui sera libéré dans les prochains jours. "Les trois faisaient un travail journalistique, vérifiant les conditions des travailleurs dans les entreprises Manuelita et Providencia. Ils avaient des photos et des information", a siganlé le communiqué diffusé hier. Les trois jeunes français auraient été arrêtés, selon le texte, quand ils essayaient d'entrer dans une troisième entreprise, à Palmira, petite ville du département de la Vallée de Cauca.

La grève de machettes met le gouvernement colombien dans une mauvaise posture depuis un temps. Il y a deux semaines, le DAS a arrêté une travailleuse sociale allemande qui accompagnait les travailleurs et les mouvements sociaux qui participaient à la mesure de force. Christina Friederike Müller avait été invitée par des organisations colombiennes pour faire un relevé des violations des droits de l'homme dans les différentes régions du pays. Cinq agents l'ont arrêtée sur une place et l'ont emmenée dans  une salle d'interrogatoire. Il n'y avait pas d'ordre judiciaire à son encontre ni un processus ouvert. Comme pour les français, on l'a maintenue au secret durant 24 heures et ensuite on a ordonné son expulsion du pays. Elle a seulement pu converser avec son avocat 15 minutes avant de monter dans l'avion.

Hier régnait un climat de frustration et d'indignation parmi les défenseurs des droits de l'homme colombiens et étrangers. "On a plein de raisons", a dit à ce journal une avocate de la Corporation Juridique Liberté de Medellín. Il y a cinq jours, elle a raconté que son organisation a reçu un e-mail. "Les Aigles Noirs (Aguilas Negras, un groupe formé par des ex-paramilitaires) ont rédigé une liste avec le nom des principales ONGs locales et étrangères, et nous ont déclaré objectifs militaires". Elle les a accusé de travailler Elle les a accusé de travailler en secret pour les guérillas colombiennes.

Le gouvernement n'a rien dit, il ne leur a pas offert de protection. Peut-être parce que quelques fonctionnaires au Palais présidentiel de Nariño ne pensent pas si différent. En décembre dernier, le ministre de la défense Juan Manuel Santos a accusé les ONGs d'être des outils de la guérilla. "Les FARC savent comment manipuler à leur faveur les recours judiciaires, par exemple les organisations de  gauche, spécialisées dans la guerre juridique contre les militaires, comme le Collectif d'Avocats José Alvear Restrepo, le Réseau de Fraternité et de Solidarité avec la Colombie, le Comité de Solidarité avec les Prisonniers Politiques et les Brigades Internationales de Paix", avait-il dit au journal de Bogota El Espectador.

Pagina/12, 15 octobre 2008.

http://www.pagina12.com.ar/diario/elmundo/4-113334-2008-10-15.html

Traduit par http://amerikenlutte.free.fr

 
< Précédent   Suivant >

Soutien !

Si vous voulez collaborer au site en proposant des traductions ou soutenir financèrement ce projet 100 % indépendant, merci de nous contacter !