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Colombie: les paramilitaires assassinent depuis la prison Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
16-05-2007
Les chefs paramilitaires colombiens continuent d'ordonner des meurtres depuis la prison, selon une dénonciation de l'hebdomadaire Semana. 20 élus politiques ont recu un mandat d'arrêt.

Une nouvelle dénonciation a laissé au bord de l'abîme le processus de paix colombien. Une série d'écoutes téléphoniques auraient prouvé que les chefs paramilitaires démobilisés continuent d'ordonner des meurtres, réarmant leurs hommes et dirigeant d'énormes opérations de trafic de stupéfiants. Les appels ont été réalisés par des hommes de confiance de Salvatore Mancuso, de Ramiro Vanoy et de Freddy Rendón, trois des maximaux leaders des Auto-défenses Unies de Colombie (AUC), depuis leurs cellules spéciales de la prison de haute sécurité de Itagüí. Le gouvernement a déjà envoyé le ministre de l'intérieur, Carlos Holguín, et le délégué du procesus de paix, Luis Carlos Restrepo, pour interroger les détenus. "Si nous trouvons une preuve qui compromet les chefs paramilitaires nous allons leur retirer les bénéfices de la loi de Justice et Paix", a avancé le ministre de la défense, Juan Manuel Santos, laissant la porte ouverte à l'une des plus grandes craintes des paramilitaires, l'extradition aux États-Unis.

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Les écoutes ont été rendues publiques dimanche dernier par la revue Semana. Dans celles-ci est évoquée une importante vente de cocaïne, de meurtres et de torture. Elles confirment aussi l'un des grands soupçons qui menacait le processus de paix. "Vous savez qu'ici nous avons plusieurs de ces fusils à répétition", aurait affirmé Goyo, l'homme qui a accompagné Rendon à la direction du Front Elmer Cárdenas des AUC. Ce que Goyo demandait à ses hommes était de déterrer les armes qu'ils ont cachées quand ils se sont démobilisés et remis leurs supposés arsenaux. A ce moment là, plusieurs organisations de défense des droits humains avaient souligné l'insolite et faible nombre d'armes remises, lesquelles étaient en majorité presqu'obsolètes.

Un autre soupçon qui survolait depuis le début de la démobilisation, cela fait déjà presque trois ans, c'était que les chefs paramilitaires continuaient en charge d' opérations illégales, toujours depuis la prison. Cette hypothèse s'appuyait sur le fait que plusieurs groupes supposément paramilitaires continuaient à opérer dans le pays, avec une structure et une distribution similaire à celles des AUC. Les 17 maximaux leaders des AUC, aujourd'hui tous à Itagüí, ont choisi de s'en délier totalement et ont soutenu qu'ils n'étaient pas responsables de ce que leurs hommes démobilisés faisaient. Pour la revue Semana, cet argument n'est pas suffisant parce que, bien qu'ils n'apparaissent pas dans les appels téléphoniques enregistrés, leurs  lieutenants et compagnons de cellules le sont. "Il est peu créible qu'ils ne soient pas au courant de ce qu'ils font", a conclu l'hebdomadaire.

Mais les écoutes ne touchent pas seulement les chefs paramilitaires, mais aussi le gouvernement d'Alvaro Uribe, qui avait annoncé il y a quelques mois qu'il  déplaçait les leaders des AUC à Itagüí pour pouvoir mieux les contrôler et éviter tout type de rumeurs sur leurs contacts avec l'extérieur. Le Palais de Nariño a pour l'instant promis de faire des recherches, vu qu'il a  expliqué que les appels diffusés par Semana ne correspondent pas aux écoutes réalisées par les trois organismes officiels autorisés.

Tandis qu'Uribe regardait avec préoccupation l'une de ses grandes réussites, ses alliés étaient plus attentifs au jugement de la Cour Suprême sur la dite para-politique. Le tribunal a ordonné la capture de 20 dirigeants politiques, dont quatre sénateurs et un député. Ils sont accusés de "delit aggravé en réunion", ne prenant pas compte la défense des uribistes selon laquelle ils assuraient qu'ils avaient signé un accord avec les paramilitaires en 2002 sous la menace. Par cette même inculpation sont déjà en prison huit législateurs et un autre est toujours en fuite.


 Pagina/12 (Argentine), 15 mai 2007. http//amerikenlutte.free.fr
 
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