Menu Content/Inhalt
Accueil
Bolivie : Lula contre Evo ou l'impérialisme brésilien en action Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
16-05-2007

Evo et Lula se battent pour le prix des raffineries. La Bolivie et le Brésil négocient la vente des deux principales raffineries. La Paz paierait 60 millions et Brasília demande 250 millions de dollars.

evo y lula - 4.6 ko

La négociation de deux raffineries a fait passer la relation fraternelle que maintenaient Evo Morales et Lula da Silva par des moments critiques. Hier, le site Terra Magazine a publié une interview du président brésilien dans laquelle Lula pour la première fois se plaint des discours de Morales et où il lui demande que le gaz et le pétrole ne lui fasse pas oublier les bonnes relations entre les deux Etats. La dernière escalade de la relation énergétique entre la Bolivie et le Brésil a commencé dimanche dernier quand Morales a signé le décret qui donnait le monopole de l'exportation de pétrole reconstitué et d'essence blanche à l'entreprise publique bolivienne Gisements Pétrolifères Fiscaux Boliviens (YPFB). Mais, au-delà du contrôle étatique sur toutes les exportations d'hydrocarbures, avec cette norme la Bolivie a retiré à Petrobras un lucre annuel de 70 millions de dollars et tout l'attrait pour maintenir la propriété sur les deux principales raffineries de Bolivie, qu'elle avait acquis en 1999 pour 105 millions de dollars.

Bien que les deux raffineries ne sont pas plus que deux gouttes dans la mer de facturation de Petrobras, ce sont justement les gouttes qui ont fait renverser le verre de Lula, qui durant sa campagne de réélection présidentielle avait préféré ne pas parler de la nationalisation bolivienne, la soutenir et endurer les attaques de ses adversaires, ce qui au final lui a fait perdre des voix. Hier ce fut différent. Le président brésilien assure qu'il comprend que Morales a besoin de réaliser ce type de discours pour le peuple bolivien, mais qu'il ne doit pas oublier de ce que les deux avaient conversé. Lula fait référence aux phrases qu'Evo a répète durant les dix-huit derniers mois. Quand il était encore candidat la présidence de la Bolivie, Morales a dit qu'il avait besoin d'associés et non de patrons, se rapportant à toutes les transnationales qui travaillent en Bolivie. Plusieurs mois plus tard, avant de se rendre à Brasília pour négocier le prix du gaz qui est exporté au Brésil, le leader cocalero a dit qu'il n'était pas possiblequ'un pays pauvre subventionne l'énergie au voisin plus riche. Il n'avait pas reçu de répliques de Lula jusqu'à hier, quand il lui a rappelé que "on ne peut pas oublier qu'il y a des associés et que le discours ne peut pas tronquer la relation historique entre les deux pays". Il l'a aussi récriminé du fait que tandis qu'il fait des efforts pour légaliser la situation de cent mille boliviens qui vivent à Sao Paolo, la Bolivie essaie d'expulser des brésiliens installés à la frontière entre les deux pays.

gaz - 5.5 ko

Ce que n'a pas dit Lula est la taille d'associé qu'est le  Brésil pour la Bolivie. Jusqu'en 2005, Petrobras contrôlait presque 40 pour cent du flux économique du pays grâce à ses investissements de plus de 2 milliards de dollars et du contrôle des principaux champs de gaz du pays. Il n'a pas dit non plus que la Constitution bolivienne interdit que des étrangers occupent une frange de 50 kilomètres à l'intérieur de ses frontières, parce que la perte de plus de la moitié de son territoire lui a appris que ce n'est pas la meilleure géopolitique.

Après s'être assuré que la "radicalité orale (d'Evo Morales) est incompatible avec le sens commun de celui qui gouverne", Lula a descendu un peu le ton et a loué sa préférence d'aider la majorité indigène de  Bolivie avec laquelle Morales administre l'État. Cette position de tempérer la tempête a été suivie par le ministre des Mines et de l'Energie du Brésil, Silas Rondeau, qui a demandé que le sens commun règne dans les négociations.

Et il semble qu'il ait été écouté. Hier, le président de Petrobras-Bolivie, Fernando de Freitas, s'est réuni avec le ministre des Hydrocarbures de la Bolivie, Carlos Villegas, pour fixer le prix des raffineries à 112 millions de dollars. Bien que le chiffre soit encore loin des 60 millions offerts par la Bolivie (c'est le prix comptable des raffineries), il est aussi largement inférieur aux 250 millions de dollars réclamés par Petrobras la semaine dernière et aux 125 millions investis entre achats et infrastructures par le géant brésilien entre 1999 et 2007 dans les deux installations.

petrobras - 4.3 ko

De plus, comme le reconnaît Villegas, la récupération de la propriété des deux raffineries permettra à la Bolivie de récupérer les sommes versées en un an et demi. Pour cette raison, aujourd'hui il pourrait y avoir une solution à ce conflit qui a tendu les relations entre Lula et Evo. Peut-être ainsi, le président bolivien pourra recommencer à considérer Lula comme un grand frère et le brésilien pourra continuer de lui conseiller la  patience et en le soutenir dans des forums internationaux.

 

Pablo Ortiz, Pagina/12, 10 mai 2007. http://amerikenlutte.free.fr

 
< Précédent   Suivant >

Soutien !

Si vous voulez collaborer au site en proposant des traductions ou soutenir financèrement ce projet 100 % indépendant, merci de nous contacter !