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Colombie: 12 000 indigènes marchent sur Cali, les militaires répriment encore Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
23-10-2008

Selon un communiqué qu'ils ont difusé hier soir, l'armée a tiré sur deux membres de la communauté aborigène sur la route. Ils réclament sécurité et dévolution de terres.

 	La Minga indígena y popular continúa, ahora marchando hasta Cali

D'une main il soutient sa canne et de l'autre le téléphone portable. Cela fait sept heures, Daniel Piñacué marche avec 12 mille compagnons du mouvement indigène en direction de Cali. "Nous préférons mourir à rester isolés", a-t-il affirmé en  dialogue téléphonique avec PáginaI12. "Nos communautés sont au milieu du feu croisé. Ils nous assassinent, nous torturent et nous expulsent de nos terres", a-t-il ajouté sans dissimuler son angoisse et frustration. Quelques heures après, les compagnons de Piñacué dénonçaient que l'armée colombienne avait recommencé à réprimer et à assassiner. Selon un communiqué qu'ils ont difusé hier soir, les militaires ont tués deux militants indigènes quand ils se rassemblaient sur la route. L'un d'eux a reçu quatre tirs dans le dos. La police a reconnu une mort.

Les militaires ne se sont pas approchés de la colonne principale de la marche, dans la municipalité de Piendamó, mais ils se sont affrontés à un groupe de 500 personnes qui s'étaient réunies à hauteur de Villarica, quelques kilomètres au nord. L'idée était de s'organiser pour être prêts quand la marée de dix mille compagnons passera aujourd'hui à cet endroit. Les indigènes demandent que le président Alvaro Uribe cesse de faire des promesses à la télévision et s'assoit à discuter des mesures concrètes face à face. Ils veulent des terres cultivables et de la sécurité.

Durant la semaine passée, ils ont été réprimés, trois de leurs compagnons ont été tués plus d'une centaine blessés, et c'est pour cela qu'ils optent maintenant pour parcourir les cent kilomètres qui les séparent de Cali, la troisième ville du pays. "Nous n'allons pas bloquer la route ; nous ne voulons pas donner des raisons au gouvernement pour réprimer", a expliqué Piñacué. Selon le communiqué indigène difusé hier soir, les militaires se sont affrontés aux manifestants parce que, soutenaient-ils, ils essayaient de bloquer la route.

Excepté le choc à Villarica, la marche a avancé de manière pacifique. Des familles entières, avec leurs enfants et leurs vieillards, ont marché lentement, mais unis. "C'est une lutte de la communauté toute entière", a assuré Piñacué. Les dirigeants ont réparti 500 cercueils en carton pour rappeler les plus de 1200 morts des dernières années. Eux et les plus de 54 mille indigènes expulsés de leurs terres sont les victimes du gouvernement d'Uribe, a signalé le dirigeant.

Mais l'interminable et colorée file indienne qui zigzaguait hier le long de la route Panaméricaine au nord du département du Cauca n'a pas eu d'effet immédait à Bogota. L'homme dur d'Uribe, le ministre de la défense, Juan Manuel Santos, a évité le mot négociation et a choisi en revanche d'accuser les manifestants de stimuler le climat de violence. Il a insisté avec la supposée infiltration guerrillera et a ajouté un nouveau condiment à la campagne de discrédit contre les indigènes. "Les protestations sont financées avec de l'argent de l'étranger", a dénoncé le ministre , bien qu'il n'ait pas présenté de preuves.

Le dialogue entre le gouvernement et le mouvement indigène n'avançait pas non plus. "Au sieur président, il lui plaît d'appliquer la force, plus que de négocier", a signalé le président de l'Organisation Nationale Indigène de Colombie (ONIC), Luis Elvis Andrade, en conversation téléphonique avec ce journal. "L'argument du gouvernement pour ne pas dialoguer est que nous sommes violents. Mais ceux à nous qu'on a tués des compagnons", a-t-il rétorqué.

Selon Andrade, le gouvernement esquive le problème de fond. "Ils offrent des terres, mais seulement aux communautés du Cauca", a-t-il siganlé et sa voix a commencé à s'imprégner de colère. "Il y a 400 mille indigènes sans terre dans le pays: 400 mille!". La majorité, a-t-il expliqué, a été forcée à les abandonner par des paramilitaires et les guérillas durant la dernière décennie. "Nous ne sommes pas des radicaux ou des violents. Ici, il y a une crise sociale que le gouvernement se refuse à reconnaître", a-t-il ajouté. Les employés étatiques ont convoqué à une grève nationale pour demain en soutien aux indigènes.

María Laura Carpineta, Pagina/12, 23 octobre 2008.

http://www.pagina12.com.ar/diario/elmundo/4-113742-2008-10-22.html

Traduit par http://amerikenlutte.free.fr

 
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