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Bolivie: entretien avec Felipe Quispe Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
26-10-2008

"Nous attendions beaucoup du gouvernement d'Evo"

"Evo Morales va avoir des problèmes"

Il sourit et confesse "Evo m'a copié", se référant à la veste qu'il porte, très semblable à celle du président bolivien. Felipe Quispe est aymara comme Evo Morales et il a été un des fondateurs du Mouvement Tupac Katari, accompagné par l'étudiant de l'époque Alvaro García Linera, aujourd'hui vice-président. Ex-député, Quispe est un fervent adversaire des politiques néolibérales mais aussi un critique de Morales, qui l'a dépassé en agglutinant les mouvements sociaux qu'ils se sont disputés entre 2000 et 2005.

Après avoir perdu les présidentielles,il s'est donné quelques vacances. Maintenant Quispe est concentré dans le "travail avec les bases". Invité par le groupe Quebracho, il était à Buenos Aires après avoir visité Trelew et Santiago del Estero pour se réunir avec les mouvements paysans, indigènes et sociaux argentins.

- Où étiez-vous ces derniers temps ?

- Je ne suis plus dirigeant de la Confédération Syndicale Unique des Travailleurs Paysans de Bolivie. Je fais une politique de bases, dans la plaine. Je vis à la campagne, dans le département de La Paz, je travaille la terre et cultive des aliments.

- Comment voyez-vous la réalité politique de votre pays ?

- Evo Morales c'est un de nos frères qui est au Palais du Gouvernement, mais il est assis comme un monolithe. La bourgeoisie ne veut pas vivre avec un président indien, elle l'insulte, le traite de "macaque", "d'indien" et autres adjectifs qui nous font ,mal. Cela nous stimule, nous donne conscience. Pour cela Morales a obtenu 67 pour cent des voix dans le référendum révocatoire. Les gens ont acquis une conscience de race, de culture et de nation. Ce n'est plus simplement une histoire de riches et pauvres. En Bolivie existe une lutte raciale.

- Qu'est-ce que vous pensez de la nouvelle Constitution ?

- Dans la nouvelle Constitution est respectée l'initiative privée, donc on ne sort pas du capitalisme. Je ne vois rien de nouveau. Elle me semble une copie des autres Constitutions. Ilexiste une contradiction dans le propre Morales. Pour être président il faut parler au moins une langue mère (aymara, quechua, guarani) et Morales n'en parle aucune, García Linera non plus.

- Les gens voteront-ils en faveur de cette Constitution ?

- Les gens des campagnes ne lisent pas tous les jours. Avec le nouveau texte on interdit d'avoir des terres dans deux régions : ou on les a dans les régions hautes ou dans les basses. On ne peut plus vendre ou acheter de la terre. Cela,le nouveau indien ne l'a pas capté. Evo Morales va avoir des problèmes.

- Dans quel sens ?

- Personne ne va le supporter. Le propre président a des terres à Oruro et dans le Chapare. Et il va devoir en abandonner une. Nous attendions beaucoup de Morales. Avoir le contrôle sur le sol, le sous-sol, comme avant l'arrivée des espagnols.

- Morales a nationalisé les hydrocarbures.

- Le premier mai 2006, Morales a nationalisé, supposément. Mais Repsol, Petrobras, Chaco sont restés. Quel type de nationalisation fait que les entreprises ne partent pas. Pour moi c'est un renouvellement de contrats.

- Que savez-vous du massacre de paysans à Pando ?

- Morales a une forme de réagir contre les préfets ultranéolibéraux. En janvier 2007, il y a eu des affrontements à Cochabamba qui ont fini avec trois morts. Je rappelle que c'était un harcèlement contre le préfet Manfred Reyes Villa - je signale que je ne suis pas de ce parti de droite-. Evo a envoyé des gens du Chapare (cocaleros, NdT) et aussi la police. Ensuite, ils lui ont rejeté la faute sur Manfred Reyes. La même chose a eu lieu à Pando. Ils ont envoyé les étudiants prendre l'Institut National de Réforme Agraire et la Préfecture. Et le préfet Leopoldo Fernandez a envoyé ses gens et ils les ont pris en embuscade dans une rivière. Il y a eu des affrontements. Evo a tout le pouvoir de manier la presse et se fait passer pour la victime.

- Mais Morales se plaint d'avoir les médias contre lui.

- Même un imbécile se rend compte que tout a été monté pour faire tomber le préfet Fernandez. On voyait des têtes sans chapeaux, et les paysans utilisent des chapeaux pour travailler.

Mercedes López San Miguel, Pagina/12,25 octobre 2008.

http://www.pagina12.com.ar/diario/elmundo/4-113939-2008-10-25.html

Traduit par http://amerikenlutte.free.fr

 
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