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Buenos Aires : voyager en train, une incitation à la violence Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
18-05-2007

Le cauchemar des passagers

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L'attaque de furie des passagers de la ligne Roca est une de plus d'une série de protestations contre les désastreuses conditions du service. L'épisode le plus violent est survenu en décembre 2005, quand un groupe de manifestants a incendié une formation ferroviaire et la station de Haedo, sur la ligne ex- Sarmiento. Dans tous les cas, s'ajoute au fardeau quotidien de voyager entassés les retards peu et mal justifiés qui ont agi comme détonateurs. Les usagers de la ligne Roca avaient déjà annoncé : en décembre dernier, un train s'était arrêté -comme celui d'hier- à 600 mètres de la station -bien que cette fois c'était le matin- et les passagers ont marché, accumulant colère, jusqu'au terminal où ils ont détruit le bureau d'information de l'entreprise TMR.

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La station Constitucion avait déjà vécu des jours de furie en février 2002, quand la protestation d'un groupe de travailleurs de la propreté, qui avait coupé les voies, a paralysé le service et a déchaîné une protestation de passagers , qui a culminé avec l'incendie d'un wagon. Quelque chose d'un peu similaire avait eu lieu lors des chaudes journées de décembre 2001 -le 28, pour être précis- quand, après s'être retrouvé avec le service interrompu, les passagers avaient mis le feu à neuf wagons, après avoir mis en pièces les tourniquets et les vitres de plusieurs locaux.

L'épisode de plus grande violence est arrivé le 1 novembre 2005. Ce jour là, à 9 heures du matin, après avoir supporté un retard supérieur à une demie-heure, un groupe de passagers de l'ex-ligne de chemin de fer Sarmiento -les plus atteint, ceux qui prennent largement la tête du ranking de plaintes, selon les données de la commission de régulation du transport (CNRT)- ont mis le feu à une formation à Haedo et, peu après, à l'édifice de la station. La protestation a dérivé en une véritable émeute, des commerces ont été pillés, des vitres brisées et deux véhicules de police incendiés, 113 personnes avaient été arrêtées.

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La furie sur cette même ligne a réapparu le 4 avril 2006, quand les passagers ont attaqué à coups de pierres le train qui s'éatit retrouvé en panne à Ramos Mejía et avaient blessé un machiniste.

Pagina/12, 16 mai 2007. http://amerikenlutte.free.fr

 

"Récupérer les trains"

"Les mêmes concessionnaires qui ont bénéficié de la privatisation continuent d'exploiter les chemins de fer et empochent des millions en subventions, tandis que les passagers subissent un mauvais service." Le philosophe León Rozitchner -qui a dirigé l'investigation Voies Argentines, à l'Université de Bs As, sur la crise du système ferroviaire national- a analysé de cette façon les raisons de l'explosion de protestation dans la station Constitucion.

- Pourquoi croyez-vous que se produit une protestation de la magnitude de celle qui a eu lieu hier à Constitucion ?

- Nous ne pouvons pas prendre le sujet comme le prennent les médias qui parlent de violence et d'infiltrés. Nous devons parler des gens qui sont oubliés et appauvris et qui subissent les conditions dans lesquelles se trouve le chemin de fer. Nous devons mettre cet épisode dans le contexte de la transformation du pays, conséquence de la politique néolibérale ménémiste qui avec la fermeture de rames ferroviaires a produit un haut niveau de destruction et d'atomisation du territoire.

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- Dans ce contexte: comment analysez-vous la réaction des passagers de la ligne Roca ?

- Ce qui est arrivé à Constitucion n'est rien de plus qu'une autre facette de cette situation. Nous avons tous vu la colère qu'avaient sur le visage ces gens qui reviennent, dans leur majorité, de travaux précaires, avec de faibles salaires, et qui doivent faire des voyages longs et pénibles. Et qui savent que les entreprises privées reçoivent des fortunes en subventions et fournissent un service déficient.

- C'est dû au fait que le gouvernement n'a pas répondu aux demandes des usagers ?

- Oui. Il faut avoir présent à l'esprit que la représentativité politique en Argentine a été perdue. Dans ce cas on n'a pas tenu compte des droits des passagers. Et malgré les réclamations, les mêmes concessionnaires continuent d'exploiter le service. Et l'État continue à dépenser des millions de subventions pour maintenir un service qui est déficient au lieu de récupérer les chemins de fer pour la société. Il est nécessaire une réorganisation des chemins de fer qui prenne en compte l'intégration. Il y a un manque de décision politique au sujet des transports.

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Privatisation des chemins de fer

Un mois à peine après avoir assumé, le gouvernement de Carlos Menem a dicté, en 1989, la loi de Réforme de l'État, qui a donné naissance au processus de privatisations des services publics. Dans le cas des trains urbains et suburbains de passagers, leur concession a été séparée du reste et a été fractionnée en différentes lignes, parce que cela "aura come conséquence -s'est-il dit- des améliorations appréciables de l'efficacité de leur fonctionnement" (sic). Quinze ans plus tard, on a un service détérioré en raison du manque de maintenance des voies et du matériel roulant, moins de fréquences, des formations avec moins de wagons et une augmentation des accidents (410 morts par an et plus d'un millier de blessés). Sans investissements de la part des concessionnaires, le service est presque exclusivement maintenu grâce aux subventions publiques, mais sans que l'État n'ait entre ses mains les ressorts de son administration. Un État qui paie, mais qui refuse d'effectuer le pas de plus en plus clairement inévitable : la réétatisation de la prestation.

Pagina/12, 17 mai 2007. http://amerikenlutte.free.fr

 
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