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Bolivie: Evo et la nouvelle Constitution, comment fabriquer un Etat (2/2) Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
15-11-2008
Suite de l'entretien avec Jaime Parejas et Carlos Lara à Santa Cruz de la Sierra. Ils sont des représentants du gouvernement et à la fois ne cessent pas de marquer les limites de ce qu'eux mêmes construisent. Les énigmes entre le libéralisme et le socialisme.

MAQUILLAGE ET AU-DELA

- Est-ce que la Constituante représente selon vous la société, les mouvements ?  Parce qu'en réalité, elle a fini submergée dans la logique politique partisane que les gens refusaient.

- (Parejas) Cela est arrivé. L'assemblée est revenue au système de partis comme outil au-dessus des mouvements sociaux qui ont été ceux qui ont mis le corps.

- (Lara). Mais se sont passées des choses plus riches. Il y a eu des partis qui se sont maintenus dans leur logique mais les représentants du MAS ont eu un suivi permanent des mouvements, qui interagissaient avec leurs représentants.

- Et comment garantir qu'une nouvelle Constitution ne soit pas un maquillage ?

- (Lara) Le gouvernement n'a pas besoin d'aller au-delà du maquillage. Mais nécessairement le nouveau texte sera celui qui donne les règles pour qu'il le fasse. Pour le moment, il ne peut pas faire de politiques d'un crédit. Mais s'il réussit à installer les autonomies indigènes, par exemple, les ressources iront là-bas directement. Et maintenant nous allons voir ce que cela signifie aux mains de peuples qui administrent leur propre communauté et territorialité.

- Comment jouent dans ce cadre les organisations non gouvernementales (ONG)  qui se reproduisent comme des lapins en Bolivie ?
 
- (Parejas) Il y a beaucoup d'ONG de droite dure qui génèrent une dépendance dans les communautés. Elles vont dans un un lieu, génèrent un projet, obtiennent des fonds et quand elles s'en vont, tout continue comme ou pire qu'avant. Beaucoup renforcent l'imaginaire des classes dominantes.

- (Lara) Il y a eu un projet à San Jose, financé avec un million de dollars pour le peuple ayoreo. À la marge de ce que se mettent dans les poches les autorités municipales, sont arrivées 500.000 dollars pour cultiver le maïs. Mais les ayoreos ne sont pas des agriculteurs, ils ne sont même pas sédentaires. Ils sont nomades, des chasseurs, des cueilleurs, des artisans. Ils ont voulu les rendre agriculteurs : ils devaient aller les chercher dans la montagne. Ils les ont mis sur des tracteurs pour les prendre en photos. Mais tout était faux. En passant, ils voulaient leur apprendre l'espagnol. Qui en tirait un intérêt ? Les techniciens et les conseillers et la propre ONG.

APPRENDRE A DETRUIRE L'ETAT

- Je veux vous consulter sur un risque en tenant en compte l'histoire et le continent : n'avez-vous pas trop de confiance en la capacité et en l'intention de l'État de générer de vraies transformations ? 

- (Lara) La Bolivie doit vivre ce nouvel Etat et découvrir la perversité de l'Etat. Parce que moi je sais qu'il est pervers, tant pour la réalisation de l'individu comme pour celle de la collectivité. Et pour la vie humaine. Mais ici on n'a jamais pu découvrir cela.

- (Parejas) On n'a pas pu, parce que le patronat, les élites, ne veulent pas qu'il y ait un État pour pouvoir ainsi fuir leurs responsabilités et maintenir des situations d'impunité, de servitude et faire ce qu'ils veulent. Ils ont peur de l'État et ce sont eux qui n'ont pas permis que l'État arrive aux communautés.

- (Lara) Je crois que nous devons connaître l'Etat pour découvrir en lui ses systèmes, et comment l'abolir. L'individu doit être constructeur de sa propre négation comme être étatique. Mais si nous ne sommes pas Etat, le mieux est de le construire. Et si nous mêmes le fabriquons, nous allons connaître chaque élément de cet appareil. C'est comme un fabricant. Si tu le construis, tu connais ses pièces.

- Et alors ?

- (Lara) Alors deux choses vont être plus simples : le détruire ou le manier à ta faveur. Non comme maintenant, que nous avons un Etat que personne ne sait d'où il a surgi, qui est là et semble une vérité préalable aux êtres humains. En revanche maintenant les indigènes apprennent ce qu'est cet Etat. Ou les pauvres et les travailleurs de Plan 3000. Ils savent à quoi il peut servir. Et ils commencent à savoir comment le manier.
 
- Mais est-ce que cela surgit des gens, ou du MAS ?
 
- (Parejas) Des gens. Et d'une Constitution qui n'est pas la fin mais le commencement d'une transformation qu'il faut penser à 20 ou 30 ans.

- Mais avec la nouvelle Constitution : qu'est-ce qui serait le nouveau, concrètement, en Bolivie ? 

- (Lara) D'abord, la construction de la loi cadre pour les autonomies. Et l'élection de ceux qui vont rédiger la loi cadre. Des élections pour le président, pour l'Assemblée constitutionnelle Plurinationale, l'élaboration de lois. Je sens que si je projette ce type de questions dans les quartiers, ils me regarderaient comme un extraterrestre qui parle de choses rares. Bon, mais ces propositions devront être visées, soumises à consultations. Tout va se  débattre. On va s'ennuyer d'aller aux consultations. Mais en tout cas le principal c'est que les gens décident et connaissent ce qui est fait.

- Certains critiquent la brèche du gouvernement, entre discours et pratique. Qu'aucun ressort authentique de pouvoir économique n'a été touché.
 
- (Parejas) Dans la Constitution, si il existe des propositions qui visent le pouvoir. Et c'est pour cela le rejet que les classes dominantes ont toujours montré. Elles voient que là le problème est le degré d'étatisme sur l'économie. 

CONTROLE SOCIAL OU SOCIETE CONTROLANT
 
- Mais dans des cas comme les hydrocarbures, la nationalisation recommence à sembler plus une déclaration qu'une réalité. 

- (Parejas) Peut-être n'est ce pas tout le radical que l'un voudrait, mais ne peuvent pas non plus faire les choses de manière très différentes dans ces conditions, avec une bourgeoisie puissante qui peut s'allier avec les multinationales pour détruire. C'était le tolérable. Mais

- (Lara) Je sens que le seul fait de donner des droits et des bénéfices aux ouvriers est en train de donner un coup aux entreprises privées, aux agroindustriels qui produisent le soja, que maintenant ils devront avoir leurs travailleurs assurés, payer des indemnisations et laisser de côté la servitude qui continue d'exister en pratique.

- (Parejas) C'est que je crois que le propre Etat a aussi un comportement féodal, et en tout cas il faudra rompre cette fausse conscience de classe qui fait croire que l'Etat est là pour représenter la société. inexorablement.

- Comment penser que ne s'instaure pas une nouvelle bureaucratie formée par de supposés militants qui une fois en postes ont l'habitude d'oublier le passé et s'accrocher aux fauteuils ?
 
- (Lara) Il va y avoir plus de bureaucratie.

- Et plus de contrôle social ?
 
- (Lara) Oui, mais non un contrôle de l'Etat à la société. Se recherchera aussi le contrôle social comme forme dans laquelle le peuple contrôle et demande à l'Etat.

- Les expériences avec un fort incident étatique, comme celles des pays de l'Est, on sait déjà quelle type de situation elles engendrent.

- (Lara) C'est que la participation sociale a été bloquée au lieu de diminuer le pouvoir de l'Etat on l'a augmenté. Si nous voulons aller comme antichambre à une société communiste ou socialiste, notre logique ne doit pas être celle de renforcer  l'Etat comme appareil idéologique et répressif. Ici nous sommes dans un moment préalable, où nous pensons qu'il faut fabriquer un Etat, après des siècles de ne pas l'avoir, pour que les gens puissent vivre. Et ensuite nous verrons.

Première partie:

http://amerikenlutte.free.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=903&Itemid=1 

Lavaca, 29 octobre 2008.

http://lavaca.org/seccion/actualidad/1/1751.shtml

Traduit par http://amerikenlutte.free.fr

 
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