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Venezuela: le défi actuel Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
03-12-2008
En effet, le gouvernement de Hugo Chávez a recommencé à gagner une autre élection d'importance nationale et il l'a fait avec une majorité d'un million et demi de votes. De plus, il a obtenu 17 états, sur 22, et une quantité impressionnante de mairies; et même où il a perdu, il l'a fait par une faible marge, ce qui rend irréversibles les résultats de telle manière que l'on peut et doit parler d'un triomphe qui a été obtenu malgré la profonde crise mondiale qui frappe l'économie vénézuélienne.
Cependant, il ne s'est pas agi d'une partie de football dont le résultat, irréversible, reste pour l'histoire de l'équipe gagnante ; au contraire, c'était encore un épisode de la longue et passionnée lutte contre la droite vénézuélienne et mondiale pour reconstruire le pays sur une autre base et, donc, les élections ont placé le Venezuela à un plus haut niveau dans ce conflit encore non résolu.

C'est important, par conséquent, de laisser le triomphalisme de côté et de commencer à voir où le secteur populaire favorable au changement social devrait ultérieurement se renforcer et quels sont les plans du capital international et de ses agents nationaux pour battre le gouvernement, malgré les majorités électorales que celui-ci obtient réitérativement.

L'opposition est encore fragmentée et manque d'une figure représentative à l'échelle nationale. Mais elle commence à se regrouper, et Rosales,s'appuyant sur Zulia, l'état le plus riche, tend à assumer le rôle de candidat antichaviste et de leader de l'opposition (qui, cependant, subit la lourde perte de prestige des partis traditionnels).

Cette opposition, anti-nationale, compte, comme principale force propre, sur les dommages que la crise  mondiale cause à l'économie vénézuélienne (chute du prix du baril de brut et, par conséquence de la marge qu'apportait la rente pétrolière) et et elle parie sur le "pire c'est mieux c'est", en espérant pêcher dans les eaux troubles du mécontentement populaire et de la décomposition de l'appareil bureaucratique étatique, lequel voit avec frayeur comment prend fin le temps des privilèges faciles. Elle espère aussi que l'alliance venezuela-russie provoque une réaction anti-vénézuélienne du Pentagone qui, avec le complexe militaire industriel, maintient dans le cabinet d'Obama le pouvoir qu'il avait dans celui de Bush (ainsi que ses intérêts et plans).

Elle calcule également que la conquête de plusieurs états à la frontière avec la Colombie lui permettra de recevoir d'Uribe une aide clandestine, mercenaires,  argent de la droite colombienne et des Etats-Unis parce que, de toute évidence, seul un miracle lui permettrait de vaincre à Hugo Chavez dans des élections où  sera en jeu la permanence du président au pouvoir et, par conséquent, elle doit étudier avec attention la possibilité d'un assassinat de Chavez et aussi celle d'un soulèvement militaire soutenu depuis l'extérieur.

Au front populaire, d'un autre côté, il y a des faiblesses. Le Parti Socialiste Unifié n'est pas un parti, et bien qu'il ait agi avec une plus grande cohésion qu'en décembre 2007, il n'a pas encore mobilisé la totalité de de ses inscrits (bien qu'il  a récupéré plus de la moitié de ceux qui s'étaient abstenus il y a presqu'un an, il n'a pas pu conquérir d'importants secteurs des classes moyennes urbaines (qui sont encore du côté de la droite), il a perdu le contrôle político-administratif de la capitale, Caracas, et la droite a même pu capitaliser des votes de punition au gouvernement dans quelques secteurs ouvriers et populaires très frappés par la réduction des salaires réels et mécontents en raison de l'insensibilité, de la corruption et de l'arrogance d'une partie importante de l'appareil bureaucratique de l'État.

Même si le PSUV était mieux organisé, il y a le risque qu'il commence à être identifié avec l'appareil étatique et à se bureaucratiser : il ne faut pas oublier que la bureaucratie n'est pas, comme à Cuba, la dégénérescence d'un appareil étatique révolutionnaire provoquée, à la fois par l'imitation soviétique et et par l'isolement et le blocus, sinon que c'est une partie de la corruption d'un État bourgeois dont le gouvernement a été occupé par une poignée pragmatique et hétérogène de révolutionnaires antimpérialistes qui, sur la marche, essayent de produire des changements dans cet appareil hérité du passé « saoudien » de Action Démocratique et Copei.

Chavez a perdu la capitale par manque de mobilisation populaire. Par exemple, Raul Pont, ex maire de Porto Alegre, est allé expliquer aux autorités ce qu'est le budget participatif. Mais celles-ci n'ont rien fait pour l'appliquer, bien qu'il leur aurait donné un outil pour mobiliser et politiser des secteurs des classes moyennes pauvres.

Le pouvoir populaire est asphyxié par le pouvoir étatique bureaucratique. L'autonomie et l'autogestion et la liberté d'organisation syndicale elle-même souffrent d'obstacles de tout type. Les décisions viennent d'en haut, souvent sans même une consultation à ceux d'en bas. Et les Missions dépendent du budget étatique qui, à son tour, est un dérivé du revenu pétrolier.

Chavez, par exemple, déclare déjà mort le projet de Banque du Sud parce que plusieurs pays sud-américains dans la crise redécouvrent le néo-libéralisme de développement (Brésil, Argentine, Uruguay), mais aussi parce qu'il ne peut pas le financer, et Telesur a aussi été transformé en un chétif projet bureaucratique avec une faible audience…

Il ne suffit donc pas de gagner des élections. Un plebiscite renforce le prestige du président, mais pas l'organisation populaire, dont dépend le futur. Plus que jamais, il faut avoir une base sociale ferme et organisée, consciente et préparée pour ce qui viendra dans des moments beaucoup plus durs que ceux des urnes. 

Guillermo Almeyra, La Jornada (Mexique), 30 novembre 2008.
http://www.jornada.unam.mx/2008/11/30/index.php?section=opinion&article=024a1pol&partner=rss

Traduit par http://amerikenlutte.free.fr
 
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