Menu Content/Inhalt
Accueil arrow Divers arrow Argentine: Les militants paraguayens de Patria Libre ont été extradés au Paraguay
Argentine: Les militants paraguayens de Patria Libre ont été extradés au Paraguay Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
09-12-2008

Ils ont été extradés malgré l’intervention des organismes de droits de l’homme, qui ont averti sur la persécution dont souffrent les leaders paysans et sur les doutes concernant la Justice au Paraguay.

Le chapitre argentin de la saga des six prisonniers paraguayens est terminé. Mardi, ils sont arrivés au Paraguay au milieu d’un grand dispositif de sécurité déployé par le groupe Aérotactique, sous la surveillance de la procureure de l’Unité Antiséquestrations Sandra Quiñonez. Les militants du Mouvement Agraire et Populaire et du Parti Patria Libra seraient déjà détenus au centre pénitencier de Tacumbú. Ils ont été extradés dans leur pays, car ils sont accusés d’avoir participé à des réunions avec le groupe qui a séquestré et tué Cecilia Cubas.

Ils soutiennent que l’affaire a été montée, faisant partie d’une persécution politique, et c’est pour cela qu’ils ont été plus de deux mois en grève de la faim en Argentine. Mais le juge fédéral Ariel Lijo, ainsi que la Cour Suprême ont considéré qu’ils n’y avaient pas d’éléments pour refuser la demande d’extradition. Le Pouvoir Exécutif ne leur a pas non plus accordé l’asile politique qu’ils réclamaient. Les démonstrations de soutien d’un grand nombre de personnalités et d’organismes de droits de l’homme n’ont pas pu éviter leur retour au Paraguay.

Un groupe des familles et militants de Patria Libre s’était rendu à Ñu Guazú pour protester contre la détention des six extradés. D’après le journal Ultima Hora, le dirigeant des sans toits Gilberto Cáceres et le représentant des Droits de l’Homme, Martin Almada, ont demandé de vérifier l’état de santé des prisonniers.

“Depuis l’injuste situation de 2 ans et 7 mois de prison sans l’existence de preuves nous liant au grave délit duquel nous sommes accusés, nous demandons à toutes et à toutes, partout, de rester alertes face à la possibilité d’une condamnation de la part de la mafia colorada depuis le Pouvoir Judiciaire paraguayen, et nous levons le drapeau pour la liberté immédiate », ont écrit les six dans leur dernière lettre publique avant de quitter le centre pénitencier de Marcos Paz.

Agustín González, Basiliano Giménez, Simeón Salinas, Gustavo Espínola, Roque Torales et Arístides Vera Silguero ont été accusés au Paraguay de la séquestration et l’assassinat de la fille de l’ancien président de ce pays, Raul Cubas Grau, le 21 septembre 2004. L’accusation est fondée sur les déclarations d’un témoin. Celui-ci a dit que Patria Libre avait des liens avec les FARC et a parlé d’une réunion où ils auraient soi-disant décidé du sort de Cecilia Cubas. Comme l’affirme l’une des avocates des Paraguayens, Liliana Mazea, ce témoin aurait été corrompu et aurait des connexions avec la mafia. La justice de première instance paraguayenne a refusé à plusieurs reprises les demandes de mise en examen et a refusé de les arrêter. « Il a été prouvé que Cecilia Cubas était morte déjà avant la date donnée par le témoin, et comme l’accusation ne tenait plus debout dans cette parodie de procès, ils ont changé la date de la mort de la fille. C’est pourquoi nous disons qu’au Paraguay ils n’ont aucune garantie d’avoir un procès impartial », a signalé Mazea.

Avant d’être arrêtés, les six accusés avaient visité plusieurs ambassades à Assomption, jusqu’à ce que dans la délégation argentine, l’ambassadeur Rafael Roma leur avait assuré qu’ils obtiendraient l’asile politique à Buenos Aires. Mais lorsqu’ils faisaient les démarches devant le Comité d’Éligibilité pour les Réfugiés (Cepare), la Cour d’Appel au Paraguay a changé l’accusation et a ordonné la détention provisoire, raison pour laquelle ils ont été détenus. La mère de Cecilia Cubas a été l’un des principaux instigateurs de la détention.

À Buenos Aires, Mirta Gusinky a eu le soutien de Juan Carlos Blumberg, qui a réussi à lui obtenir un entretien avec la ministre de la Justice, Anibal Fernandez.

Après deux ans et trois mois de détention en Argentine, les Paraguayens ont cru qu’avec la prise de fonctions du président Fernando Lugo, leur situation pourrait changer. Ils avaient l’espoir que le nouveau mandataire intercède pour que les autorités argentines leur accordent cet asile politique si attendu. Mais cela n’a pas eu lieu. Même si le nouveau gouvernement de Fernando Lugo est très différent de celui du Parti Colorado, le système judiciaire, policier et pénitencier, traditionnellement dominé par l’appareil du Parti Colorado, ne s’est pas modifié d’un jour à l’autre. Et le Paraguay, d’après l’ONG Transparence Internationale, est l’un des pays avec le plus de corruption au monde. L’avocate des six militants de Patria Libre a assuré que les militants courent des risques dans les prisons paraguayennes. « Les sicaires tuent les prisonniers sur commande, il y a des antécédents d’autres dirigeants de Patria Libre sur qui ils veulent faire retomber des séquestrations », a dit Mazea à Página/12. Et les raisons ne manquent pas de s’inquiéter. La Commission Interaméricaine de Droits de l’Homme a ouvert un procès contre l’Etat paraguayen pour l’affaire de séquestration et de torture des dirigeants de Patria Libre actuellement réfugiés au Brésil.

La Ligue Argentine pour les Droits de l’Homme (LADH), dans une déclaration en défense des six accusés, a mentionné les déclarations de l’évêque de Misiones et Ñeembucú, Mario Melanio Medina, faites au journal ABC du Paraguay. L’évêque a dit que le changement du Pouvoir Judiciaire est le cri principal des communautés paysannes et paysannes. 

“La décision (de les extrader) rompt une longue tradition américaine et nationale de respecter le refuge politique, utilisé depuis Sarmiento et Alberdi jusqu’à l’actuel fonctionnaire kirchnériste, Eduardo Luis Duhalde. Une fois de plus a été installé le discours dictatorial de « ils ont dû faire quelque chose », qui a justifié le génocide de Videla et compagnie », a affirmé la LADH. « Nous rendons responsables pour la vie et la sécurité des compagnons ceux qui ont gaiement signé l’extradition et nous convoquons les forces démocratiques à se mobiliser en solidarité avec les compagnons paraguayens, en exigeant leur liberté et que cesse la répression contre le mouvement paysan et populaire du Paraguay », a conclu la LADH.

Adriana Meyer, Página/12, lundi 8 décembre 2008.

http://www.pagina12.com.ar/diario/elmundo/4-116304-2008-12-08.html

Traduit par eli pour http://amerikenlutte.free.fr

 
< Précédent   Suivant >

Soutien !

Si vous voulez collaborer au site en proposant des traductions ou soutenir financèrement ce projet 100 % indépendant, merci de nous contacter !