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Oaxaca, tout le pouvoir au peuple Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
06-03-2009
Les 20, 21 et 22 février s'est déroulé à Oaxaca, Mexique, le II Congrès ordinaire de l'Assemblée Populaire des Peuples d'Oaxaca (APPO) sous la devise "direction à la réorganisation et à la ré-articulation de l'APPO". Surgie en 2006, pour appuyer la lutte enseignante, l'APPO a affronté depuis le début des sauvages répressions de la part de l'État mexicain. Aujourd'hui, elle se pose comme une assemblée d'assemblées où s'articule un ample arc d'organisations politiques, sociales et culturelles.
 

 
Le II Congrès de l'APPO

Environ 500 délégué(e)s de tout l'état d'Oaxaca sont arrivés vendredi dernier à la "Ville de la Résistance", nom qu'a reçu Oaxaca de Juárez à partir de la révolte de 2006. Des maîtresses de maison, des communautés indigènes, des familles de disparus et de prisonniers politiques, des membres de syndicats, des jeunes de collectifs artistiques, des représentants d'ONG's et dirigeants étudiants.
 

 
 
Des médias de communication nationaux et internationaux et plus de 40 organisations invitées d'autres états du pays ont accompagné la rencontre. l'ordre du jour du congrès était de réorganiser et de relancer les structures de l'APPO et de nommer son Conseil Étatique, de faire un bilan des étapes de lutte de l'organisation, de réaliser une analyse de conjoncture nationale et internationale et de convenir d'un plan de lutte commune.

Au commencement de chaque journée du Congrès, des conférences à la charge de chercheurs et d'intellectuels comme Anne Esther Ceceña, Gustavo Esteva, Benjamin Maldonado, Armando Rendon et Enrique Gonzales Ruiz ont été réalisées. A la fin de celles-ci, un espace était ouvert pour le débat afin d'alimenter d'information les 5 tables de travail qui se sont développées durant le deuxième jour.
 

Le chant "épaule contre épaule, coude à coude, l'APPO, l'APPO, l'APPO nous sommes tous" resonnait dans l'auditoire. Et ce n'était pas par hasard. Plusieurs organisations parlaient déjà dans les jours préalables au Congrès d'une possible division ou de rupture. C'est que l'arc d'organisations politiques, sociales et culturelles qui forment l'APPO est très ample : des groupes anarchistes, communistes, trotskistes et autonomistes ; il y a ceux qui parlent de changements par des voies électorales jusqu'à ceux qui visent un gouvernement de contre-pouvoir et parallèle à l'institutionnel. C'est pour cette raison qu'entre conférences, votes et  interventions, plusieurs faisaient chorus : "union, union, union !".

Dans son intervention comme rapporteur, Gustavo Esteva, s'est rendu compte de la complexité de ce sujet : "le défi actuel de l'APPO est de respecter le caractère de l'impulsion qui la définit, impulsion qui est à l'origine du mouvement et qui détermine son possible devenir. Elle a besoin de dépasser les tensions et les contradictions qu'ont provoquées dans son intérieur ceux qui ont essayé de lui imposer leurs propres programmes politiques. Quelles que soient leur validité et légitimité ou non, elles n'ont jamais été partagées par la majorité. Ils le sont  maintenant moins que jamais. Ils doivent poursuivre leurs objectifs dans d'autres espaces, ou se joindre à l'engagement collectif sans faire de prosélytisme, pour des objets ponctuels. Encore plus difficile est le défi organisationnel. Pour ces programmes et autres facteurs, s'est manifestée dans l'APPO la tradition organisationnelle verticale de certains des organisations qui l'ont formée. Il est nécessaire aujourd'hui d'obtenir ce qui n'a pas réussi en 2006 : créer une structure organisationnelle authentiquement horizontale, ajustée à la nature du mouvement, capable de respecter l'autonomie de ses groupes et en même temps de concerter leur interaction et de faciliter l'exercice continuel de solidarité mutuelle".
 
Afiche de actividades culturales días previos - 174 KB

 
Finalement, les assistants au Congrès ont consensualisé le fait que "l'APPO n'est pas un tremplin politique", et ont décidé "de respecter l'autonomie des organisations et des individus qui décident de participer aux élections, à chaque fois qu'ils n'utilisent pas ce mouvement" Quant à eux, à l'heure de définir et de caractériser l'organisation, les délégués ont défini : "l'APPO est indépendante au niveau politique, organisationnel et idéologique de l'État et des partis politiques électoraux. Il ne peut pas y avoir de dirigeants et de membres d'aucun parti politique comme dirigeant de l'APPO".

2006, et maintenant qui pourra nous aider ?

2006 ne représente pas un an de plus dans l'histoire récente du Mexique. Le soulèvement d'Oaxaca s'insère dans un processus de grande mobilisation sociale, et comme contrepartie d'une forte charge répressive de la part de l'État. Durant celui-ci, le Sous-commandant Marcos (comme délégué zero) parcourait le pays impulsant l' "Autre Campagne", une proposition de création d'une force au plan national née de la Sixième Déclaration de la Forêt de Lacandona, promulgué par le Commandement Général de l'EZLN (Armée Zapatiste de Libération Nationale) en juin 2005. Ce 2006, le thermomètre politico-national était marqué par les élections présidentielles. Le climat devenait plus tendu à mesure que les rumeurs de fraude de la part du PAN et du PRI augmentaient pour positionner Felipe Calderon au  gouvernement. Quant à lui, le candidat pour le PRD, Andrés Manuel Lopez Obrador, se déclarait président légitime et prenait la tête des massives mobilisations dans les rues.

Les faits se complétent par ce qui est arrivé à Atenco, une petite localité de l'État de Mexico où, dans les premiers jours de mai et après le passage de "Autre Campagne" les paysans ont été fortement réprimés.

Un mois plus tard, le 14 juin, Oaxaca a vu sous ses yeux la violente expulsion du campement de protestation (planton) que la Section 22 du magistère maintenait au centre de la ville. La répression contre les maîtres a déclenché une importante mobilisation du peuple d'Oaxaca qui, fatigué des politiques autoritaires du gouverneur de l'État, Ulises Ruiz Ortiz, a commencé à demander sa destitution.

Le peuple s'est maintenu dans la rue et a pris plusieurs édifices principaux publics, ce qui a déclenché une répression encore plus grande de la PFP (Police Fédérale Préventive), une opération qui a été dénoncée pour ses graves violations aux droits de l'homme - tortures, viols et disparitions - comparables avec celles exercées par les dictatures militaires de l'Amérique du Sud dans la décennie 70. Pour prévenir l'attaque de la PFP et de groupes paramilitaires, le peuple oaxaqueño a rejoint des centaines de barricades dans les accès à la ville, coordonnées par la Radio Planton (la radio du magistère), plus 12 autres radios et un canal de TV, qui ont été pris durant les six mois de luttes et de délibérations. Ce processus a donné naissance à l'APPO et est loin de se conclure.
 

Zapata punk, pintada callejera - 81.2 KB

 
Gastón Wahnish y Leandro Pankonin, pour Anred, 25 février 2009.
http://anred.org/article.php3?id_article=2860

Traduit par http://amerikenlutte.free.fr
 
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