Etats-Unis terroristes. L’histoire de la CIA.
08-05-2009
Parmi les énormes tâches qu’a hérité le nouveau président des Etats-Unis figure la réforme des servives d’intelligence. Le livre « Legs de cendres. L’histoire de la CIA », du journaliste Tim Weiner, recompensé par le Prix Pulitzer, apporte une histoire exhaustive de l’Agence Central d’Intelligence étasunienne, appuyée sur de nombreux documents officiels.
(...) Le livre de Weiner se base  sur la lecture de 50 000 documents –beaucoup récemment déclassifiés, d’autres encore secrets–, sur 2000 narrations orales y 300 entretiens (...).

« Ceci est une histoire officielle –dit-il–, elle ne se base pas sur des sources anonymes ni sur des rumeurs », mais sur des documents et des références qui peuvent se constater dans plus de 300 pages à la fin du livre. (...)

En ce qui concerne le service clandestin de l’agence, un document secret du Conseil de Sécurité National, déclassifié en 2003, a révélé que ses proncipaux objectifs étaient de « payer des pots-de-vin, d’ouvrir des fronts anti-communistes, de subventionner des guerrillas, des exercices clandestins, des sabotages, des assassinats ». On trouve là le coup d’Etat contre Salvador Allende au Chili, le soutien aux escadrons de la mort au Salvador et tous les complots en Amérique Latine, Asie et Afrique, qui ont signifié la mort de millions de personnes.

Grâce à ces documents, on apprend que Eisenhower, un des présidents les plus révérés de l’Union, a ordonné personnellement l’assassinat de Patrice Lumumba au Congo et a soutenu sans pudeur le sanguinaire régime de Mobutu Sese Seko. D’autres « succès » durant sa gestion ont été le coup d’Etat qui a renversé le gouvernement démocratique iranien de Mohammed Mossadegh, en 1953, et celui de 1954 contre Jacobo Arbenz et sa réforme agraire au Guatemala, qui a engendré une guerre civile de 40 ans avec plus de 200 000 morts.

Un autre président qui perd son aura angélique et hollywoodienne est John F. Kennedy, qui en 1963 a donné son accord aux généraux insurgés qui ont assassiné Ngo Dinh Diem, alors le premier président du Vietnam du Sud. Il a aussi tenté des dizaines de fois de tuer Fidel Castro, en appelant y compris à la mafia ou à l’empoisonnement, et est le mentor de l’embargo à Cuba depuis 1962. Il a aussi anticipé à Richard Nixon et à son Watergate, en mettant la CIA à espionner des étasuniens (ce qui est interdit) dans les protestations contre la guerre du Vietnam.

John et son frère Robert (procureur général de l’Union) vivaient obsessionés par le secrétisme et les actions couvertes (163 en seulement trois ans). Un des plus grands fiascos a été la délirante aventure de la Baie des Cochons, en 1961, quand 1 200 cubains et étasuniens entrainés par la CIA ont été liquidés en trois jours, sans survivants.

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La CIA est morte « fonctionnellement » en 2001 quand elle n’a pas su ou pu empêcher que des agents de Al Qaeda écrasent des avions civiles à New York et au Pentagone. Un fil invisible de suspection lié au 11-S avec Pearl Harbour (qui en 1941 « ajustifié » l’entrée en guerre des Etats-Unis). Weiner soutient que dans les deux cas avait été accumulé suffisament d’informations comme pour disposer d’une alerte mais il ne va pas au-delà et évite ainsi le toujours imprévisible débat sur ces évènements.

Quelque chose de similaire avec le rapport de la CIA qui a affirmé qu’il y avait des armes de destruction massive en Irak et a donné la base morale à l’invasion en mars 2003. Weiner dit ne pas douter, personnellement, du fait que si ce rapport avait été négatif, l’invasion ne se serait pas produite. Mais dans la documentation citée il y a des sources qui affirment que George W. Bush et son groupe néo-conservateur ont fait pression sur George Tenet, alors directeur de la CIA, pour que ce rapport soit affirmatif et ouvre le chemin à l’invasion.
 
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Adolfo Coronato, Le Monde Diplomatique edition Cono Sur, mai 2009.

Traduit par http://amerikenlutte.free.fr