Argentine: le conflit à Kraft s'intensifie
08-10-2009
Bien que pour la première fois les deux parties aient accepté de négocier face à face, aucun accord n'a été signé. le secrétaire général de la CGT, Hugo Moyano a reçu la commission interne et a annoncé des mesures de soutien aux travailleurs. Le Ministère a intimé l'entreprise de permettre l'entrée des délégués ou les fera accompagner par la force publique.
 
 
 
L'entreprise avait proposé la réincorporation de vingt autres travailleurs et s'est engagé à ne pas faire appel si la Justice avalise les syndicalistes.
(...) Ramon Bogado, de la commission interne, a valoré le geste de la CGT tout en insistant sur la récupération des postes de "tous les licenciés et suspendus". Il se rapportait à un membre de la commission interne qui a une résolution judiciaire à son encontre et au corps de délégués du tour de nuit, qui constitue 90 pour cent des licenciés. C'était la fin d'une journée dans laquelle l'entreprise a dit qu'elle réincorporerait 20 autres employés, les délégués l'ont refusé et se sont mobilisés avec des organisations politiques, sociales, étudiantes et de défense des droits de l'Homme Place de Mai *. Aujourd'hui à 9 heures ils décideront en assemblée "les pas à suivre", tandis que la Police de la province de Buenos Aires devra se diviser  entre "garder" la fabrique et escorter les représentants syndicaux pour qu'ils  puissent exercer leurs fonctions syndicales dans la fabrique. (...)
 
Tandis que les manifestants qui soutiennent les licenciés de Kraft jetaient de la  peinture contre le siège de l'Union Industrielle Argentine, dans l'Avenue de Mai, et que les délégués faisaient des déclarations en face du siège du syndicat des camionneurs, le ministère du Travail résolvait "répondre positivement à la sollicitation du Syndicat des Travailleurs de l'Industrie de l'Alimentation" ainsi que de "garantir l'entrée des délégués syndicaux suspendus dans l'établissement de Kraft Foods Argentine pour exercer leurs fonctions syndicales, dans les limites et les effets de l'article 30 du décret 467 réglementaire de la loi 23.551 (de l'Association Syndicale)". Pour cela il a sollicité au gouvernement de la province de Buenos Aires de faire "exécution de cette décision avec l'aide de la force publique si nécessaire". Les collaborateurs du ministre ont expliqué que "c'est une décision administrative, au-delà de l'instance judiciaire". (...)
 
L'avocat des travailleurs, Mariano Pedrero, a affirmé que "l'entreprise veut éliminer 750 postes de travail ce qui est cohérent avec son plan de mettre en application le 'tour américain' de 12 heures c'est-à-dire faire disparaître le tour de nuit, c'est pour que l'énorme majorité des travailleurs et des délégués licenciés font partis de ce tour". "Aujourd'hui 90 pour cent des délégués du secteur de nuit sont dehors et Kraft dit 'par hasard' que le seul membre de la commission interne empêché de rentrer par un ordre judiciaire est Javier Hermosilla, du tour de nuit, ce qui est faux, aucun ordre ne l'empêche d'entrer pour exercer ses tâches syndicales, ce serait un acte inconstitutionnel. Pour cela le ministère devra garantir aujourd'hui qu'il entre avec le reste des délégués", a-t-il ajouté. (...)
 
Les 20 réincorporations cédées par Kraft se joignent aux 30 de la semaine dernière, bien que cette fois n'y a pas eu de listing de noms et plus de précisions sur le critère de sélection. 72 ouvriers sont toujours licenciés et suspendus. (...)
 
Le conflit qui a gagné des soutiens et augmenté la préoccupation institutionnelle, même de l'Ambassade des États-Unis, a éclaté avec le licenciement de 162 travailleurs et travailleuses le 18 août pour avoir fait une "grève" illégal" pour des mesures contre la grippe A, en juillet.
 
 
 
* ACTES ET COUPURES EN SOLIDARITE
 
 
 
Les protestations en soutien aux licenciés et suspendus dans le conflit de Kraft Foods  ont continué hier dans différents points : elles ont commencé le matin, à l'Obélisque, d'où est partie une colonne vers le ministère du Travail. Dans plusieurs facultés de l'Université de Buenos Aires des occupations symboliques et des manifestations de  rue ont été réalisées. Dans l'après-midi, l'entrée de l'autoroute Buenos Aires-La Plata a été coupée durant presque une heure. Il y a eu aussi une marche devant le siège de l'Union Industrielle Argentine. Aujourd'hui il y aura une coupure du Pont Pueyrredon, alors que les médecins de l'hôpital Garrahan feront une grève d'une heure en solidarité.
 
 
Pagina/12, 07 octobre 2009.
http://www.pagina12.com.ar/diario/elpais/1-133069-2009-10-07.html
 
Traduit par http://amerikenlutte.free.fr