Etats Unis. manifestation pour la fermeture de l'Ecole des Amériques
26-11-2009
Des milliers de religieux, de syndicalistes, de maîtres, d'étudiants, de pacifistes, de vétérans de guerre et de solidaires internationaux ont manifestés ce week-end en Géorgie, face aux grilles de Fort Benning, dans la mobilisation annuelle pour exiger la fermeture de l'École des Amériques, où les États-Unis ont formé des militaires latino-américains impliqués dans certaines des pires violations des Droits de l'Homme dans l'hémisphère, y compris le coup d'État au Honduras.
 
 
 
 
 

Environ quatre activistes ont été arrêtés pour avoir pénétré sur la base militaire, tandis qu'une manifestation réalisée dimanche, dans laquelle il a été rappelé les  milliers de victimes des militaires de l'institution étasunienne, a été la culmination de tout un week-end d'activités qui ont inclus des veillés, des forums, un concert de Indigos Girls et des présentations de défenseurs de droits de l'homme de plusieurs pays latino-américains.

L'organisation School of Americas Watch (SOAW), fondée et leadérée par le prêtre Roy Bourgeois, promeut depuis 1990 la fermeture de la originellement appelée École des Amériques (SOA), actuellement rebaptisée comme Institut de Coopération pour la Sûreté Hémisphérique, Whinsec pour ses sigles en anglais, centre de formation pour militaires, civils et policiers latino-américains avec siège à Fort Benning.
 
Les critiques la nomment "École d'assassins". Ils affirment que des militaires qui en sont issus ont participé à des coups d'État, de actes de torture, des disparitions et d'autres violations des Droits de l'Homme dans beaucoup de pays de la région. De fait, ils signalent que des dictateurs comme Hugo Banzer, de Bolivie, et Efrain Rios Montt, du Guatemala, sont sortis de l'école, ainsi que les militaires responsables du massacre de El Mozote et le meurtre de l'archevêque Oscar Arnulfo Romero au Salvador, ainsi que d'autres crimes en Colombie et au Mexique, entre autres.

A cette occasion, SOAW a dédié les actions en commémoration du 20° anniversaire du meurtre des six pères jésuites au Salvador, commis en partie par des  personnes sorties de cette école. Mais la focalisation a aussi été mise sur les bases militaires colombiennes en ce qu'elles seront utilisées par les États-Unis, et sur le Honduras, où on a siganlé que les leaders du coup militaire, le général Romero Vasquez, chef d'Etat major, et le général Luis Prince Suazo, chef de la force aérienne, sont sortis de cette école. Pour cela, l'une des invitées à la mobilisation de ce week-end est Bertha Oliva, fondatrice du Comité de Familles de Détenus Disparus au Honduras.
 
"Le coup d'Etat au Honduras et les bases militaires en Colombie (où les militaires étasuniens utiliseront sept bases dans ce pays) ont remis à l'ordre du jour l'existence  de cette école" et son rôle dans la politique étasunienne envers l'Amérique latine, a commenté Lisa Sullivan, l'une des coordonnatrices de SOAW, dans une interview téléphonique avec ce journal depuis la Géorgie. "La militarisation de la politique étasunienne en Amérique latine a prit plus d'importance avec les cas du Honduras et de la Colombie."
 
C'est pour cela qu'a été si importante dans la mobilisation la participation de figures comme Oliva, de colombiens et de vénézuéliens qui ensemble ont averti  des effets nocifs de l'accord sur les bases en Colombie pour leurs peuples, a affirmé Sullivan.

L'école, qui a changé de nom en partie en raison des campagnes intenses à son encontre, insiste sur le fait que sa fonction est la professionnalisation de militaires latino-américains pour la consolidation de la démocratie et du plein respect pour les droits de l'homme.

Selon le colonel Félix Santiago, commandant de Whinsec, "la diversité de notre corps d'étudiants - près de mille par an - appuie nos efforts d'aller dans la direction correcte pour faire face aux défis futurs et pour consolider la démocratie dans cette région. Notre engagement total avec les droits de l'homme est  en lien avec le programme de Whinsec". Dans sa présentation sur le site internet de l'institut, il affirme que "notre devise, 'Liberté, Paix et Fraternité', nous ammène à ce qu'ensemble nous marquons la différence dans la région".

Plus de 61 mille militaires et membres d'autres forces de sécurité latino-américaine ont été formés dans l'école depuis sa fondation, il y a 63 ans. Le premier siège a été au Panama, et l'école a été déplacée à Fort Benning au milieu des année 80.

Mais SOAW dénonce que "des centaines de milliers de latino-américains ont été torturés, violés, assassinés, disparus, massacrés et obligés à fuir par des soldats et des officiers entraînés dans cette école. Les diplômés de la SOA persécutent les éducateurs, les organisateurs de syndicats, les travailleurs religieux, les leaders étudiants, les pauvres et les paysans qui luttent pour les droits des sinistrés".

Pour cela, SOAW et son croissant réseau de soutien ne cessent pas leur campagne d'action directe non violente, et éducation pour fermer l'école, comme partie de son objectif d'impulser un changement de fond dans la politique extérieure de Washington.

SOAW a obtenu - à travers d'un croissant réseau de soutien dans le pays et l'hémisphère - que de plus en plus de législateurs étasuniens promeuvent des initiatives pour fermer l'école ou pour au moins l'obliger à rendre plus de comptes. Et ils ont triomphé dans leurs efforts de convaincre l'Uruguay, l'Argentine et la Bolivie de cesser d'envoyer des militaires étudier là.

* De La Jornada de Mexico. Spécial pour Página/12, 24 novembre 2009.
http://www.pagina12.com.ar/diario/elmundo/4-135814-2009-11-24.html

Traduit par http://amerikenlutte.free.fr