Bolivie. Morales serait réélu dimanche prochain
02-12-2009
Evo Morales serait réélu par plus de 50 pour cent des voix. Dimanche seront aussi élus 166 députés et sénateurs. Le parti de Morales dominerait les deux tiers du Congrès.
 
 
Le président Evo Morales sera réélu par plus de 50 pour cent des voix, selon tous les pronostics. Lui même a assuré qu'il se sent déjà gagnant, en coïncidence avec plusieurs consultations privées. Seulement les candidats de l'opposition  soutiennent encore qu'ils iront au deuxième tour contre Morales et affirment qu'ils se méfient des enquêtes. Le dirigeant du Mouvement Au Socialisme (MAS) a commencé à cloturer la campagne dans des dizaines de villages où il se rend pour saluer et demander des voix. En plus du président, dimanche prochain seront élus 166 députés et sénateurs. Très probablement, le MAS dominera plus des deux tiers du Congrès. Ainsi Morales pourra approuver des lois et jusqu'à modifier la Constitution à sa volonté.

Pour l'opposition, le Congrès aux mains du MAS est un grand danger, puisque Morales se convertirait en dictateur (comme ils l'accusent depuis des années). Pour cette raison, ils ont recommandé à la population d'opter pour le vote croisé : pour Morales comme président s'il n'y a pas d'autre choix, et pour législateur un opposant. L'aymara a qualifié de "traître" qui votera croisé, parce que la "révolution démocratique" du MAS a seulement un sens avec le Congrès de son côté. Selon Morales, le principal obstacle qu'il a eu dans son premier mandat a été le Sénat, contrôlé par l'opposition.

"Après avoir vu d'énormes rassemblement dans tout le pays, je sens que nous sommes déjà à nouveau élus pour cinq ans - a dit Morales-. Le grand désir qu'ont les mouvements sociaux et les personnalités comme les artistes, les intellectuels, les professionnels, y compris les sportifs, est d'avoir au moins deux tiers dans la nouvelle Assemblée Législative Plurinationale", comme s'appelera le Congrès.

La campagne du MAS a été dirigée surtout vers les classes moyennes et hautes, où Morales rencontre le plus de résistance. Au contraire de 2005, quand il faisait plus de prosélytisme artisanal et de très faible budget, en 2009, abondent les affiches géantes, les grands meetings partisans, les espaces achetés dans des médias et autre merchandising de la "révolution démocratique culturelle" mentionnée à maintes reprises par le président. Le MAS informera le montant des frais de campagne après les élections. L'image de Morales comme président "pour tous" et non seulement pour les paysans et les indigènes a eu un succès dans les villes. Il y a quelques jours, dans un meeting, il a répété qu'il respectera la propriété privée, comme il l'a fait durant son premier mandat. "Maintenant le message a changé. Que disent quelques jeunes, la classe moyenne et haute? 'Le visage du président ne me plaît pas mais sa politique me plaît, c'est pour cela que je le soutiens'. Que disent quelques entrepreneurs, certains de la classe moyenne ? 'Il sera indien mais il nous fait respecter. Cet Indien nous donne une dignité', et ils nous rejoignent. Je suis surpris des messages et quand je vois des autos de luxe qui participent aux caravanes, je me dis : qu'est-ce qui passe ? Je me trompe peut-être?" Mais  Morales croit qu'il va sur le bon chemin, sans trahir ses bases.

Dans une interview à la chaîne Telesur, Morales a indiqué que la détérioration de la planète causée par le système capitaliste l'a favorisé dans la campagne. "Nous sommes victimes de sécheresses, nous sommes victimes de gelées, mais spécialement nous sommes victimes de dégel. Heureusement le peuple se rend compte que cela n'est pas par la faute d'Evo Morales, mais que cela vient de beaucoup plus haut. J'ai été surpris que les Jeunesses du MAS proposent d'en finir plus avec le capitalisme."

En avril de cette année, le gouvernement a défait la bande du cruceño Eduardo Rózsa, qui avait recruté plusieurs étrangers pour armer des armées populaires locales qui diviseraient la Bolivie en orient (avec Santa Cruz à sa tête) et occident. Les investigations ont impliqué plusieurs entrepreneurs et politiques, y compris le préfet de Santa Cruz, Ruben Costas.

Le MAS a profité de la débandade de l'opposition et a coopté à divers d'entre eux. Les plus notables sont les ex-membres de l'Union Juvénile Cruceñista (UJC), qui s'occupaient autrefois de frapper des indigènes et des paysans avec beaucoup de plaisir. D'autres perles récemment acquises par le MAS sont les hooligans des clubs Orient Pétrolier et Blooming, dont les membres en sont même arrivés à être accusés d'homicide.

Selon le président, "la droite est décapitée". Après la tentative de coup d'Etat civico-préfectoral, en septembre 2008, l'opposition a perdu la direction et la capacité de convocation. L'expulsion de l'ambassadeur des États-Unis, Philip Goldberg, et des agences Usaid et DEA, aussi des Etats-Unis,a servi à laisser les opposants orphelins, a considéré Morales.
 
Sebastián Ochoa, Pagina/12, 02 décembre 2009.
http://www.pagina12.com.ar/diario/elmundo/4-136289-2009-12-02.html
 
Traduit par http://amerikenlutte.free.fr