Argentine : IMPA, la première usine récupérée, délogée
24-04-2008
IMPA (Industries Plastique et Métallurgique Argentine), la première usine récupérée, a été délogée sur l'ordre d'un juge en matière commerciale. L'entreprise avait déjà victime d'une tentative de délogement la semaine dernière, freinée par les travailleurs. La police a effectué un nouvel opératif mardi soir, lorsqu'il n'y avait que quatre personnes dans l'usine, qui furent facilement expulsées de l'immeuble. Les membres de la coopérative campent dans la rue, devant l'entrée de l'usine.
 

Le délogement a été impulsé par la réclamation d'une dette contractée par les anciens propriétaires de l'usine métallurgique. L'entreprise a été récupérée en 1998, à ce moment-là, la coopérative a pris en charge cinq millions de pesos de crédits pris par la gestion précédente. Ils ont payé une partie de ce montant mais il reste encore près d'un million et demi de pesos impayés. C'est à cause de cette dette que deux des créanciers ont demandé la faillite et la vente publique des biens. Les travailleurs affirment qu'ils étaient arrivés à un accord économique avec les demandeurs, mais le juge a malgré tout ordonné l'opératif qui les a expulsés. Il y aura une audience devant les tribunaux où ils réclameront qu'on les laisse retourner à l'usine.

Pablo Piñeyro est l'un des membres de l'usine récupérée qui campent devant l'entrée. « Nous sommes 90 personnes qui travaillons à IMPA. Vendredi, nous sommes arrivés à un accord avec deux des créanciers, nous leur avons même effectué un premier paiement de 19.500 pesos, mais le juge a donné des arguments administratifs pour le délogement, comme par exemple le fait d'avoir donné l'argent directement aux entreprises au lieu d'avoir effectué un dépôt judiciaire ». Piñeyro parle alors d'une motivation politique comme motif de la clôture.

IMPA a été un symbole des entreprises rouvertes par les travailleurs, ayant été pionnière dans le domaine. À la meilleure époque de sa gestion une fois récupérée, elle a ouvert un centre culturel qui offrait des pièces de théâtre et des ateliers de tout ce que l'on pouvait apprendre : photographie, acrobatie, bande dessinée, musique, histoire, entre autres. Elle a également été la première à monter un baccalauréat populaire pour adultes qui fonctionne toujours aujourd'hui dans un de siège de l'Université de Buenos Aires. Dans les dernières années, cependant, la coopérative a souffert de fortes divisions internes qui l'ont conduite à une situation de crise, au point que la fabrique a même été fermée transitoirement. Elle a changé plusieurs fois de conduction, la dernière en août de l'année dernière, lorsque le groupe de travailleurs qui contrôlaient initialement l'usine, mais qui avaient été déplacés, l'a à nouveau occupée. Eduardo Murúa est le représentant de ce secteur qui a aujourd'hui la majorité dans la coopérative.

L'usine a traversé les derniers cents ans d'histoire argentine. Elle a été fondée en 1910 par des entrepreneurs allemands ; Juan Domingo Perón l'a nationalisée en 1945 et Arturo Frondizi l'a transformée en coopérative en 1961. En 1998, après avoir été vidée pendant plusieurs années, elle a été fermée ; cette même année, cinquante de ses travailleurs ont commencé l'autogestion.

L'usine métallurgique se trouve dans le quartier d'Almagro, au coin des rues Querandíes et Pringles, où elle occupe presque un patté de maisons. C'est un immeuble énorme, de quatre étages et 22 mille mètres carrés. C'est ce qui l'a rendue la cible d'offensives immobilières ; il y a eu l'année dernière une proposition pour la mettre en vente, mais les investisseurs se sont heurtés au refus d'une partie des coopérativistes, dont ceux qui y travaillent depuis plus de 25 ans et qui ont vu l'usine mourir et renaître plusieurs fois.

L'opératif de délogement a été ordonné par le juge Victor Hugo Vitale, du tribunal en matière commerciale Nº4. Les créanciers qui ont présenté la demande de faillite sont une coopérative de crédits et une entreprise de peinture, ancienne fournisseuse de l'usine métallurgique. La fabrique travaillait actuellement à 40 pour cent de sa capacité, en produisant des tubes d'aluminium et des plateaux jetables. Selon Piñeyro, leurs problèmes économiques « sont de type financier, car nous avons beaucoup de demande de production ». La coopérative payait des salaires entre 1200 et 1500 pesos à ses quatre-vingt-dix associés.

Laura Vales, Página/12, jeudi 17 avril 2008.

http://www.pagina12.com.ar/diario/elpais/1-102570-2008-04-17.html

 

LES TRAVAILLEURS DE IMPA ONT ETE REPRIMES

Vers 11 heures la police a commencé à réprimer les 200 personnes qui se trouvaient à l'entrée de l'usine récupérée IMPA. Près de 200 personnes accompagnaient les travailleurs pour analyser les mesures à prendre car la Justice a décidé mardi la clôture de l'usine. Le personnel du Commissariat 11, avec les effectifs de la Garde d'Infanterie ont tiré des balles en caoutchouc, des jets d'encre, propres aux chasses policières et il même un char à eau.

Après la persécution de la police, vers 13 heures, les travailleurs étaient encore dispersés dans les rues du quartier d'Almagro car la police interceptait ceux qui essayaient de retourner ver l'usine métallurgique. Seulement vers 14 heures plusieurs personnes ont pu se rassembler au coin des rues Pringles et Querandies en état d'assemblée permanente.

Il y a eu 20 blessés, deux d'entre eux ont été emmenés à un hôpital (on ne sait pas lequel) et 11 détenus, dont deux compagnes de IMPA mais on ne connaît pas l'identité du reste, même si les travailleurs croient qu'il s'agirait de membres d'autres organisations et se trouveraient au Commissariat 11.

Les travailleurs se sont réunis avec le juge Victor Hugo Vittali, et attendent qu'arrive l'avocat de droits de l'homme pour pouvoir commencer à les chercher.

Les travailleurs ont informé qu'ils continueront au coin des rues de l'usine avec d'autres entreprises récupérées et organisations sociales.

Les travailleurs de IMPA et l'Association Nationale de Travailleurs Autogestionnés (ANTA-CTA) ont convoqué à une concentration vendredi 18 avril à 15 heures face à l'entreprise récupérée IMPA pour soutenir les travailleurs dans leur lutte pour la récupération de leur source de travail.

ANRed, Jeudi 17 avril 2008.

 http://www.anred.org/article.php3?id_article=2546

 

Traduit par Eli.

http://amerikenlutte.free.fr