Chili: prison à perpétuité pour l'ex-chef de la DINA de Pinochet |
01-07-2008 | |
Manuel Contreras, l'ex-chef de la DINA de Pinochet, a été condamné avec sept autres agents, pour le meurtre du général Carlos Prats et de son épouse qui s'étaient réfugiés à Buenos Aires. La Justice chilienne a condamné hier à la double prison à perpétuité le général à la retraite Manuel, ex-chef de la Direction d'Intelligence Nationale (DINA), la police sécrète de la dictature, pour le meurtre de l'ex-commandant en chef de l'Armée chilienne Carlos Prats et son épouse, Sofia Cuthbert, commis à Buenos Aires en 1974. Sept autres agents de la DINA ont été condamnés à des peines allant jusqu'à 20 ans de prison. Le jugement inclut l'auteure matérielle du meurtre. Maria Ines Callejas, qui a fait explosé la bombe à distance, a été condamnée à deux peines de 10 ans de prison et à 541 jours additionnels pour association illicite. Le jour des homicides, Callejas était dans une autre voiture à proximité du domicile de Prats, accompagné par son mari, l'étasunien Michael Townley, aussi agent de la DINA, qui a installé la bombe dans l'auto du général. Le meurtre de Prats et de son épouse a été la première opération internationale de la DINA, qui a aussi commis des attentats à Rome et à Washington contre des opposants au régime militaire. L'opération a commencé le vendredi 28 septembre 1974, quand l'étasunien Michael Townley, est rentré dans le garage du général Prats et a placé une bombe sous la boite de vitesse du véhicule qu'utilisait le militaire. Le 30 de ce mois, quand Prats et son épouse rentraient chez eux, Townley a fait sauté l'explosif. Selon le rapport policier de l'époque, "les restes de l'automobile se sont répandues dans un rayon de 50 mètres" et "on y voyait des restes calcinés de chair humaine". Townley a participé ensuite à l'attentat à l'explosif à Washington contre l'ex-ambassadeur Orlando Letelier, a été capturé et est aujourd'hui sous le système de protection de témoins. Durant la dictature, plus de 3000 personnes ont été assassinées ou disparues par les services d'intelligence, organisés par le dictateur décédé, le général Augusto Pinochet. 50.000 autres ont été torturés, y compris des enfants, selon des rapports officiels. Actuellement, plus de 600 ex-répresseurs sont condamnés ou inculpés dans des centaines de cas. A lui seul, le général Contreras comptabilise plus de cent condamnations, pas toutes ratifiées. Les sentences contre les responsables du meurtre du couple Prats, dictés 34 ans après le double meurtre, sont les plus drastiques quela justice ait prises pour des cas de violations des droits de l'homme commises sous la dictature (1973-1990). Seul un général avait reçu jusqu'alos une condamnation à perpétuité. Les avocats des militaires feront appel dans les prochains jours. "Dans toutes ces années nous avons eu tant de difficultés que vraiment il semblait que cette minute n'allait pas arriver", a affirmé, émue, Angelica Prats, l'une des filles du couple, après le jugement. "Cette condamnation fait justice pour tout ce qu'ont vécu nos parents", a-t-elle ajouté. "Le pays connaît maintenant la vérité (...), tout comme l'armée, ce sont sept militaires qui, en activité, ont participé au meurtre du commandant en chef", a soutenu Cecilia Prats. Loyal à l'ex-président Salvador Allende, dont il a été un des ministres de l'Intérieur et le vice-président, le général Prats s'est exilé en septembre 1973, après le coup d'Etat militaire, s'établissant en Argentine, où il s'est attelé à écrire ses mémoires. Prats était un militaire constitutionaliste, avec un fort penchant pour le droit, et Pinochet, qui le considérait comme un danger pour son régime, l'a maintenu sous vigilance permanente, ce qui a facilité l'attentat de la DINA.
http://www.pagina12.com.ar/diario/elmundo/4-107003-2008-07-01.html Traduit par http://amerikenlutte.free.fr |