Mémoires piqueteras
21-05-2003

Au cœur de la terre, un feu maintient la chaleur dont nous avons besoin pour que la vie continue. Au centre de l'histoire, brûle la mémoire des luttes historiques du peuple. Quelques noms s'oublient ou  restent comme des cendres. D'autres éclairent de courts moments et ensuite s'éteignent. Ce sont ceux qui sont devenus symboles de cette étape de résistance, qui est argentine, mais aussi latino-américaine et mondiale. Quand on fera le recensement des révoltes des exclues et exclus de ce temps, il faudra faire l'histoire du Santiagazo (1), du Jujenazo, des résistances de Corrientes, de Cutral-Co, de General Mosconi (2). Des soulèvements populaires qui réfutèrent les discours de fin de l'histoire, ouvrant des chemins, coupant des routes, incendiant les symboles du pouvoir, récupérant dans leurs pratiques l'autonomie et la démocratie de base, générant des espaces comblant l'absence d'organisation populaire résultant de la dictature militaire, pour que les oublié-e-s disent leurs paroles et fassent de leurs vies un projet valable.

Les argentines et argentins, nous sommes en train de tracer de nouveaux chemins pour continuer les batailles émancipatrices, pour nous faire sujets de création et de reconstruction de nous-même, comme personnes, comme organisations, et comme peuple. Le génocide brutal réalisé par la dictature militaire (1976-1983) a enseveli des rêves, des espérances, des croyances, des idées, des notions du monde. Il n'est pas possible d'expliquer les atteintes de l'initiative des classes dominantes, sans prendre en compte l'extermination d'une génération complète de militants qui questionnèrent le pouvoir et tentèrent de créer une possibilité de libération et d'autonomie dans notre histoire. La réponse du pouvoir fut l'anéantissement des femmes et hommes dignes, des jeunes qui le défièrent non seulement dans sa possibilité d'accumulation de richesses mais aussi et surtout par la perte de respect de ses valeurs, de ses ordres et de sa façon de discipliner le monde. Il s'est écoulé un temps avant que la génération qui naquit des entrailles de ces jeunes exterminé-e-s, se lève pour nier autant le terrorisme d'Etat qui assassina et fit disparaître leurs pères et mères, que les démocraties renaissantes qui complétèrent cette extermination avec des politiques d'impunité. L'« escrache » fut la forme de lutte qu'assumèrent les jeunes dans la bataille pour la mémoire, la justice, contre l'oubli et le silence, pour leur propre identité. L'« escrache » (3) est la forme argentine de condamnation sociale des responsables directs et des auteurs intellectuels des crimes de terrorisme d'Etat, des militaires, des politiques, des religieux, complices de l'histoire d'impunité qui a modelé la conscience collective de l'Argentine postmoderne.

Nous sommes toutes et tous des survivants du massacre. Nos 30 000 disparu-e-s ont survécu à leur mort et sont présents dans chacun de nos actes, bien que parfois ils ne le sachent pas, bien que parfois nous l'oublions.

Les politiques impérialistes dans les dernières décennies ont prit différentes formes, visant toujours à établir l'hégémonie de la bourgeoisie nord-américaine, de ses entreprises transnationales et de son Etat, dans le monde entier. Pour cela, ils ont avancé à feu et à sang dans l'anéantissement de ceux qui résistaient à leurs projets de dévastation économique, sociale, politique et culturelle de nos pays. Dans les années 70, sous la Doctrine de Sécurité Nationale, l'expansion capitaliste a produit un véritable génocide et a laissé des blessures qui ne sont toujours pas cicatrisées. Mais aussi profondes que ces dernières sont celles causées par les politiques néo-libérales du capitalisme mondial dans les années 80, à l'intérieur des démocraties renaissantes. Ce fut dans ces années que l'exclusion a promu la disparition sociale des personnes et des peuples, à partir de la marginalisation de couches entières de nos sociétés. Cela s'est produit avec l'impunité de l'étape post-dictatoriale, qui amnistia les crimes de lèse humanité. Des régions entières du pays, des provinces, des villages furent déclarées non rentables pour un projet qui concentra et centralisa des capitaux au prix de la négation de la vie digne de millions de personnes. Il se forma, à l'abri de l'impunité des puissants, une sous humanité, condamnée avant de naître, à la dénutrition, à la faim, à l'économie de stricte subsistance, et même à la mort.

Le travail est devenu de plus en plus un objet de luxe. Le capitalisme accentue l'aliénation jusqu'à des limites inconnues. Dans le capitalisme du 21ème siècle, une grande quantité de femmes et d'hommes n'ont même pas la possibilité de travailler. Dans les conditions de chômage massif, qui affectent des régions entières du pays, la vente de la force de travail se réalise dans des conditions de super-exploitation. La loi du profit maximum qui régit la conduite du capitalisme, favorise la production d'objets jetables, ce qui permet une fois encore de stimuler le consumérisme et de réinicier le cycle productif. Cette même loi a également rendu jetables les êtres humains. Le chômage a eu un pic historique durant le gouvernement de Carlos Menem, avec 18,6 % de chômeurs en 1995, en chiffres officiels et 20 à 24 % selon les chiffres syndicaux. En avril 1999, un rapport de la Banque Mondiale signalait l'existence de 13,4 millions de pauvres et de 3,2 millions d'indigents dans une population de 36 millions d'habitants. Le gouvernement de De La Rua (1999-2001) a accentué cette tendance, à laquelle s'est agrégée une augmentation de la répression, avec des morts dans les différents conflits. La révolte des 19 et 20 décembre 2001 fut l'explosion de la colère accumulée dans nos sociétés, ce fut l'explosion de la dignité, ce fut la multiplication des résistances populaires et ce fut aussi le résultat de l'accumulation préalable réalisée dans les soulèvements populaires des régions abandonnées (4).

Les politiques néo-libérales accumulent de super-profits pour quelques uns et du mécontentement pour une majorité. La « médecine » appliquée face à la révolte des opprimé-e-s est l'accroissement de la répression et de la militarisation du pays. Les rapports des services secrets désignent comme « subversives » les personnes désespérées qui exigent leurs droits minimums. Pour cela, ils préparèrent et perfectionnèrent des corps de répression, comme les Forces de Déploiement Rapide dans lesquelles fut convertie la Gendarmerie Nationale.

Ce n'est pas par hasard non plus que les forces armées des pays latino-américains emmenées par les militaires étasuniens développent des exercices connus comme le Plan Cabanas, qui comporte des pratiques « antisubversives » et « antinarcotiques », et que celui ci se soit réalisé précisément dans la province de Salta, où se sont produits quelques uns des conflits les plus violents du pays (5). Selon des documents du gouvernement argentin, l'objectif de cet entraînement serait de créer un « commando militaire unifié » pour combattre le « terrorisme » en Colombie. Le nord-ouest argentin s'est militarisé et il y a des endroits dans lesquels il est difficile de circuler à cause des contrôles militaires permanents sur les routes et dans les localités, qui créent un climat de persécution similaire à celui du temps de la dictature. C'est dans ce contexte que quatre dirigeants piqueteros (travailleurs sans emploi qui font des barrages de routes) de General Mosconi ont été arrêtés.

Mais malgré les menaces et la répression, il existe en Argentine une culture accumulée de résistance qui conduit à construire de nouvelles formes de lutte et à proposer des alternatives. Le temps du découragement généralisé et de la résignation est maintenant terminé. Des mots comme dignité, travail, vie sont redevenu hautement subversifs et sont adoptés par des peuples entiers qui se rebellent devant leur propre négation, en niant les dominateurs.

La résistance populaire donne des sens différents et de nouvelles significations à ces mots ou en crée de nouveaux pour identifier les nouveaux processus sociaux. Piquetero est le nom donné et assumé qui désigne ceux qui ont décidé de ne pas accepter le chômage. Ainsi comme le capitalisme a tenté de convertir les chômeurs en nouveaux « disparus sociaux », c'est le peuple qui fait « apparaître » les femmes et les hommes comme sujets historiques, les mêmes mais différents, les « apparus », les piqueteros. Et c'est aussi cette praxis dans laquelle les noms des premiers travailleurs tombés dans cette étape, comme Anibal Veron de Salta ou Teresa Rodriguez de Cutral-Co, sont portés aujourd'hui par des milliers de femmes et d'hommes qui ont ainsi dénommé leurs organisations de masses.

Les mouvements piqueteros en Argentine (6), réunissent et mobilisent une grande partie de la population. Il existe parmi eux une grande diversité de critères, de formes de lutte, de concepts politiques et idéologiques. Les « cortes de ruta » (coupures de routes) sont les formes les plus connues de la lutte piquetera. Cela n'est cependant qu'une des faces de ces mouvements, celle qui se présente dans les cas d'extrème nécessité.

Des organisations de travailleurs sans emploi comme la UTD (Union de travailleurs sans emploi) de General Mosconi, ont su lier, créativement, ces manières de résistance, en générant une grande quantité de projets productifs qui donnent vie au peuple, comme la construction de grands jardins collectifs, de cantines populaires, de salles de premiers secours, de places, etc.

L'administration des « Planes Trabajar » (7) a été pour les mouvements piqueteros un facteur complexe, dans la mesure où cela les rend vulnérable aux maniements qu'en fait le pouvoir (8) ; et les convertis dans le même temps en médiateurs des demandes des exclus (9). Dans ce contexte l'expérience de la UTD apporte des critères intéressants où la faiblesse, travaillée collectivement, se transforme en force, vu qu'ils ont su combiner la lutte pour les Plans Trabajar, avec une forme d'organisation collective de la production dans laquelle s'appliquent ces plans, dans laquelle se forge une nouvelle conscience sociale, et les bases authentiques d'un pouvoir populaire. Dans le même temps, ils ont continué le combat avec les entreprises de pétrole pour de véritables postes de travail.

Dans les moments dans lesquels le conflit social a redoublé, et spécialement pendant les crises de gouvernabilité, les piqueteros furent diabolisés. Répétant la « théorie des deux démons », assénée par Raùl Alfonsin (premier président élu après la dictature) qui comparait le terrorisme de l'Etat et ses crimes avec les actions révolutionnaires des mouvements insurgés de l'Argentine, le pouvoir actuel porte un discours sur les « piqueteros violents », avec lequel on désigne précisément ceux qui résistent aux tentatives de cooptation des forces du système (10). Ces positions ont apporté de l'eau au moulin de la répression institutionnelle, favorisant le climat d' « oppression » et de persécution qui se développe dans les zones les plus vulnérables du pays.

Dans des secteurs de la gauche institutionnelle, on a également minimisé le rôle politique et social assumé par les travailleurs sans emploi, organisés dans les mouvements piqueteros. La difficulté de canaliser électoralement ces formes de résistance, et les projets populaires alternatifs générés dans les mouvements -surtout ceux comme la UTD (Union des travailleurs sans emploi) de Mosconi qui ont défendu leur autonomie par rapport aux forces politiques partidaires -, provoque une méfiance dans les secteurs qui considèrent que la politique se résume aux batailles électorales, ou dans les possibilités de capitalisation des luttes en faveur de tel ou tel parti politique.

Les coupures de routes -qui comme les escraches aujourd'hui se sont généralisés vers d'autres secteurs sociaux comme forme de protestation- sont jouées principalement par des franges de la population organisées, combatives et résistantes. Leurs formes de lutte défient le pouvoir et aussi les manières traditionnelles de comprendre la résistance. Il ne s'agit pas de secteurs marginaux, sans conscience, spontanéistes, comme les décrivent certaines analyses fonctionnelles à l'ordre systémique. La majorité des acteurs de ces conflits sont des travailleurs, avec la confuse mais significative conscience de classe acquise au vingtième siècle, à partir de leur participation dans les luttes ouvrières et populaires. Des travailleurs exclus par des politiques de privatisations et d'hyper concentration du capital réalisées par le modèle néolibéral, ainsi que par le déplacement des investissements du terrain productif à celui financier. Quasi tous les mouvements comptent un groupe de dirigeants forgé dans l'expérience des luttes des décennies passées, et par des milliers de jeunes qui se sont ajoutés ces dernières années, dans le contexte de la destruction d'un pays, qui leur enlève toute possibilité de rêver à un futur individuel ou collectif. Face à l'absence d'école qui puisse les former comme professionnels, techniciens, intellectuels, dans un contexte de manque d'alternatives, les adolescents et les jeunes trouvent leurs écoles dans les mouvements piqueteros. Là ils apprennent à lutter, et aussi apprennent des métiers, reçoivent une formation politique, construisent de nouvelles utopies.

L'exclusion, cependant, n'est pas seulement une forme d'organisation de l'économie et de la politique. C'est aussi une forme d'organisation culturelle et sociale. En effet, sauf dans les moments d'essor des conflit, et très associé aux affrontements avec la Gendarmerie et à la mort des piqueteros et des piqueteras, leur expérience n'est pas suffisamment connue par d'autres secteurs populaires. Paradoxalement, ce sont les morts des hommes et des femmes, ce sont les nouvelles disparitions qui les rendent visibles face aux médias de communication de masse. Les morts tentent de ralentir, RETOTRAER la résistance populaire, ravivant le mécanisme de terreur, introduit autant dans notre subjectivité que dans nos corps durant la dictature. On a systématiquement occulté ce que ces organisations ont créé en terme de formation d'alternatives économiques, sociales, productives, culturelles. On a occulté les dénonciations qu'elles ont faite sur la déprédation de la nature, de la terre, des eaux et de la vie humaine réalisées par les multinationales avec la complicité des gouvernements. Récupérer ces expériences est un apport à la nécessaire systématisation des efforts populaires tendant à résister aux politiques de privatisation et de destruction de nos économies et de nos peuples. C'est aussi une tentative de contribution à la possibilité de nous reconnaître, d'apprendre de notre histoire récente, de rencontrer en elles des racines et de possibles fruits.

Il existe un énorme retard dans la pensée critique développée par des fondations, des académies et des partis politiques. Le dogmatisme a laissé des trous aussi difficile à dépasser que les blessures laissées par la répression. L'offensive culturelle du néolibéralisme a eu une grande capacité pour coopter des intellectuels et des militants culturels, et pour INFICIONAR la théorie sociale du pragmatisme, du court terme et de superficialité. Il existe toujours une grande distance entre les intellectuels qui se considèrent de gauche, révolutionnaires et les mouvements populaires. C'est une brèche qui doit être dépassée afin d'avancer dans la création d'intellectuels organiques des mouvements populaires et d'un intellectuel collectif qui apporte à la constitution d'un nouveau bloc historique des opprimé-e-s et des exclu-e-s. Dans cette situation, il y a un ensemble de pratiques sociales et populaires qui attendent, au moins, d'être connues pour pouvoir être interprétées et apporter à la re-élaboration des théories révolutionnaires et des projets de changements véritables.

NOTES

1- En décembre 1993, à Santiago del Estero (province du nord-ouest), les restrictions budgétaires imposées par le ministre Domingo Cavallo (déjà en activité sous la dictature militaire), apôtre du monétarisme, entraînent des manifestations des fonctionnaires locaux, qui tournent à l'émeute pendant plusieurs jours ; les bâtiments administratifs et les demeures des politiciens sont incendiés. A cette époque, une répression cachée essayait de maintenir la domination de tous ceux qui avaient soutenu le régime militaire. Le numéro de décembre 1993 du journal Madres de Plaza de Mayo (« Mères de la place de Mai » ) publiait une liste de « disparus « non de la dictature mais de la « démocratie ». (Echanges et mouvement, « Argentine, de la paupérisation à la révolte », www.mondialisme.org)

2- De mai à juillet 1997, plusieurs provinces sont touchées par l'action des piqueteros, de nouveau à Cutral Co, à Tartagal (dans la province de Salta, à l'extrême nord-ouest, à la frontière bolivienne), à San Salvador de Jujuy (dans la province de Jujuy, proche de la précédente, vers le Chili), à Cruz del Eje (dans la province de Córdoba, près de l'importante ville de Córdoba au nord-ouest de Buenos Aires), des milliers de piqueteros bloquent les routes pendant près de quarante-cinq jours pour de la nourriture et la levée des coupures d'eau et de courant. Partout, les chômeurs s'affrontent avec les forces de répression. En 1998, à Corrientes, dans la province du même nom, au nord du pays, les travailleurs municipaux bloquent, sur le fleuve Parani, les ponts qui assurent la liaison avec la province voisine du Chaco Central ; les piqueteros viennent les appuyer. Fernando de la Rua, successeur de Menem, fait tirer sur les manifestants et le bilan de 10 morts et de nombreux blessés ne calme pas une révolte qui se prolonge plus d'une semaine. De nouveau dans la province de Salta (extrême nord-ouest), Tartagal, déjà le théâtre d'émeutes en 1997, connaît en décembre 1999, puis en mai 2000, des mouvements beaucoup plus importants : cette ville et Mosconi, dans la même province, sont occupées pendant plusieurs jours, forces de l'ordre pratiquement expulsées. De nouveau à Tartagal, en novembre 2000, la mort d'un manifestant lors d'une action pour avoir le paiement d'arriérés de salaires provoque une émeute : des bâtiments officiels sont incendiés et des policiers pris en otage. (Idem)

3- Forme de dénonciation populaire, au départ elle concernait les militaires ayant participés sous la dictature de 1976 à des tortures, enlèvements ou assassinats. Avec la crise économique, elle est de plus en plus pratiquée contre des hommes ou femmes politiques ou des responsables économiques. Une convocation où figurent le nom et l'adresse du militaire ainsi que son activité est placardée sur les murs de son quartier pour informer les habitants de la présence d'un tortionnaire. Une manifestation est ensuite organisée dans le quartier jusqu'au domicile du concerné. (N. d. T.)

4- Le 19 décembre 2001, face aux émeutes et aux pillages qui secouent le pays, le président déclare l'état de siège. Des milliers de personnes descendent alors dans la rue aux cris de « que se vayan todos » (« qu'ils s'en aillent tous »). Le 20, le gouvernement choisit la répression, les combats de rues dureront neuf heures et se solderont par 35 morts. Le président De la Rua finira par démissionner. (N.d.T.)

5- Manœuvres militaires qui se sont déroulées en septembre 2001 à l'extrême nord de l'Argentine, dans la province de Salta, où plusieurs milliers de militaires américains, argentins et d'autres pays d'Amérique latine se sont retrouvés autour de l'élaboration d'une stratégie visant à contrer toute action de déstabilisation d'un des pays concernés (idem note1)

6- On compte en Argentine une quinzaine de mouvements de piqueteros. Au départ, ce furent des mouvements indépendants et autonomes mais les partis politiques de gauche (c'est à dire d'extrême gauche) et le parti communiste argentin finirent par créer les leurs. Certains sont plus « démocratiques » que d'autres, c'est le cas des MTDs (Mouvements de travailleurs sans emploi) regroupés dans la coordination Anibal Veron (N.d.T.).

7- Planes trabajar o jefes y jefas : « contrats » de 2O heures par semaine payés 150 pesos (300 francs) par mois utilisés par les collectivités publiques. Ils furent obtenus grâce à la lutte des piqueteros). Les mouvements de piqueteros ont également obtenus la gestion directe d'une partie de ces plans, les bénéficiaires travaillent donc « au service » des mouvements dans des projets productifs collectifs, ce qui d'ailleurs posent quelques problèmes de « clientélisme », surtout dans les mouvements de chômeurs des partis d'extrême gauche (N.d.T.).

8- Le Parti Justicialiste (péroniste) a développé un clientélisme important, ces hommes de main (les punteros) dans les quartiers sont chargés entre autres « d'acheter » des votes, ils sont le maillage d'un véritable système de favoritisme politique que l'on pourrait qualifier de mafieux (à l'image des syndicats d'Al Capone, le principal syndicat argentin, la CGT, est complètement inféodé au péronisme) (N.d.T.).

9- Nombreux sont ceux, y compris dans les mouvements piqueteros, qui critiquent les Planes Trabajar, les considérant « misérables » (à moins de considérer cela comme une solution d'urgence et de revendiquer parallèlement un changement global). La gestion de ces plans par les mouvements, surtout lorsqu'elle n'est pas démocratique, n'est pas non plus sans poser de problèmes (voir note n°3) (N.d.T.).

10- Le 26 juin 2002 sur le Pont Pueyrredon qui sépare la capitale Buenos Aires de sa banlieue lors d'un piquete, Dario Santillan et Maxi Kosteki, deux membres des MTDs furent délibérément assassinés (N.d.T.).


Claudia Korol, coordinatrice de l'équipe d'éducation populaire de l'Université Populaire des Mères de la Place de Mai. Texte extrait du cahier d'éducation populaire de l'Université Populaire des Mères de la Place de Mai intitulé « Coupant les routes du pétrole, systématisation de l'expérience de lutte de l'Union des Travailleurs sans emploi de General Mosconi »- Mai 2003.

Texte de la brochure «Luttes sociales en Argentine », contenant des traductions d'articles et de textes argentins sur les mouvements piqueteros, les entreprises récupérées et autogérées, les assemblées de quartier, sortie en 2004.

Traduit par Fab,  Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir . http://amerikenlutte.free.fr